|
|
CHRONIQUES
|
24 avril 2024
|
|
Concert surprise au Cirque, révélation d’instrumentistes majeurs, les Flâneries de Reims poursuivent un itinéraire sans précédent avec des concerts pour la plupart gratuits. Ils sont capables de happer la curiosité de touristes qui, venant du nord, s’arrêtent un instant dans la capitale du champagne avant de repartir, repus de musique, vers le midi.
Concoctées par Hervé Corre de Valmalète, les Flâneries ont mis en apogée des artistes parfois intimistes comme la guitariste Filomena Moretti, actuellement en tête des ventes de disques classiques. C’est également à Reims que Nemanja Radulovic, violoniste français d’origine serbe, a pris son envol. Ces prochains jours, cet artiste étonnant va montrer qu’il a encore d’autres cordes à son art de violoniste. Récemment acclamé par le public lors d’un concert symphonique, après trois bis, ne sachant plus que jouer à des spectateurs enthousiastes, il a saisi le violoncelle d’un artiste de l’orchestre et joué une sarabande de Jean-Sébastien Bach.
Radulovic, ne fait pas beaucoup de différence entre les instruments à cordes et, ces jours prochains, les Flâneries vont l’entendre dans des pièces pour un alto qui vient de lui être construit sur mesure. Installé dès l’adolescence en France, il connaît un succès considérable en Europe et en Asie. La France, son pays d’accueil, est attentiste. Comme si la flamme qui brille dans son regard, ses cheveux longs d’adolescent, ses jeans serrés et ses baskets de rocker stupéfiaient avant que de séduire. On l’attend avec impatience dans le Double concerto de Brahms aux côtés de la violoncelliste Anne Gastinel et de l’Orchestre national de Belgique sous la direction de Walter Weller (le 6 juillet).
Dans la somptueuse basilique Saint-Rémi à l’acoustique étrange et envoûtante, Hervé Corre avait ouvert son festival avec le Requiem de Mozart. La nef et les bas-côtés étaient évidemment pleins pour une partition qui fascine depuis plus de deux siècles. L’Orchestre était celui de La Grande Écurie et la Chambre du Roy associé au chœur Nicolas de Grigny, tous sous la direction de Jean-Claude Malgoire : un éblouissement de sensibilité et d’émotion avec un zeste d’étonnement.
À la fin de la partition inachevée de Mozart, Malgoire conclut avec le Libera me composé par Sigismund Neukomm. Ce compositeur autrichien fut naturalisé français par Talle. Introduit dans toutes les cours européennes ainsi qu’au Brésil, il demeure une énigme musicale et historique. Certes, notre ami le musicologue et journaliste Marc Vignal a essayé de le percer à jour. D’un talent inouï, sans doute Neukomm était-il un espion à la solde de Talleyrand ? Quel magnifique sujet de roman et de scénario !
Tous ces prolongements ultra musicaux fourmillent dans ce festival hors normes qui évidemment, parce que c’est à Reims, pétille de mille inventions.
Les Flâneries de Reims, jusqu’au 21 juillet, www.flaneriesreims.com.
|
|
|
|
|
|
|