03 mars 2004 : Le Met va perdre sa tête C'est la fin d'un mythe à l'américaine. Après quatorze année passées comme general manager du Metropolitan Opera de New York où il avait débuté quarante ans avant comme charpentier, Joseph Volpe a annoncé son intention de quitter le célèbre opéra en 2006. Il semblerait qu'il soit lassé des perpétuelles difficultés financières et syndicales de ce théâtre. Le Met serait-il plus difficile à gérer que l'Opéra de Paris lui-même ? La rumeur avait couru que Hugues Gall aurait été tenté de traverser l'Atlantique après la fin de son mandat parisien. Mais depuis, il semblerait plutôt qu'il regarde dans la direction opposée, celle de la capitale chinoise où se construit le plus grand opéra du monde, oeuvre d'un architecte. Alors, quelle nouvelle tête pour le Met ? Les paris sont ouverts.
01 mars 2004 : Opéra de Paris, bientôt la prochaine saison Très peu d'informations ont filtré sur la première programmation Mortier à l'Opéra national de Paris et elles sont souvent contradictoires. On a parlé d'une nouvelle Flûte enchantée, de nouvelles Noces de Figaro, de La Juive, d'un Tristan et Isolde dirigé par Gergiev, au moins pour quelques représentations, de la venue au pupitre de Muti et de quelques hardiesses fracassantes et mystérieuses côté mises en scène. Mais patience. On en saura plus dès le 9 mars, jour de la première conférence de presse tenue par Gérard Mortier dans les anciens ateliers de décors de l'Opéra boulevard Berthier, là où s'est installé le Théâtre de l'Odéon pendant ses travaux. La fin proche d'un suspense insoutenable !
16 décembre 2003 : Hans Hotter Ă tout jamais au Walhalla Le lĂ©gendaire baryton-basse Hans Hotter est mort samedi 6 dĂ©cembre dernier Ă Munich, Ă l'âge de 94 ans, selon un communiquĂ© de l'OpĂ©ra de Vienne. NĂ© le 19 janvier 1909 Ă Offenbach am Main dans le sud de l'Allemagne, Hotter avait pris la nationalitĂ© autrichienne. Son nom restera Ă jamais liĂ© aux meilleures annĂ©es du Neues Bayreuth des annĂ©es 50, quand Wieland Wagner Ă©purait la scĂ©nographie wagnĂ©rienne sur la Colline verte et que Hotter chantait dans presque toutes les productions entre 1952 et 1966. ConsidĂ©rĂ© comme le meilleur Heldenbaryton de sa gĂ©nĂ©ration, il passa sa carrière Ă chanter le Hollandais, mais surtout Wotan, rĂ´le qui Ă©tait devenu petit Ă petit sa propriĂ©tĂ© et qu'il chanta avec Knappertsbusch, Keilberth, Krauss et Böhm Ă Bayreuth et pour Solti chez Decca. Mais il marqua presque aussi profondĂ©ment les rĂ´les de Gurnemanz, Amfortas et Hans Sachs. Hotter avait Ă©tĂ© membre de la troupe de l'OpĂ©ra de Munich entre 1936 et 1972 et de l'OpĂ©ra de Vienne entre 1939 et 1970, oĂą il chanta 34 rĂ´les diffĂ©rentes pour un total de 555 reprĂ©sentations. Personne n'oubliera non plus la carrière de Liedersänger de Hotter, aussi Ă l'aise dans l'intimisme du Winterreise de Schubert ou les Lieder de Brahms que dans les monologues de Wotan. A une Ă©poque oĂą les chanteurs d'opĂ©ra osaient Bach, Hotter grava pour l'Ă©ternitĂ© l'enregistrement le plus bouleversant et le plus humain de la Cantate Ich habe genug du Kantor de Leipzig. L'âge venant, Hotter avait abordĂ© dans les annĂ©es soixante-dix des plus petits rĂ´les de seconde carrière, comme Schigolch dans Lulu de Berg, qu'il chantait encore en 1991 au Châtelet Ă l'âge de 82 ans. Il lui Ă©tait arrivĂ© ces dernières annĂ©es de tenir la partie de rĂ©citant, notamment dans les Gurrelieder de Schönberg Ă Salzbourg en 1997, Ă l'âge de 88 ans. Du haut de ses 1m93, Hotter rĂ©ussissait toujours Ă inspirer noblesse et humanitĂ© Ă ses personnages, aidĂ© par une technique infaillible, digne d'une force de la nature.
