|
|
CHRONIQUES
|
24 avril 2024
|
|
Il est là , près de la piscine, en pantalon de toile et chemise noire, le visage souriant, l'humeur ironique, préparant probablement dans sa tête quelques effets burlesques du « concert surprise » de 17 heures dans lequel il est l'un des musiciens. L'un des rares musiciens, même, puisque quatre interprètes seulement dans le monde jouent du Glasshmarmonika.
Ce virus, Thomas Bloch l'a attrapé tout gamin, quand il était dans la classe d'ondes Martenot d'Yvonne Loriod et qu'il a écouté un 33t où Bruno Hofmann jouait sur des verres à pied. « Le son m'avait fasciné et comme je suivais des classes d'acoustique, le sujet était tout trouvé » se souvient-il. L'instrument qui avait disparu pendant cent cinquante ans – après avoir acquis quelques lettres de noblesse avec Mozart et Beethoven – allait alors retrouver un second souffle.
Ici, c'est dans deux Adagios de Mozart – l'un en solo et l'autre avec flûte, hautbois, alto et violoncelle – que le public a pu découvrir l'instrument et son interprète, capable de nuances étonnantes. « J'ai une pédale qui permet d'accélérer ou de ralentir la vitesse de rotation des verres. À cela, la plus ou moins grande pression des doigts permet de faire des nuances » explique-t-il.
Également au programme et moment fort de cette 55e édition du festival de Prades, Pleurs et fantômes de Jan-Erik Mikalsen, compositeur de 28 ans à qui Thomas Bloch a commandé une pièce pour verre harmonique et quatuor à cordes. « Sa musique est très inspirée des films de science fiction à petits budgets des années 1950. Il y a tout un côté fantastique, visuel et d'ambiance dans sa musique » nous raconte le commanditaire, qui précise avoir rencontré le jeune Norvégien grâce au groupe de rock Radio Head.
Dans Pleurs et Fantômes, les cordes imitent le son cristallin et suraigu du verre de cristal. Le tout s'imbrique et l'on ne distingue plus qu'un son de verre allant des graves aux aigus et créant une suite de tableaux sonores renvoyant chacun à des ambiances. Le Quatuor Artis sait de surcroît parfaitement doser les timbres et trancher les sonorités, argentées, lunaires, que chacun peut entendre à sa façon. Mikalsen est l'un des compositeurs en résidence cet été à Prades, avec notamment Christophe Martaka, d'origine hongroise, et le Français Marc-André Dalbavie.
Car la création reste l'un des piliers de Prades. Son directeur artistique, le clarinettiste Michel Lethiec, a d'ailleurs lancé un concours de composition dont la seconde édition aura lieu le 14 avril 2007.
|
|
|
|
|
|
|