altamusica
 
       aide















 

 

Pour recevoir notre bulletin régulier,
saisissez votre e-mail :

 
désinscription




CHRONIQUES
29 mars 2024

Adieu Ă  Donna Anna

Teresa Stich-Randall, en compagnie de Gabriel Dussurget.

On dirait que le XXIe siècle naissant tient à effacer toute trace de ce qui fit la gloire du monde lyrique au XXe siècle. Après Beverly Sills et Régine Crespin, une autre diva des années 1950-1970 nous quitte. Teresa Stich-Randall, qui fit les grandes heures notamment du festival d'Aix-en-Provence, est désormais passée dans l'histoire.
 

Le 28/07/2007
GĂ©rard MANNONI
 



Les 3 dernières chroniques

  • La virtuositĂ© Ă  la fĂŞte

  • Montpellier 2021 (4) : De la Terre aux Étoiles

  • Montpellier 2021 (2) : De la Terre aux Cigales

    [ Toutes les chroniques ]

     
      (ex: Harnoncourt, Opéra)



    Envoi de l'article
    à un ami

  • Si Toscanni fut le premier Ă  percevoir les possibilitĂ©s de cette artiste d'exception, c'est le concours de Genève qui rĂ©vĂ©la vraiment la jeune cantatrice amĂ©ricaine au monde lyrique en 1951. Elle devait faire carrière sur toutes les plus grandes scènes du monde, du Met de New York Ă  Vienne, de Berlin Ă  Buenos Aires, de Barcelone Ă  Milan, de Rome Ă  Venise.

    Timbre d'une pureté unique, voix légère mais solide qui lui permit même de songer à Norma en toute fin de carrière, Teresa Stich-Randall connut certaines de ses plus grandes heures de gloire au Festival d'Aix-en-Provence dans les rôles mozartiens que l'irremplaçable Gabriel Dussurget lui confia. On dit souvent qu'il faudrait deux sopranos différentes pour chanter Donna Anna : une à voix dramatique pour Or sai chi l'onore, une autre à voix plus légère pour Non mi dir. Bien rares en effet sont celles qui ne peinent pas dans l'un ou l'autre de ces deux airs redoutables. À part Joan Sutherland, Teresa Stich-Randall fut sans doute la seule à cette époque à ne démériter ni dans la vaillance ni dans les vocalises.

    Ses Donna Anna d'Aix-en-Provence sont inoubliables, et, tout comme ses Fiordiligi en compagnie de la Dorabella de Teresa Berganza, justifiaient que l'on vienne à Aix du monde entier. Face aux grandes équipes viennoises et salzbourgeoises menées par Elisabeth Schwarzkopf, Lisa Della Casa, Irmgard Seefried et quelques autres comme Elisabeth Grümmer, les équipes aixoises menées par les deux Teresa étaient l'autre grand pôle d'attraction mondial des mozartiens fervents.

    Comédienne accomplie, avec cette décontraction que seules possèdent les stars américaines – on la rencontrait le matin au Monoprix d'Aix faisant en fichu ses courses avec son petit chien avant d'aller en répétition – elle fut aussi une admirable Comtesse, belle, élégante, émouvante. Mais Mozart ne fut pas son seul champ d'action au plus haut niveau. Le disque garde encore le souvenir de son immortelle Sophie du Chevalier à la rose aux côté de Schwarzkopf et Ludwig, car elle fut aussi une grande straussienne et une remarquable Marie dans Wozzeck.

    Kammersängerin de l'Opéra de Vienne dès 1962, elle restera pourtant pour le public français et pour une grande partie des amateurs d'opéra de l'époque l'image emblématique de l'âge d'or du festival d'Aix, quand le Théâtre de l'Archevêché était encore en bois, quand les seuls lieux de rencontre possibles après les spectacles étaient les Deux garçons en haut du Cours Mirabeau et la Rotonde en bas, avant l'invasion des fast food et des multiples terrasses à touristes encombrant les ruelles.

    On y dĂ©couvrait chaque annĂ©e les jeunes chanteurs dĂ©nichĂ©s par Dussurget, qui devenaient les stars du lendemain. Autres temps, autres plaisirs. C'Ă©taient ceux du milieu du XXe siècle, Ă©poque oĂą personne n'aurait imaginĂ© voir un jour Ă  l'affiche du festival une fracassante TĂ©tralogie avec le Philharmonique de Berlin ! La voix de « Stich Â», comme nous l'appelions, restera pour tous ceux qui vĂ©curent ces heures magiques, le symbole d'une certaine manière de concevoir la musique et l'idĂ©e mĂŞme de festival.




    Le 28/07/2007
    GĂ©rard MANNONI



      A la une  |  Nous contacter   |  Haut de page  ]
     
    ©   Altamusica.com