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CHRONIQUES
19 avril 2024

Une plongée dans l’univers du Ballet de l’Opéra

Frederick Wiseman, pionnier du cinéma documentaire, a installé sa caméra durant neuf semaines au cœur du Ballet de l’Opéra de Paris. Des ateliers de couture aux représentations publiques, la Danse nous entraîne dans les coulisses de la prestigieuse institution et nous montre le travail de tous ceux qui donnent corps au quotidien à des spectacles d’exception.
 

Le 05/10/2009
Olivier BRUNEL
 



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  • La Grande Boutique comme vous ne l’avez jamais vue. CĂ´tĂ© ballet, vĂ©ritable Ă©tat dans l’état avec sa hiĂ©rarchie pyramidale, ses rites, son mode très particulier de fonctionnement et son règlement qui s’est adaptĂ© aux temps modernes sans rien perdre d’une partie de la rigiditĂ© qu’il devait avoir Ă  sa fondation au siècle de Louis XIV. Frederick Wiseman qui a filmĂ© beaucoup d’institutions amĂ©ricaines, notamment l’American Ballet, sait de quoi il retourne et comment nous montrer les spĂ©cificitĂ©s de ce rĂ©gime Ă  la française, comme il a aussi su le faire dans un film sur la ComĂ©die-Française : la ComĂ©die-Française ou l'amour jouĂ© (1996) avec un type de fonctionnement foncièrement diffĂ©rent.

    La Danse est une grande méditation sur l’action chorégraphique, mais aussi sur la relativement courte vie professionnelle du danseur, la relativité du temps qui en découle et le regard du danseur sur la société. Aucun commentaire, sous-titrage, début d’explication, n’éclairent le spectateur non averti. Il devra se contenter des images, des quelques paroles lâchées par les danseurs (qui sont peu bavards), des chorégraphes (qui s’expriment plutôt par interjections) ou des maîtres de ballet (qui approuvent ou n’approuvent pas).

    Deux heures quarante, cela peut paraître long, mais c’est compter sans le montage qui est la pièce maîtresse du film. Beaucoup de répétitions – Wiseman avoue les préférer au spectacle fini dont la beauté est trop éphémère – avec quasiment tous les chorégraphes de toute une saison : Sasha Waltz, Wayne McGregor, Pierre Lacotte, Angelin Preljocaj, et les Étoiles, tous ou presque. Mais l’impression d’être sans arrêt en balade dans le Palais Garnier dont beaucoup d’aspects sont inconnus du spectateur.

    Aussi bien géographiquement avec ses escaliers sans fin, son lac souterrain, ses vues imprenables sur les toits et le ciel de Paris, que ce qui fait le quotidien des danseurs, sa cantine, les réunions sur leur avenir professionnel avec les représentants du personnel, les moments de détente, ceux de tension et les coulisses de la scène. La photographie est constamment splendide et quelques arrêts sur images ponctuent ce long parcours géographique.

    « Pour regarder et pour voir, il faut ne pas ĂŞtre atteint par la maladie de l’explication… qui comprend avant d’avoir vu Â» Ă©crit dans le dossier de presse Pierre Legendre, professeur Ă©mĂ©rite de droit, auteur d'un ouvrage sur la danse intitulĂ© la Passion d'ĂŞtre un autre, et d'une quinzaine d'ouvrages sur les fondements anthropologiques des sociĂ©tĂ©s d'occident. Si quelques explications permettent au spectateur non averti de se repĂ©rer dans ce dĂ©dale, c’est grâce Ă  Brigitte Lefèvre, omniprĂ©sente et omnipotente Directrice de la Danse, sur les Ă©paules de qui repose cette impressionnante pyramide.

    On comprend qu’elle doit, même si les tâches les plus administratives lui sont épargnées, avoir l’œil et l’oreille à tout et à tous et, sans relâche, trancher, décider, diriger. Wiseman la montre sans complaisance, conseillant ici, arbitrant là, mais aussi assurant le lien entre son monde et le monde extérieur, présidant un dîner de gala, toute une série de rôles en apparence très différents mais qui donnent une cohésion à sa fonction et à l’ensemble de la compagnie.

    On ne peut que conseiller de voir ce magnifique documentaire au public acquis d’avance bien sûr, mais surtout à qui est prêt à s’immerger sans préjugé dans un monde totalement inconnu. Toutes les interrogations qui pourront en naître les conduiront, qui sait, à essayer d’en savoir plus et d’y aller voir de plus près ?




    La Danse
    Ballet de l’Opéra de Paris

    Film de Frederick Wiseman

    Sortie nationale le 7 octobre
    France/USA – 2009 – 2h38 – 1.66 – Dolby SRD – couleurs – 118 742

    LISTE ARTISTIQUE
    AVEC LES ETOILES
    Emilie Cozette
    Aurélie Dupont
    Dorothée Gilbert
    Marie-Agnès Gillot
    Agnès Letestu
    Delphine Moussin
    Kader Belarbi
    Claire-Marie Osta
    Lætitia Pujol
    Jérémie Bélingard
    Mathieu Ganio
    Manuel Legris
    Nicolas Le Riche
    José Martinez
    Hervé Moreau
    Benjamin Pech
    Wilfried Romoli

    AVEC
    Les Premiers Danseurs de l’Opéra National de Paris
    Le Corps de ballet de l’Opéra National de Paris
    L’Orchestre de l’Opéra National de Paris
    L’École de danse de l’Opéra National de Paris

    LISTE TECHNIQUE
    Image : John Davey
    Son : Frederick Wiseman
    Montage : Frederick Wiseman & Valérie Pico
    Montage son : Hervé Guyader
    Mixage : Emmanuel Croset

    Produit par Idéale Audience, Françoise Gazio, Pierre Olivier Bardet, Zipporah Films, Frederick Wiseman




    Le 05/10/2009
    Olivier BRUNEL



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