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CHRONIQUES
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20 avril 2024
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C’est par des extraits de l’Offrande musicale que débute le concert Bach-Messiaen du 2 août. Un concert qui se voulait un double hommage. D’abord celui du millénaire de l’élection de l’abbé Oliva par les moines de l’abbaye Saint-Michel de Cuixa (où se déroulent la majorité des concerts du festival) et celui de l’anniversaire de la naissance d’Olivier Messiaen. Le compositeur français aurait eu cent ans cette année et que rêver de plus beau dans ce cadre exceptionnel à l’architecture dépouillée que son sublime Quatuor pour la fin du temps, qu’il écrivit alors qu’il était prisonnier dans un camp allemand ?
Si l’Offrande est jouée avec franchise et luminosité, la pièce de Messiaen plonge le public ailleurs. Le long silence après l’exécution en dit long à cet égard. Une interprétation d’une grande finesse, d’une poésie inouïe, et d’une intériorité réfléchie, jamais triste ou dramatique. Apogée de ce chef-d’œuvre, sans doute le duo pour violoncelle et piano : la Louange à l’éternité de Jésus. Arto Noras et Itamar Golan y semblent dans une quête d’absolu qui dépasse l’inspiration religieuse de l’ouvrage. Le violoncelliste étire le son jusqu’à l’extrême limite, respire sans que cela s’entende. Les yeux fermés, il est ailleurs, totalement habité.
Le lendemain, c’est la même intensité qui règne dans l’église de Prades. Un concert entièrement dédié à Bach, avec à l’affiche les mêmes œuvres que Pablo Casals avait jouées ici même en 1958. D’abord la 5e suite pour violoncelle que Frans Helmerson joue dans l’esprit baroque, privilégiant les variations de couleurs, étalant la richesse de sa palette de timbres et de sonorités. Le phrasé, très ourlé, tente d’enjoliver quelque peu l’œuvre, et l’on aurait peut être aimé par moments plus de simplicité. Une sobriété que l’on a pu admirer dans le jeu du pianiste Philippe Bianconi dans le Concerto italien. Des couleurs, de la retenue, une rythmique infaillible, une fluidité dans le phrasé… Bach qui coule de source.
En clôture de soirée, la magnifique 2e suite pour flûte et cordes en si mineur, où dès l’ouverture, le décor est planté : ce sera une interprétation franche et lumineuse, dans un esprit qui privilégie là encore les contrastes, les fluctuations, l’écriture concertante. Tout l’inverse d’une lecture symphonique et lisse, au contraire une succession de tableaux à l’humeur joyeuse qui culmine dans une Badinerie finale à l’allégresse virevoltante.
Festival Pablo Casals, Prades
Samedi 2 août
Jean SĂ©bastien Bach (1685-1750)
L’Offrande musicale BWV 1079
Vincent Lucas, flûte
Olivier Charlier, violon
Philippe Muller, violoncelle
Natsuko Inoue, piano
Olivier Messiaen (1908-1992)
Quatuor pour la fin du temps
Michaela Martin, violon
Arto Noras, violoncelle
Michel Lethiec, clarinette
Itamar Golan, piano
Dimanche 3 août
Johann Sebastian Bach (1685-1750)
Suite pour violoncelle n° 5 en ut mineur BWV 1011
Frans Helmerson, violoncelle
Concerto pour clavier et cordes en la majeur BWV 1055
Bruno Rigutto, piano
Niek de Groot, contrebasse
Quatuor Artis
Quatuor Talich
Concerto italien pour clavier seul en fa majeur BWV 971
Philippe Bianconi, piano
Suite n° 2 en si mineur pour flûte et cordes BWV 1067
Vincent Lucas, flûte
Niek de Groot, contrebasse
Natsuko Inoue, piano
Quatuor Artis
Quatuor Talich
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