|
|
CHRONIQUES
|
01 novembre 2024
|
|
Pina Bausch, la magie, l’élégance, la grâce et la créativité
La Dame en noir qui vient de nous quitter à 68 ans était, depuis trois décennies, tous les ans en juin avec sa compagnie au Théâtre de la Ville. Pour la première fois, cette saison, elle est venue en janvier. Elle a été alors couronnée, célébrée. Et personne n'a compris qu’avec Sweet Mambo, cette femme au visage diaphane, à la silhouette menue, nous laissait un testament.
|
|
La virtuosité à la fête
Montpellier 2021 (4) :
De la Terre aux Étoiles
Montpellier 2021 (3) :
De la Terre aux Pléïades [ Toutes les chroniques ]
|
Les longues jeunes femmes aux cheveux épandus jusque sur les hanches, les sylphides aux robes fleuries ont fasciné des générations de spectateurs du Théâtre de la Ville. Dans les magnifiques décors de Pabst, les danseuses de Pina Bausch ont extrapolé un rêve de sensualité, d’intelligence et de grâce. Elle nous a fascinés dans des spectacles d’une longueur extrême où elle a réussi à retenir et à subjuguer l’attention de spectateurs voués au zapping. Elle avait le sens du temps qui passe. Elle le retenait avec toutes les fibres d’une présence omnipotente, d’une manière corporelle et spirituelle.
Qui a pu se vanter de la connaître, de l’interroger ? Elle échappait à tout et à tous. Devant ce Théâtre de la Ville où elle aimait tant produire sa compagnie, elle parlait à mi-mots de cette danse-théâtre qu’elle avait fusionnée, elle insistait : texte- danse-musique étaient pour elle une même chose.
Mais, très vite, elle s’est réfugiée en elle-même. Elle racontait seulement les conditions où elle mettait ses danseurs. D’Istanbul à Prague, de l’Asie au Moyen-Orient, elle les lâchait dans des univers variés avant de les récupérer le moment venu pour mettre en ballet leurs découvertes. Cela nous a donné des spectacles d’une inventivité, d’un charme, d’une violence et d’une symbiose entre les civilisations absolument extraordinaires.
Évidemment, le choc Pina Bausch, en dehors de ses collaborations avec le lyrique, a été et restera sa formidable chorégraphie du Sacre du printemps de Stravinski. Du Théâtre de la Ville à l’Opéra de Paris, cette chorégraphie a balayé la tradition. En y puisant, elle a inventé une gestuelle sensuelle d’une puissance et d’une émotivité inouïe. Pina Bausch a rénové la danse. Elle a donné aux garçons et aux filles qui l’ont accompagnée cette pulsion créatrice qui innerve la danse contemporaine.
|
|
|
|
|
|
|