24 mars 2024 : Peter Eötvös meurt à 80 ans
C’est une terrible loi des séries qui aura touché trois grands artistes ce mois de mars 2024. À peine a-t-on appris la nouvelle de la mort du pianiste Maurizio Pollini, que celle de Peter Eötvös survient le lendemain, dix jours à peine après le décès d’un autre grand compositeur, Aribert Reimann. Alors qu’il devait fêter ses 80 ans en début d’année à Paris, avec un concert dédié à ses œuvres récentes par l’Ensemble Intercontemporain - formation dont il a été le directeur musical de 1979 à 1991 -, puis en dirigeant l’Orchestre Philharmonique de Radio France, Peter Eötvös avait dû annuler toutes ses apparitions pour se battre contre un cancer dont le pronostic était de plus en plus inéluctable ces derniers mois. Malgré tout, celui qui restera longtemps dans l’histoire et sur les scènes grâce à ses œuvres symphoniques et plus particulièrement ses ouvrages lyriques -dont les chefs-d’œuvre Trois sœurs écrits pour Lyon et Le Balcon pour Aix-en-Provence - avait encore réussi à achever tout récemment l’opéra Valuska, créé à Budapest en décembre 2023 d’après le roman de László Krasznahorkai, Mélancolie de la Résistance.
23 mars 2024 : Maurizio Pollini est mort
Né le 5 janvier 1942 à Milan, Maurizio Pollini est mort le 23 mars dans la même ville, à l’âge de 82 ans. Jeune prodige passé par le conservatoire avant de gagner le concours Chopin de Varsovie à 18 ans, où il impressionne notamment Artur Rubinstein, président du jury cette année-là . Connu très tôt pour ses interprétations de Chopin, tant en concerto (avec Kletzki, EMI) que dans les œuvres solistes (Les Études et Polonaises qui resteront des références chez DG), Pollini s’intéresse également à la direction d’orchestre et à la musique contemporaine. Parmi ses interprétations les plus marquantes, il faut citer notamment les deux premiers concertos de Bartók (avec Abbado ; DG), les Concertos 19 et 23 de Mozart (Böhm ; DG), les pièces de Nono (Abbado ; DG), les Nocturnes de Chopin (DG) ou encore les dernières sonates de Schubert et Beethoven (DG). Bien qu’affaibli ces dernières années, il était revenu en France pour une tournée triomphale avec les trois dernières sonates de Beethoven en 2019, mais celui qui disait vouloir mourir devant un piano avait dû annuler presque tous ses récitals en 2023 ; il quitte à présent un monde dans lequel il manque déjà .
14 mars 2024 : Disparition du compositeur Aribert Reimann
Hier mercredi 13 mars est mort l’un des plus grands compositeurs contemporains, Aribert Reimann, resté jusqu’à la fin dans sa ville natale de Berlin, depuis sa naissance en 1936 à ses études à la Hochschule für Musik où il a notamment étudié avec Boris Blacher. Répétiteur à la Deutsche Oper dans ses premières années, il restera au disque comme l’accompagnateur de Brigitte Fassbaender ou Dietrich Fischer-Dieskau (albums DG) avant de marquer l’histoire musicale par son opéra coup de poing Lear, commandé en 1978 par Fischer-Dieskau pour la Bayerische Staatsoper de Munich (enregistrement DG encore). Passionnant encore ces dernières décennies avec Medea ou en français dans L’Invisible, le compositeur laisse derrière lui quelques-uns des plus grands ouvrages lyriques écrits au siècle dernier.
26 octobre 2023 : Décès du chef tchèque Zdeněk Mácal
Dans la plus grande discrétion, le chef natif de Brno Zdeněk Mácal est mort ce 25 octobre 2023 à l’âge de 87 ans. Né en 1936, il quitte son pays après le Printemps de Prague pour s’exiler d’abord en Allemagne de l’Ouest, où il dirige à partir de 1970 le WDR Sinfonieorchester Köln, puis aux les États-Unis où il devient directeur musical du Milwaukee Symphony Orchestra de 1986 à 1995 puis du New Jersey Symphony Orchestra, de 1993 à 2002. Quatorze ans après la chute du mur, il se réinstalle dans son pays d’origine pour devenir le directeur de la prestigieuse Česká filharmonie à Prague, qu’il quitte en 2008 à l’âge de 72 ans, pour se faire de plus en plus rare sur les scènes du monde.
10 octobre 2023 : Mort de Jorge Lavelli
Né à Buenos Aires le 11 novembre 1931, l’Argentin Jorge Lavelli arrive à Paris à 28 ans, où se fera naturaliser français à partir de 1977. Deux années après son arrivée, il rejoint le Théâtre des Nations et se fait rapidement remarquer en tant que metteur en scène. Directeur et fondateur du Théâtre national de la Colline à partir de 1987, dont il devient directeur dès 1988, il reste référent pour son apport à la nouvelle mise en scène dans l’opéra, où il s’occupe notamment de la production du Procès de von Einem à Vienne (d’après Kafka) en 1970, puis marque les esprits en 1975 avec Idomeneo au Festival d’Aix-en-Provence et surtout Faust à Paris. Ouvert à tous les répertoires, il s’intéressera toute sa vie aux ouvrages lyriques de Mozart, en plus d’être demandé pour les chefs-d’œuvre du répertoire français comme Pelléas et Mélisande de Debussy ou Orphée aux Enfers d’Offenbach. Très attiré aussi par Wagner, il propose en 2012 sa vision de Rienzi au Capitole de Toulouse, sa dernière grande mise en scène pour l’opéra. Il meurt dans sa ville d’accueil un mois avant de fêter son 92e anniversaire, le 9 octobre 2023.
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