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CHRONIQUES
26 avril 2024

Cadences 2009 :
Esacale Ă  Arcachon

Depuis huit ans déjà, le festival Cadences d’Arcachon accueille pêle-mêle danseurs classiques, hip-poppers et danseurs contemporains autour, voire au beau milieu de son bassin. Une manifestation originale à découvrir, dans des conditions très éloignées du traditionnel cérémonial des habituelles salles de spectacle.
 

Le 28/09/2009
François FARGUE
 



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  • Si la danse peine encore Ă  s’inventer des formes nouvelles, on sait ici et lĂ  lui trouver des espaces inĂ©dits oĂą se reprĂ©senter. Directeur artistique du festival Cadences en Arcachon, BenoĂ®t Dissaux, inspirĂ© par le cĂ©lèbre bassin, a eu l’idĂ©e d’escales qu’il nomme chorĂ©graphiques.

    Le départ est prévu sur le pont d’une jetée ; puis on vous mène en bateau vers une destination tenue secrète. À bord, une rousse aux yeux verts, la soprano Nadine Gabard, entre soudain en vocalises accompagnée de Michel Mascias, en semi-transe sur son accordéon. Le bateau s’immobilise non loin d’une barque à fond plat, outil de travail des ostréiculteurs locaux détourné temporairement de sa fonction par un couple de danseurs en jeans T-shirt. Leurs corps s’épousent et se rejettent comme la vague et le sable chaud.

    Disons-le, la danse un rien banale est ici accessoire et fait partie d’un tout. On se laisse autant bercer par la voix de Nadine, l’accordĂ©on de Michel, le clapotis de l’eau sur fond de soleil couchant et la proximitĂ© de l’île aux oiseaux. Puis passant au-dessus de nous, un grand vol en « v Â» d’oies sauvages le corps ondulant dans l’air comme dans l’eau, le cou tendu vers d’autres horizons, abolit en un instant toutes gesticulations humaines et produit Ă  son insu l’un des temps forts du festival.

    Le lendemain, nous accostons sur l’une des nombreuses plages et allons nous attrouper assis par terre autour d’une mini-scène pour assister à deux mini-pièces interprétées par une poignée de danseurs du ballet voisin de Bordeaux. Douce mélancolie pour commencer ; un titre bien mièvre de Marc-Emmanuel Zanoli pour six interprètes.

    Les filles sont bien jolies mais chez les garçons un rien fluets les mentons se tendent, les bouches s’entrouvrent, les gestes s’étirent un peu sans raison. On se bute ici à l’écueil d’un néo-classique qui se veut inspiré. Triphase, en revanche, joli duo d’Emmanuel Grizot, jouit de deux interprètes parfaits dont le très expressif Alvaro Pinera Rodriguez.

    On devait retrouver un peu plus tard le même dimanche le Ballet de Bordeaux dirigé par l’Étoile Charles Jude, mais cette fois au Théâtre de la Mer, une scène plantée en plein air avec vue sur les eaux plates comme un lac et semées de petits voiliers. Au programme, deux pièces de Brumachon, dont un duo mixte, les Indomptés, remarquablement interprété par le jeune et blond Vladimir Ippolitov et une très belle danseuse qui restera innommée – un conseil pour l’année prochaine, il serait judicieux de distribuer une feuille de salle avec le nom des danseurs.

    Jude présentait également sa Nuit de Walpurgis quelque peu grandiloquente pour être vue de si près ainsi que la coda de Don Quichotte avec Igor Yebra, beau mâle ibérique malheureusement à l’étroit sur la petite scène de la Mer et, perle de la compagnie, la très belle et fabuleuse Ukrainienne Oksana Kucheruk. Oksana est une merveille tant dans le rôle de Kitri qu’au final dans In the Middle dans le rôle de Guillem où ses sourires mesurés, ses exquises ondulations dorsales et ses dégagés malicieux sont autant d’envoûtements.

    On ne songe plus qu’à courir à Bordeaux pour l’admirer sur une vraie scène. C’est en effet une gageure extrême d’interpréter du classique voire du Forsythe ainsi collés au public sans que la distance puisse dissimuler les quelques rictus inévitables d’effort des interprètes et sans une lumière appropriée.

    In the Middle repose sans nul doute sur la subtilité de ses éclairages. Ici on découvre crûment le vert émeraude des costumes qui n’est d’ailleurs pas désagréable et pour tout dire, la troupe entière se sort de tous ces handicaps, proximité du public, étroitesse de la scène, tapis de sol et plateau moyens, plus qu’honorablement.

    Le festival se clôturait après cinq jours de spectacles en tous genres, le plus souvent en plein air, le dimanche 27 septembre à couvert à l’Olympia d’Arcachon, théâtre à la façade mi-ancienne mi-contemporaine extrêmement réussie, avec Carmina Burana de la Taïwanaise Mei Hong Lin interprété par une vingtaine de danseurs du Staatsheater Darmstadt.

    Le pire était à prévoir si l’on songe à l’emphase chorégraphique qu’a pu déjà inspirer l’œuvre archi connue de Carl Orff. Mei Hong Li sort plus bien sa carte du jeu en optant pour celle d’une danse-théâtre certes un rien floue mais interprétée par une troupe juste et puissante dominée par un démiurge gothique, grand ordonnateur de ces corps dansants.

    Lin est aussi passée par Pina Bausch et cela se voit. On goûtera ainsi diversement les incursions facétieuses des danseurs dans la salle ou les jets de cœurs phosphorescents lancés aux spectateurs comme des cacahuètes aux mandrills. Mais ce furent autant de respirations nécessaires à une danse d’une tonicité parfois déconcertante.




    Festival Cadences d’Arcachon, du 22 sept au 27 sept 2009
    Les Escales Chorégraphiques
    Ballet de l’Opéra National de Bordeaux
    Staatstheater Darmstadt




    Le 28/09/2009
    François FARGUE



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