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CHRONIQUES
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23 avril 2024
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Les festivals, prolongations de saisons de plus en plus riches et longues, sont devenus propices aux annulations. Certains artistes souvent fatigués ne tiennent pas leurs engagements et Verbier en a subi les conséquences d’une façon particulièrement intense pour sa dix-septième édition.
Très attendue pour deux concerts, Hélène Grimaud a fait faux bond et particulièrement déséquilibré la programmation de la fin du Festival. C’est à Nicholas Angelich, ayant son propre programme bien chargé, qu’est incombé le soin de la remplacer dans le récital qu’elle devait donner avec le violoniste grec Leonidas Kavakos.
Deux sonates de Schumann et Brahms ont remplacé le programme initialement prévu et on imagine bien que le peu de préparation était en partie responsable d’une certaine raideur dans le jeu de Kavakos et du peu de distance pris par rapport à la partition par Angelich. Le meilleur moment du concert et certainement le mieux préparé était le Deuxième Trio de Brahms pour lequel s’était joint à eux le violoncelliste suédois Frans Helmerson.
Bel équilibre et fusion totale des trois instrumentistes ont assuré un franc succès et fait oublier aux inconditionnels la défection de leur pianiste préférée. Brahms aussi mais avec son Quintette pour piano et cordes en fa mineur ouvrait le quatrième concert de la série Rencontres inédites.
Cinq individualités aussi fortes que Natalia Gutman, Christian Zacharias, Henning Kraggerud (remplaçant Joshua Bell, autre défection de la saison), Kirill Troussov et Lawrence Power ne se fondent pas aussi docilement dans le moule d’une œuvre aussi élaborée, un des chefs-d’œuvre de la musique de chambre, mais peuvent donner une interprétation passionnante en empoignant la musique à un tel degré d’énergie et de détermination.
La deuxième partie du concert permettait à Christian Zacharias de démontrer son talent de chef d’orchestre à la tête du Verbier Festival Chamber Orchestra avec une Symphonie n° 38 de Haydn parfaitement en place. Son dernier mouvement réserve une farce bien dans le style du compositeur avec une fausse fin et l’intervention d’un claveciniste (l’admirable Masaaki Suzuki) jouant un ébouriffant solo à découvert avant que l’orchestre ne plaque ses accords finaux et définitifs.
Depuis qu’ils ont remporté en 2008 le Prix d’honneur de la Verbier Festival Academy, les quatre musiciens du Quatuor Ebène se produisent au festival. Ce jeune quatuor qui avait donné l’an dernier le programme de son enregistrement Ravel, Debussy, Fauré (EMI) est revenu avec deux programmes consacrés à la confrontation entre les quatuors de Bartók et Beethoven, deux extrêmes du genre. S’ils sont en progrès sur le phrasé, ils confirment un certain décalage noté l’an dernier entre l’alto Mathieu Herzog et le violoncelliste Raphaël Merlin, deux solistes aux sonorités et présences exceptionnelles, et la relative faiblesse des deux violons Pierre Colombet et Gabriel Le Magadure, moins brillants et connaissant parfois des problèmes de justesse.
Beaucoup plus à l’aise chez Bartók (le Deuxième Quatuor est remarquable de tenue et d’équilibre, comme de virtuosité) que chez Beethoven où ils ont encore beaucoup à apprendre, ils réussissent cependant un beau marathon avec deux concerts complets dans la même journée.
Verbier, Église, 29 juillet à 20h
Robert Schumann (1810-1856)
Sonate pour violon et piano n° 1 en la mineur op. 105
Johannes Brahms (1833-1897)
Sonate pour violon et piano n° 2 en la majeur op. 100
Trio pour piano, violon et violoncelle n° 2 en ut majeur op. 87
Nicholas Angelich, piano
Leonidas Kavados, violon
Frans Helmerson, violoncelle
Verbier, Salle des Combins, 30 juillet Ă 19h
Johannes Brahms (1833-1897)
Quintette pour piano et cordes en fa mineur, op. 34
Henning Kraggerud, Kirill Troussov, violon
Lawrence Power, alto
Natalia Gutman, violoncello
Christian Zacharias, piano
Joseph Haydn (1732-1809)
Symphonie n° 38 en ut majeur
Verbier Festival Chamber Orchestra
Masaaki Suzuki, clavecin
Christian Zacharias, direction
Verbier, Église, 30 juillet à 11h
BĂ©la BartĂłk (1881-1945)
Quatuor à cordes n°2 en la mineur Sz 67
Ludwig van Beethoven (1770-1827)
Quatuor à cordes en fa majeur op. 59 n° 1
Quatuor Ebène
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