13 décembre 2003 : Geste de l'OpĂ©ra de Lyon suite Ă une annulation Gabriele Fontana, interprète du rĂ´le de Leonore dans Fidelio Ă l'OpĂ©ra de Lyon, a Ă©tĂ© victime d'un malaise durant la reprĂ©sentation donnĂ©e le 10 dĂ©cembre dernier. Aucune doublure du rĂ´le n'Ă©tant prĂ©vue, ce malaise n'a pas permis de reprĂ©senter la deuxième partie de l'ouvrage. Gabriele Fontana a nĂ©anmois assurĂ© nĂ©anmoins la dernière reprĂ©sentation de l'unique opĂ©ra de Beethoven le 12 dĂ©cembre. Pour des raisons de disponibilitĂ© des artistes, il ne sera pas possible de programmer une reprĂ©sentation supplĂ©mentaire de Fidelio en remplacement de celle du 10 dĂ©cembre. L'interruption du spectacle ne devant normalement pas donner lieu Ă remboursement, Serge Dorny, Directeur GĂ©nĂ©ral de l'OpĂ©ra de Lyon, par respect du public propose toutefois, Ă titre compensatoire, d'offrir un avoir de 50% du prix du billet (sur prĂ©sentation de celui-ci) sur l'achat d'une place pour l'un des spectacles au choix de la prĂ©sente saison, dans la limite des disponibilitĂ©s.
19 novembre 2003 : Eté de vaches maigres à Salzbourg Le festival de Salzbourg a officiellement annoncé hier le programme de son édition 2004, dont les grandes lignes avaient déjà été présentées à la presse à la toute fin du mois d'août. Et force est de constater que le cru 2004 apparaît bien pâle. Ainsi, seulement quatre nouvelles productions d'opéra verront le jour – contre 6 du temps de Mortier : Così fan Tutte mis en scène par le couple Karl-Ernst et Ursel Hermann et dirigé par Philippe Jordan ; le Chevalier à la Rose mis en scène par Robert Carsen et dirigé par Semyon Bychkov en alternance avec Peter Schneider – on est loin des fous espoirs suscités par la rumeur selon laquelle Carlos Kleiber était sur la liste des chefs potentiels ; Die Tote Stadt mis en scène par Willy Decker et dirigé par Donald Runnicles ; et le Roi Arthur de Purcell mis en scène par Jürgen Flimm et dirigé par Harnoncourt à la tête de son Concentus Musicus.
En outre, le festival proposera aussi une reprise du très controversé Enlèvement au Sérail de cet été avec un chef et une distribution partiellement renouvelés, ainsi que deux opéras en version de concert : Guerre et Paix avec Gergiev et ses troupes du Mariinski, et Les Capulets et les Montaigus de Bellini avec Ivor Bolton et la nouvelle égérie de Salzbourg, la Russe Anna Netrebko. Au niveau symphonique, même grisaille concernant les cinq concerts du Philharmonique de Vienne, dont n'émerge qu'une alléchante 5e symphonie de Mahler avec Eschenbach, et hormis les habituels Berliner Philharmoniker qui proposeront une 9e de Beethoven avec Rattle, peu d'événements musicaux en perspective.
Heureusement, les amateurs de grandes stars de l'instrument et de Liederabende seront satisfaits, et le festival affichera des concerts de personnalités comme Maurizio Pollini, Alfred Brendel, Cecilia Bartoli, Violeta Urmana, Waltraud Meier ou Thomas Quasthoff. On sait que depuis l'accession du FPÖ à la tête du gouvernement autrichien, les sommes allouées à la culture ont fondu comme neige au soleil au pays de Sissi, et on sait aussi que le directeur du festival Peter Ruzicka se serre la ceinture temporairement pour préparer le 250e anniversaire de la naissance du divin Mozart en 2006, où Salzbourg proposera l'intégralité des oeuvres lyriques du compositeur, mais on ne peut s'empêcher de penser que le festival de Salzbourg n'est plus ce qu'il était.
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