|
|
CHRONIQUES
|
24 avril 2024
|
|
Longs cheveux bruns, le port altier, le regard pénétrant et intelligent, Karine Gilanyan traverse à toutes enjambées le lycée de Prades pour arriver à l'avance à son cours de piano. Ce matin, elle doit répéter avec Jeremy Menuhin une sonate de Mozart. « J'aime beaucoup cette académie car c'est un lieu unique d'échanges et de rencontres. Travailler avec de si grands artistes est un privilège. Et on apprend doublement car les avoir en professeur est une chose mais en les voyant jouer, on apprend aussi beaucoup ».
Cette jeune Arménienne de 24 ans, à peine sortie de son cours, avale un sandwich et part répéter une dernière fois le premier mouvement du Quintette de Schumann qu'elle va jouer l'après-midi. Ses gestes, sa position de main, sa souplesse de bras, Karine joue loin dans le clavier et a un son très rond, si chaleureux ; et une maturité étonnante.
Dans sa sonate de Prokofiev, qu'elle avoue être l'un de ses composites préférés, elle arrive à obtenir une palette de timbres très diversifiée. Le public ne s'y trompe pas : les applaudissements sont à la hauteur de la qualité de cette musicienne. Son professeur Jeremy Menuhin, ou Madame Lethiec, directrice de l'Académie, s'accordent à dire que Karine est une pianiste largement prometteuse. Et elle n'est pas la seule.
Ici, chaque année, c'est un vivier de jeunes talents que le public a la chance de pouvoir découvrir car en plus des cours quotidiens, tous les élèves jouent au moins deux fois en concert. La journée, ils travaillent en cours et à côté, à la fois leur instrument et la musique de chambre. Au total, pas moins de dix heures de musique quotidiennes. Un lourd emploi du temps mais qui ravit les élèves : « c'est crevant mais quelle joie ! Ici, on peut jouer ensemble et il y a le challenge du concert, de l'oeuvre à monter en quelques jours. Pendant deux semaines, c'est l'effervescence ! » s'exclame Lionel Cottet, un violoncelliste suisse.
Les élèves sont six par classe, ce qui permet un travail d'autant plus rigoureux avec chaque professeur. Et tous les instruments sont représentés, ce qui est rare pour une Académie. Arto Noras, Bruno Pasquier, Michel Lethiec, François Salque, André Cazalet, le Fine Arts Quartet
un cru de professeurs exceptionnels. « Le fait de travailler avec des artistes qui ont une véritable carrière d'instrumentiste est très stimulant » poursuit Karine qui ne manque pas un concert pendant toute la durée du festival.
La qualité de cette académie, on la doit bien sûr à Michel Lethiec, directeur du festival, mais aussi à sa femme, violoniste, qui du matin au soir encadre les élèves et en prend soin comme si s'agissait de ses propres enfants. Car, qu'il s'agisse des solistes ou des élèves, Prades, c'est une grande famille.
Académie européenne de musique de Prades, en marge de la 56e édition du Festival Pablo Casals. Du 1er au 14 août 2007.
|
|
|
|
|
|
|