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CHRONIQUES
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01 mai 2025
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Succéder à Claude Bessy qui a tant contribué à faire évoluer les structures et l'enseignement au sein de cette école que le monde entier nous envie, et qui a aussi réussi à obtenir des tutelles la constriction du magnifique bâtiment de Nanterre, n'était pas une tâche facile. La grande Étoile Elisabeth Platel l'assume avec panache, sans remettre en cause ce qui a été fait avant elle, mais en imprimant sa propre personnalité, en initiant peu à peu ses propres options.
Sur les 9000 m2 que couvrent les bâtiments et le parc, l‘École accueille cette année 164 enfants, élèves et stagiaires. Rappelons que pour assurer hébergement et enseignement, les locaux comprennent dix studios, une salle polyvalente de gymnastique, un auditorium de 300 places, une vidéothèque, cinquante chambres destinées au internes, une cafétéria, une bibliothèque, douze classes d'enseignement général. Le tout superbement imaginé et équilibré en trois bâtiments contigus par Christian de Portzamparc.
La lumière entre partout et la verdure est à portée des yeux et de la main. Un joli film a d'ailleurs été projeté au cours de cette conférence de presse, montrant comment s'articulent enseignement et distractions, et comment les enfants investissent à leur manière les différents lieux mis à leur disposition.
Élisabeth Platel s'est d'ailleurs félicitée d'emblée des facilités de travail offertes par ces locaux exceptionnels : « Il règne beaucoup d'animation dans l'école », souligne-t-elle non sans humour, « mais il y a un moment magique, à 13h30, quand commencent tous les cours de danse. S'instaure alors un silence total, religieux ! »
L'École est en effet un vrai lieu de vie, beaucoup de jeunes parisiens demandant quand même à être internes, quitte à réintégrer le domicile familial vers 15 ou 16 ans. Lieu d'accueil aussi, l'École reçoit fréquemment la visite d'anciens qui sont aujourd'hui dans la compagnie, ou même de certains de ceux qui n‘y ont pas terminé leur cursus.
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Transmission et fluidité
La directrice a rappelé que tout ici était fondé sur la transmission directe de maître à élève, dans la plus pure tradition de l'École française, le travail stylistique commençant dès les premiers cours des tout jeunes stagiaires. Rien de figé pour autant, mais au contraire tout ce que le contact permanent, quotidien, entre les générations peut avoir de vivant et d'évolutif.
On s'efforce aussi, malgré l'éloignement du Palais Garnier, de garder un maximum de fluidité entre la compagnie et l'École. Les élèves participent ainsi régulièrement à des spectacles, comme dans la production de Paquita de Pierre Lacotte, ou prochainement dans l'hommage qui sera rendu au grand danseur et pédagogue Alexandre Kalioujny. Récemment, de nouveaux professeurs ont été nommés, comme l'Étoile Elisabeth Maurin et Véronique Doisneau, qui était Sujet dans la compagnie mais riche d'une expérience variée. Muriel Hallé aussi a rejoint le corps professoral.
Avec l'intelligence qu'on lui connaît, Élisabeth Platel a su renforcer des secteurs de première importance comme celui de la santé, avec médecin et infirmière, celui de la nutrition et celui de résistance physique avec un professeur de gymnastique. Elle souligne d'ailleurs que les élèves s'initient tôt aux portés, notamment avec elle : « S'ils peuvent me porter, ils pourront sans problème porter leur partenaire », ajoute-t-elle, bien qu'elle ait toujours conservé sa minceur d'Étoile.
Elle souligne aussi à quel point tous sont ici conscients de l'immense responsabilité qui leur incombe, chaque enfant engagé étant un pari sur l'avenir. Une grande importance est également donnée au travail musical, avec le souci de garder un équilibre entre développement des possibilités physiques et des possibilités artistiques : « Nous attachons beaucoup de soin au placement, mais jamais au détriment du mouvement ».
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La question du devenir professionnel
Alors, aucun souci ni aucun problème ? Brigitte Lefèvre et Élisabeth Platel s'accordent pour reconnaître que le principal problème reste comme toujours le devenir professionnel des élèves arrivant en fin de cursus en Première division. Il y en a presque une vingtaine chaque année, et trop peu de places disponibles dans la compagnie : cinq ou six les meilleures années, parfois seulement une ou deux. C'est le cas dans toutes les grandes compagnies ayant leur école en amont, comme Rudra pour le Béjart Ballet Lausanne.
Même dans une grande compagnie de 154 danseurs comme celle de l'Opéra, les places disponibles dépendent du nombre de danseurs partant et rien ne peut changer cet état de choses. Consolation, et non des moindres, ceux qui ont effectué toutes leurs études ici et n'entrent pas à l'Opéra n'ont en général aucun mal à trouver un engagement dans les autres grandes compagnies internationales.
Quant au sempiternel reproche sur la dureté des études de danseur, la seule réponse à faire est donnée tant par Élisabeth Platel que par Brigitte Lefèvre : « Oui, le métier de danseur est dur, son apprentissage l'est aussi. Mais c'est une école d'excellence, un choix de vie fait par passion. Personne n'y est contraint. L'ambiance de l'École n‘est ni morose ni austère, mais on y travaille avec sérieux et, une fois encore, avec passion, tant de la part des élèves que des enseignants ».
Il suffit d'ailleurs d'aller d'un cours à l'autre, puis de voir les plus jeunes jouer au ping-pong ou se poursuivre sur les pelouses, les plus grands regarder une vidéo ou discuter comme tous les ados assis par terre en tailleur, pour prendre conscience que, surtout dans pareilles conditions matérielles, l'École de danse est un lieu où tout converge pour faciliter l'évolution humaine et artistique de ces futures Ferrari de la danse, mais que, bien sûr, ce n'est ni un camp de vacances ni un centre de farniente.
Prochains spectacles de l'École au Palais Garnier, les 5, 6, 10 et 11 mars : Le Prisonnier du Caucase (Skibine), Napoli (Bournonville) et Yondering (Neumeier).
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