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CHRONIQUES
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15 juin 2025
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Vibrations garanties
Parmi les trente-trois candidatures reçues en présélection, dix Quatuors concouraient à Bordeaux dans cette compétition internationale. Les trois finalistes ont dû faire leurs preuves aussi bien dans le classicisme viennois que dans la musique romantique ou contemporaine, et le Quatuor Opus 13 venu de Scandinavie s’est imposé à l’unanimité.
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Vibrations garanties
La virtuosité à la fête
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Rendez-vous obligé tous les trois ans des aficionados du quatuor à cordes, le Concours de Bordeaux dont le Quatuor Modigliani assure la direction artistique depuis 2021 irrigue la cité girondine de ses activités une semaine durant entre épreuves, concerts, rencontres, tables rondes avec des luthiers…
Le jury trié sur le volet est présidé en cette édition 2025 par le violoniste Martin Beaver (ancien membre du Quatuor de Tokyo) avec la participation de Corina Belcea (Premier violon du Quatuor Belcea), Hélène Clément (ex-altiste du Doric String Quartet), Miguel Da Silva (ex-altiste du Quatuor Ysaÿe), Valentin Erben (ex-violoncelliste du Quatuor Alban Berg) et la pianiste Anne Queffélec.
Les finalistes devaient interpréter l’œuvre imposée, AMEDEA de Kryštof Mařatka, une partition riche de timbres et de sonorités envoûtantes, d’après le tableau Visage de jeune fille de Modigliani. En demi-finale, l’Allegro con moto du Quintette n° 1 à deux altos op. 18 de Mendelssohn (avec dans la partie de second alto Lise Berthaud) permettait de se rendre compte de l’aptitude des candidats à se fondre dans l’univers contrapuntique si cher au compositeur germanique.
Premier Grand Prix et doté d’une somme de 20 000 € et d’un quatuor d’archets d’une hauteur de 40 000 €, le Quatuor Opus 13 (Norvège/Suède), formé en 2014, séduit par son engagement, sa spontanéité (Les Dissonances de Mozart) et sa capacité à se lover dans la croissance organique des partitions qu’il défend avec beaucoup de ferveur (Mařatka) et de sensibilité – mouvement lent de La Jeune fille et la mort de Schubert. Outre ce couronnement, les Opus 13 remportent le Prix du Public, le Prix de l’œuvre contemporaine et celui du Jeune Public.
Maître de l’espace sonore, le Quatuor américain Terra String Quartet, Deuxième Prix, déjà lauréat de nombreuses compétitions (Melbourne, Osaka, Wigmore Hall), impressionne par son homogénéité mais manifeste parfois une certaine froideur privilégiant la pure qualité technique au détriment de l’affectivité (Quatuor n° 8 de Beethoven). Toutefois, son haut niveau instrumental convainc et laisse présager des lendemains prometteurs.
Troisième Prix, le Quatuor Arete Quartet (Corée du Sud), à la tête d’un riche palmarès (Premier Prix au Concours du Printemps de Prague, du Concours Mozart de Salzbourg et du Concours de Lyon en 2024), joue de manière raffinée et radieuse (Dissonances). Dommage qu’il ne prenne pas tous les risques inhérents à la fébrilité du moment (Beethoven 8).
On regrettera l’élimination en demi-finale du Quatuor Elmire (France), généreux dans l’exécution du Quatuor à cordes n° 3 de Schumann, ou encore celle du Quartett Hana (Allemagne) très incisif dans les Cinq pièces pour quatuor à cordes de Schulhoff ou le Quatuor n° 3 de Bartók.
Au soir des épreuves, le jury et le public quittent la scène et la salle sur la même longueur d’ondes avec le sentiment que le quatuor à cordes a encore de beaux jours devant lui tant les trois formations récompensées se sont montrées, à des degrés divers, dignes de l’enjeu.
Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791)
Quatuor n° 15 en ré mineur KV 421
Quatuor n° 19 en ut majeur KV 465 « Les Dissonances »
Ludwig van Beethoven (1770-1827)
Quatuor n° 8 en mi mineur, op. 59 n° 2
Quatuor n° 9 en ut majeur, op. 59 n° 3
Krystof Maratka (*1972)
AMEDEA-visage de jeune fille (2025)
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