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CHRONIQUES
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09 mai 2025
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Ses plus illustres collègues des années 1950 et 1960 disaient d'elle : « C'est la seule d'entre nous à pouvoir tout chanter ». Victoria de Los Angeles, qui vient de disparaître à l'âge de 81 ans, figura aux côtés des Tebaldi, Callas, Schwarzkopf, Crespin, Nilsson, Price, Rysanek, Caballé et deux ou trois autres parmi cette petite élite jamais remplacée qui redonna le goût de l'opéra et du chant aux publics du milieu du XXe siècle.
Révélée par le Concours International de Genève en 1947, elle s'illustra vite aussi bien au théâtre qu'au concert. Avec une voix d'une pureté idéale, d'une égalité parfaite, dotée d'un timbre fruité et riche, elle aborda quasiment tous les répertoires du soprano lyrique, tour à tour Comtesse des Noces de Figaro, Elisabeth de Tannhäuser, Manon, Mimi, Desdémone, Carmen, Butterfly, mais aussi Marguerite. Avec Schwarzkopf, Seefried et Fischer-Dieskau, elle fut particulièrement active dans le renaissance de l'art de la mélodie, et pas seulement de la mélodie espagnole, encore qu'elle s'y révéla une interprète d'exception.
Chantant à la perfection le français, elle a laissé au disque des versions de références chez EMI de Manon, Carmen, Faust, entre autres réussites presque aussi éblouissantes. Avec un art marqué par la spontanéité et une apparente simplicité, un physique sympathique, elle a traversé la seconde moitié du XXe siècle en portant au sommet l'école espagnole, comme ses compatriotes Montserrat Caballé et Teresa Berganza.
Paris, comme pour tant d' autres gloires internationales de l'époque, ne l'accueillit quasiment qu'en concert, mais elle a laissé une belle discographie qui permet aux nouvelles générations de comprendre ce que fut cette « génération dorée » des années d'après-guerre où elle tint une place de choix. On ne se lassera jamais de ce timbre, de cette technique irréprochable, de cette simplicité qui faisaient qu'elle pouvait convaincre et émouvoir aux larmes tant en Didon, en Comtesse, en Marguerite, en Carmen, en Mimi, qu'en Mélisande.
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