À partir d'une exploration, à la fois scientifique et sensible, des archives française et étrangères (notamment florentines), Jérôme de La Gorce reconstitue le destin romanesque d'un homme dont le désir d'apparaître aura été au moins aussi fort que celui de son illustre protecteur,

Mais Lully fut surtout un génial inventeur de formes et de genres, imposant la tragédie lyrique et la comédie-ballet, l'ouverture à la française et la musique à danser, tout en réalisant la synthèse entre l'héritage musical de son pays d'origine et celui de la France.

Grâce à la somme que constitue cet ouvrage de 910 pages, c'est un fascinant tableau de la vie artistique du siècle qui se recompose, avec, au premier plan, les « collaborateurs Â» du surintendant (Corneille, Racine, Quinault, Molière), ses opposants (« L'Affaire Guichard Â», tendant à jeter le discrédit sur Molière, est révélée dans tous ses attendus), et dans l'ombre, les intrigues et les cabales d'un univers impitoyable.

La disgrâce de Lully résulte-t-elle du débauchage d'un page ? Lully est-il mort en s'administrant lui-même un violent coup de canne ayant engendré une gangrène ? Toutes ces questions sont évidemment traitées de manière approfondie.

Quant à l'étude de l'oeuvre de Lully, elle est l'objet d'un travail exemplaire et original : classée par genre, puis regroupée dans un catalogue chronologique, elle est analysée à la lumière des recherches les plus récentes par un auteur si familier du Grand Siècle, qu'il en devient aujourd'hui un des « témoins Â» indispensables de son génie. Un livre idéal pour remettre le surintendant sous son juste soleil.