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CHRONIQUES
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31 octobre 2024
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Si l’annonce du renoncement de Nicolas Joel à briguer sa propre succession à la tête de l’Opéra national de Paris a quelque peu surpris, celle de la nomination de Stéphane Lissner était attendue, même si d’autres candidats étaient aussi dans les starting-blocks.
Le mandat de Nicolas Joel s’achevant en 2015, le temps n’est pas encore venu de dresser des bilans, même si un certain nombre de spectacles ont déçu et si l’entreprise tant attendue d’un Ring de Wagner digne de l’Opéra de Paris laisse un goût plutôt amer.
L’actuel directeur estime que les réductions budgétaires annoncées pour les trois années à venir ne lui permettront pas de maintenir le standing qu’il juge nécessaire à une maison de cette importance. Il craint aussi des réductions de personnel. C’est légitime, même s’il est tout aussi légitime de penser que la gestion des grands théâtres d’opéra a, depuis pas mal d’années déjà , atteint partout dans le monde des coûts pouvant sembler disproportionnés avec les difficultés rencontrées par tant d’autres institutions, culturelles ou non.
Un retour à une certaine raison n’est peut-être pas superflu, ces ambitions sans cesse croissantes ayant aussi entraîné une augmentation des postes côté administration, dans des secteurs qui ne sont pas forcément prioritaires. C’est aussi un débat non dénué d’intérêt.
Toujours est-il que la nomination de Stéphane Lissner n’aura surpris personne. Des débuts très tôt dans la direction de théâtres dramatiques, directeur du Châtelet en 1988, puis du festival d’Aix-en-Provence dix ans plus tard, on le savait depuis longtemps tenté par l’Opéra de Paris.
Bon gestionnaire, doté d’une vaste expérience du monde lyrique, son arrivée à la tête de la Scala de Milan, premier directeur non italien depuis la création du théâtre en 1778, après un passage par les Festwochen de Vienne, lui avait conféré l’indiscutable stature internationale indispensable pour diriger une maison aussi lourde et dangereuse que l’Opéra de Paris. Ses réussites à la Scala ont été nombreuses, malgré les difficultés de tous ordres caractérisant la gestion administrative et artistique de ce glorieux théâtre.
Il y a donc une incontestable légitimité à ce choix, d’autant qu’il ne peut guère paraître politique, ce qui est une rareté aujourd’hui. Stéphane Lissner n’a-t-il pas dirigé le Châtelet, Théâtre Musical de la Ville de Paris, sous l’aile de Jacques Chirac, et la Scala sous celle de Berlusconi ?
Quand on sait que Brigitte Lefèvre quittera la direction du Ballet de l’Opéra en 2014, c’est donc un vaste mouvement qui va s’opérer dans la direction de ce théâtre qui reste, malgré ses hauts et ses bas, l’un des plus appréciés et des plus emblématiques du monde.
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