altamusica
 
       aide















 

 

Pour recevoir notre bulletin régulier,
saisissez votre e-mail :

 
désinscription




CHRONIQUES
18 avril 2024

Isolde s'en est allée

L'une des plus grandes wagnériennes du XXe siècle s'est éteinte la semaine passée, à l'âge de 87 ans. Après Martha Mödl, c'est au tour de Birgit Nilsson de rejoindre le Walhalla des wagnériens disparus. Retour sur la carrière d'une immense artiste qui a tant ébloui les salles depuis la fin des années 1950.
 

Le 13/01/2006
Gérard MANNONI
 



Les 3 dernières chroniques

  • La virtuosité à la fête

  • Montpellier 2021 (4) : De la Terre aux Étoiles

  • Montpellier 2021 (2) : De la Terre aux Cigales

    [ Toutes les chroniques ]

     
      (ex: Harnoncourt, Opéra)



    Envoi de l'article
    à un ami

  • On avait fini par croire qu'elles étaient immortelles, mais voici encore l'une des incomparables cantatrices des années 1950-1970 qui s'en est allée. Dans la plus grande discrétion d'une retraite presque cachée, Birgit Nilsson est partie à 87 ans pour ce Walhalla où elle mena tant de guerriers !

    Lorsqu'elle incarna Isolde pour la première fois à Bayreuth en 1957, elle n'avait pas encore une vraie notoriété internationale, malgré des premiers rôles tenus tant à Glyndebourne qu'à Vienne ou à Munich depuis 1946. Mais une carrière menée avec la plus grande sagesse en dépit de moyens exceptionnels allait porter ses fruits. Incarnant cette année-là tour à tour Sieglinde, Isolde et une norne, elle devenait à l'évidence l'unique vraie héritière de Kirsten Flagstadt et d'Astrid Varnay, son exacte contemporaine qui la précédait pourtant de quelques années sur les grandes scènes wagnériennes.

    Voix immense, capable de dominer tous les orchestres, interprète inspirée, Nilsson allait être la grande Brünnhilde de son époque, l'immense Isolde que l'on sait, une incomparable Elektra et une Turandot quasiment jamais égalée. On reprocha parfois à sa voix un certain caractère tranchant car elle n'avait pas la douceur de celle de Flagstadt ni le côté charnel de celle de Varnay, mais une limpidité nordique d'une égalité hallucinante sur toute la tessiture. Elle pratiqua aussi et enregistra Verdi et certains Puccini, grava même une Donna Anna impressionnante.

    Depuis 1986, elle avait quitté la scène et enseignait. Intelligente, Birgit Nilsson avait aussi beaucoup d'humour quand elle n'incarnait pas les sculpturales héroïnes auxquelles sa voix gigantesque la vouait. On raconte qu'un jour, lors d'un enregistrement, une dispute s'envenima entre le chef et quelques musiciens. Nilsson disparut quelques instants, puis réapparut soudain en trottinette, avec un bouquet de fleurs sous le bras en chantant « Voici Birgit avec des fleurs ! Â», ce qui détendit naturellement l'atmosphère.

    Si cette anecdote est inventée, elle prouve au moins quelle était la réputation de la cantatrice dans le milieu musical. Irremplaçable ? En tout cas, irremplacée pour l'instant, car personne depuis, sauf sans doute Gwyneth Jones dans ses bons soirs, n'a eu pareil impact vocal et scénique dans les opéras de Wagner et de Strauss. Sa discographie est riche. C'est toujours ça, mais heureuse la génération qui put l'entendre et la voir dès ses fameux débuts en Isolde face à Windgassen et suivre ensuite son parcours.

    C'est un type de référence que les jeunes amoureux d'opéra d'aujourd'hui ne doivent pas oublier, confrontés à tant de fausses valeurs que l'on tente de leur vendre comme géniales.




    Le 13/01/2006
    Gérard MANNONI



      A la une  |  Nous contacter   |  Haut de page  ]
     
    ©   Altamusica.com