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CHRONIQUES
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11 mai 2025
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Déjà 35 ans d'existence pour ce prestigieux concours dont la renommée ne cesse de croître dans le monde de la danse. Les organisateurs ont su adapter le déroulement du Prix de Lausanne en fonction de l'évolution constante que connaît cet art. Depuis deux années, Kylián a accepté que son oeuvre soit intégrée au Prix de Lausanne au travers de six variations tirées de ses ballets qu'il offre aux candidats lorsqu'ils doivent présenter le solo contemporain.
La danse contemporaine est présente au Prix depuis 1984. Elle permet de réveler aux jurys la façon dont les candidats réagiront quand ils devront répondre aux exigences d'une compagnie, d'un chorégraphe. Les deux autres variations sont des imposés classiques qui permettent aux danseurs d'aborder des rôles-titres du répertoire, exigeant une solide technique tout y apportant la grâce et le lyrisme nécessaire afin de ne pas tomber dans l'exercice de pure virtuosité.
Comme l'année passée, le niveau des danseurs apparaît plus élevé du côté des jeunes demoiselles. La Coréenne Sae-Eun Park se voit offrir la première place de ce Prix 2007. Sa Gamzatti et sa variation des vendangeurs de Giselle lui ont permis de mettre en valeur la qualité de son saut. La deuxième place a été attribuée à la japonaise Mai Kono, qui a particulièrement brillé durant ses trois variations.

Les balletomanes venus assister au Prix l'ont réellement ressenti et pour cela, durant l'entracte, les votes sont allés en majorité dans son sens, ce qui lui a valu d'obtenir le Prix du public. Ce prix aurait sans doute pu être accompagné de la première place tant son travail est professionnel, à la fois dans les variations classique et contemporaine.
À travers sa variation du rêve de Raymonda, elle manie le déséquilibre qui lui laisse le temps d'étirer ses mouvements le plus longtemps et le plus loin possible. Elle se joue des difficultés techniques, la stabilité de ses pirouettes se ressent, son interprétation est recherchée et sa musicalité justifie parfaitement ses accents sur certains mouvements en particulier. One of a kind de Kylián est un prétexte pour démontrer une réelle maturité artistique pour son jeune âge.
Chaelee Kim se classe en troisième place malgré une variation du rêve de Raymonda dansée et interprétée de manière un peu trop scolaire. La quatrième place revient au Britannique James Hay possédant une belle technique et déjà très assurée que ce soit dans Don Quichotte ou dans la difficile variation du Grand pas classique.

Le jeune Portuguais Telmo Moreira, du haut de ses 15 ans, arrive en cinquième et avant-dernière place, démontrant un dynamisme flagrant. Sa vivacité de bas de jambe est bien exploitée à travers sa Sylphide et l'interprétation de sa Sarabande de Jiřà Kylián sait aussi retenir l'attention.
Enfin, la dernière bourse est donnée à la belle Delia Mathews. Cette place de sixième apparaît tout de même surprenante vu la qualité de danse qu'elle nous a offerte. Son travail est extrêmement soigné, tant dans Gamzatti que dans l'Ombre de sa Bayadère. Elle offre des pas raffinés, propres, son maintien se ressent à travers ses équilibres mais aussi dans son port de tête qui lui donne une stature rayonnante.
Dans la variation contemporaine, elle porte un regard assez saisissant qui captive du début à la fin. Cette danseuse a toutes les qualités pour être engagée rapidement dans une compagnie et obtenir une place de soliste, comme elle le confesse dans une interview réalisée lors de son départ de la Nouvelle-Calédonie pour l'Angleterre.
Il est à noter l'absence dans le classement de la Biélorusse Ksenia Ovsyanick, qui possède certaines qualités absentes chez d'autres danseuses récompensées. Le travail de bras est léger et fluide, son plaisir à danser est communicatif. Le variation 27'52, Paris Solo de Kylián a sans doute été la plus remarquable du concours grâce à l'univers dans lequel elle nous plonge dès les premiers instants. Les yeux clos, la danseuse s'évade et se transforme entièrement.

Le prix d'interprétation contemporaine a été attribué à Charles-Louis Yoshiyama, danseur franco-japonais travaillant à l'English National Ballet School. 27'52, Paris Solo semble être une variation qu'il a totalement investie. Tous les mouvements sont liés, aucune secousse ne se fait sentir. Son travail sur le souffle est impressionant et lui donne une liberté dans les mouvements plus importante. La respiration n'est pas à négliger dans le travail du danseur : c'est souvent par une bonne gestion de cette dernière que se dénouent certains problèmes dans l'exécution de pas plus ou moins difficiles.
Pour cette 35e édition, on retiendra du Prix de Lausanne des candidats très prometteurs dans leur art, tant dans le classique que dans des pièces plus contemporaines. La qualité du travail démontrée apparaît de plus en plus méticuleuse sans pour autant renoncer au travail de l'interprétation et au développement de l'artistique du danseur. Le Prix de Lausanne en tient d'ailleurs compte, ce n'est pas l'exécution qui est privilégiée mais le ressenti de l'individu. C'est aux membres du jury de favoriser l'artiste face au technicien.
Palmarès :
1 – Sae Eun Park, Seoul Arts High School, Corée
2 – Mai Kono, Ballettakademie München, Japon
3 – Chaelee Kim, SunHwa Arts High School, Seoul
4 – James Hay, The Royal Ballet School, Londres
5 – Telmo Moreira, Conservatoire National de Lisbonne, Portugal
6 – Delia Mathews, The Royal Ballet School, Londres
Prix d'interprétation contemporaine :
Charles-Louis Yoshiyama, English National Ballet School, Londres
Prix du public :
Mai Kono, Ballettakademie München, Japon
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