











|
 |
CHRONIQUES
|
13 septembre 2025
|
 |
Prades 2025 :
L’imagination au pouvoir
Nommé en 2021 directeur artistique du Festival de Prades Pablo Casals, le chef d’orchestre Pierre Bleuse a non seulement réussi à préserver l’héritage du légendaire violoncelliste catalan, mais aussi à donner une impulsion nouvelle à cette manifestation prestigieuse qui fête cet été ses 75 ans. Tour d’horizon de quatre concerts à cheval sur juillet et août.
|
 |
Prades 2025 :
L’imagination au pouvoir
Colmar 2025 :
Un festival vif-argent
Vibrations garanties [ Toutes les chroniques ]
|
La petite ville catalane de Prades dans les Pyrénées-Orientales est le rendez-vous annuel d’un festival toujours marqué par la présence de Pablo Casals. Du 28 juillet au 08 août 2025, une pléiade d’artistes a investi une région peuplée d’églises aux retables baroques d’une magnificence flamboyante. La programmation de cette 75e édition s’est montrée une nouvelle fois à la hauteur des enjeux : à côté de solistes de renom se sont produits des musiciens de la garde montante, soit au sein de l’Orchestre de chambre du Festival, soit en formation à géométrie variable devant un public fidèle et convivial.
Dans l’abbaye Saint-Michel de Cuxa, joyau du patrimoine roman bénédictin, le violoniste Pierre Fouchenneret, le violoncelliste Victor Julien-Laferrière et la pianiste suisse Audrey Vigoureux proposaient un moment chambriste dans des œuvres phares du répertoire. Le Notturno D. 897 de Schubert permettait aux interprètes de trouver leurs marques avant d’attaquer le Trio des esprits de Beethoven, témoignant d’un style très contrôlé et d’une simplicité d’élocution. Le bref Trio n° 1 op. 8 de Chostakovitch, en un seul mouvement, gagnait en engagement, et le Trio en la mineur de Ravel, plus expressionniste qu’à l’ordinaire, offrait une vérité dramatique qui ne manquait pas de séduction.
Le lendemain matin dans l’église de Los Masos, à quelques encablures de Prades, concert surprise Jeunes Talents & Friends autour du violoncelle sous la conduite fraternelle de Thomas Duran (violoncelle du Quatuor Dutilleux) avec la participation de quatre jeunes émules issus de l’Ensemble de violoncelles de l’Orchestre de chambre du Festival : les catalans Guillem Vega González et Quim Tejedor, l’Allemand Carlo Lay, ainsi que la charismatique française Lucie O’Connell venue de la Haute école des arts de Berne.
Tous respirent dans une conversation naturelle (Pastorale pour orgue de Bach revisitée pour violoncelle par Casals) et trouvent leur accomplissement dans des transcriptions de haute volée parmi lesquelles la Danse macabre de Saint-Saëns pour cinq violoncelles. Stan Getz côtoie Fauré (Après un rêve) ou Bruckner (chœur Le grain de riz), et Paganini (Variations sur la corde grave d’après Rossini) cohabite avec la musique de films (Star Wars) et la bossa nova.
Le soir, à nouveau à Saint-Michel de Cuxa, le duo de la violoniste moldave Alexandra Conunova et du pianiste Christian Zacharias (tous deux présents pour la première fois à Prades) s’élevait sur les cimes dans une complicité de tous les instants. À la souplesse d’archet et la luminosité du son de l’une sur son Guadagnini répondait la musicalité hors pair de l’autre dans des pièces de Schumann (Sonate n° 1 op. 105, Intermezzo de la Sonate F-A-E), de Mozart (la volubile Sonate en fa majeur K. 477) ou de Schubert (le redoutable Duo pour violon et piano en la majeur D. 574 gorgé de chausse-trappes). Le bis extrait du cycle Banalités de Poulenc avec le texte d’Apollinaire lu par Zacharias concluait dans la grâce et l’élégance ce récital de toute beauté.
Autre moment inoubliable, l’exécution dans l’église de Molitg-les-Bains de la rare Sérénade pour violon, alto, violoncelle et deux clarinettes de Martinů par un quintette issu du vivier des jeunes talents chauffé à blanc, et le Septuor pour vents et cordes de Beethoven animé à la perfection par l’Ukrainien Toma Bervetsky (le premier violon) auquel on souhaite un bel avenir. Dans ces lieux de mémoire au pied du Canigou, la musique creusait le ciel.
Mozart, Beethoven, Schubert, Schumann, Ravel, Saint-Saëns, Chostakovitch, Martinů…
Abbaye Saint-Michel de Cuxa, églises de Los Masos et de Molitg-les-Bains, les 30, 31/07 et 01/08/2025.
|
 |
|
|
 |
 |
|