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CHRONIQUES
25 avril 2024

Grossir, toujours grossir
© Matthieu Blanchin sur une idée du chroniqueur

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Le 31/03/2001
Eric SEBBAG
 



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  • Regroupements, concentrations, économies d'échelle, les "majors" de l'édition phonographique n'en finissent plus d'amincir la portion réservée au disque classique, comme pour donner raison aux cassandres qui en prédisent la diète finale depuis déjà trop longtemps.

    Dernières victimes en date de ce régime draconien, Teldec et Erato entrent de plain-pied dans le monde des labels virtuels comme Philips ou Decca. Un peu comme les lessives d'ailleurs : il y a plein de marques sur les linéaires mais derrière, on ne compte qu'une poignée d'industriels ; et encore sur les doigts d'une seule main.

    Au sommet, les industriels de la galette à musique comme ceux de la lessive renchérissent d'énergie pour se lancer des O.P.A. gloutonnes, s'absorber goulûment, s'entre-dévorer avidement. Exemples les plus récents : Vivendi et Universal ou Aol et Time Warner. Objectif : grossir, toujours grossir. Posséder le catalogue le plus plantureux pour être maître de sa diffusion, même si les modalités en la matière sont loin d'être transparentes. En somme, être gras pour voir venir, comme les éléphants de mer avant l'hiver.

    Dans le monde informatique qui, phénomène MP3 oblige, tend de plus à faire cause commune avec celui de la musique, le cas du célèbre mastodonte Microsoft reste édifiant. Loin d'avoir jamais innové en quoi ce soit, tout le destin de cette firme a consisté à copier ou racheter des innovations nées ailleurs ; et à se dilater jusqu'à attirer les foudres de la justice américaine bien désormais décidée à couper la firme monopolistique en morceaux.

    Grossir pour mieux se faire tailler en quartiers ? Les ex-obèses firmes américaines IBM ou AT&T peuvent opiner de la fraction.

    Mais quel que soit le sort de Microsoft, la firme a encore beaucoup plus à redouter des utilisateurs agissants. Il y a d'abord ceux qui piratent, ensuite il y a ceux qui s'unissent pour diffuser gratuitement des logiciels concurrents libres de droits. Cela ne devrait pas être sans enseignements pour le monde des Muses.

    Si le piratage est évidemment une pratique répréhensible, on observe que c'est aussi devenu un moyen de rétorsion contre une firme dont l'image n'est pas bonne : pourquoi irais-je encore engraisser Bill "Big Brother" Gates ? À l'inverse, si l'image de l'éditeur n'est pas en jeu, le piratage donne par ailleurs un hit-parade fiable des logiciels les plus appréciés des utilisateurs.

    Tant et si bien que les éditeurs de logiciels ont compris depuis longtemps comment exploiter le canal de la copie privée : en diffusant gratuitement des versions bridées ou limitées dans le temps de leurs produits, ils ne font qu'augmenter leurs ventes. Et si finalement, la proportion de musique classique était trop faible sur les sites des diffuseurs MP3 ? Sans appâts, comment pêcher de nouveaux poissons ?

    Mais on sait la frilosité des majors sur ce terrain et il n'y a sans doute rien à attendre. On sait à l'inverse l'audace et le courage des petits éditeurs et certains envisagent déjà clairement le parti à tirer d'Internet. Mais les musiciens devraient eux aussi songer à se prendre en main comme l'on fait, voici presque deux décennies, de toujours très nombreux créateurs de logiciels. Ces derniers diffusent leurs oeuvres en copie libre (Freeware, shareware ou logiciels libres dit Open Source) et certains demandent une contribution directe à ceux qui apprécient leur travail.

    Utopie ? Encore un peu en France et dans les pays latins, mais une véritable manière de vivre ou de se faire connaître dans les pays anglo-saxons. Qui n'a pas entendu parler du fameux Linux de Linus Torvald, une alternative fiable et libre au Windows de Microsoft ?

    Bien sûr, la logistique pour enregistrer de la musique est plus lourde que pour créer des logiciels, mais cela fait longtemps que les musiciens de variétés ont créé leurs studios d'enregistrement à domicile ("home-studio"), alors pourquoi ne pas réveiller le José Bové qui sommeille au fond de chaque musicien, même "classique" ?




    Le 31/03/2001
    Eric SEBBAG



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