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CHRONIQUES
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28 mars 2024
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Cette année Barbara Bonney, Angelika Kirschlager, Tim Carroll et Dennis O’Neill coiffaient la section chant de la Verbier Festival Academy. Le spectacle de fin de stage ne manquait pas d’ambition avec le choix de la Bohème de Puccini avec quelques coupures et une réduction de la partie orchestrale pour dix instruments sous la direction d’Ilych Rivas.
Ce jeune chef d’origine vénézuélienne a reçu cette année le Prix Julius Bär (anciennement Prix d’honneur). L’entrain et le professionnalisme qui règnent dans ce spectacle sont contagieux dans une église archi pleine dont on a dû laisser les portes ouvertes à la fois à cause de la chaleur et pour permettre à quelques spectateurs sans billet d’entendre de l’extérieur.
Ayant répété sans accessoires, les chanteurs cherchent parmi l’assistance les quelques objets permettant donner un peu plus de clarté à leur jeu. Deux tables et trois chiffons en disaient long sur les budgets souvent inutilement ruineux des maisons d’opéra…
Dans cette distribution forcément inégale car certains chanteurs ont déjà une activité professionnelle, on distingue le Schaunard de Cozmin Sime, la Musetta de Netta Or et le Marcello d’Owen Gilhooly. De moyens un peu légers pour l’écrasant rôle de Rodolfo, Carlos Osuna s’en tire cependant assez bien et la Mimi de Narine Ojakhyan, quoiqu’un peu gênée dans les aigus, est très crédible et émouvante. Mais, répétons-le, il s’agit d’un spectacle de fin de stage et le public est aux anges !
Une des plus grandes déceptions de cette dix-septième édition aura été l’annulation du récital prévu de Rolando Villazón accompagné par Hélène Grimaud. Mais le directeur général et fondateur du Festival, Martin Engstroem, réputé pour son sang froid et la qualité de son carnet d’adresses, a eu l’idée de demander à Plácido Domingo de lui conseiller quelques lauréats de son Concours Operalia qui chaque année depuis 1993 distingue les voix qui seront les têtes d’affiche du futur.
Trois lauréats des crus 2007 et 2009 ont été invités, tous déjà bien lancés dans leurs carrières respectives. Accompagnés au piano par la pianiste française Sarah Tysman, ils ont donné une soirée de chant à un très haut niveau qui valait bien un récital à l’affiche alléchante… Les grands airs du répertoire se sont succédés et ont permis d’apprécier trois fortes personnalités.
Le ténor grec Dimitrios Flemotomos (Prix du public Operalia 2009), s’il montre trop ses limites dans l’air de la Fleur de Carmen, est très convaincant dans le Kuda, kuda d’Eugène Onéguine. Le baryton italien Marco Caria (Prix du public Operalia 2007) a des moyens lui permettant d’aborder de grands rôles verdiens et la soprano américaine Angel Blue (Prix Zarzuela Operalia 2009), avec une personnalité et une versatilité plus fortes, se distingue dans Juliette, Violetta, Musetta et un très bel air de zarzuela de Chapì.
La ci darem la mano de Don Giovanni chanté en trio avec une Zerlina hésitant entre ténor et baryton achevait cette belle soirée dans la bonne humeur et probablement pour beaucoup dans l’oubli de la frustration du récital annulé.
Verbier, Église, 31 juillet à 14h30
Giacomo Puccini (1858-1924)
La Bohème
Ilych Rivas, direction
Caroline Dowdle, coordinatrice
Tim Carroll, mise en scène
Chanteurs et instrumentistes de la Verbier Festival Academy
Verbier, Salle des Combins, 31 juillet Ă 19h
Œuvres de Verdi, Puccini, Rossini, Bizet, Gounod, Tchaïkovski, Sorozabal, Chapì, Tosti, Mozart
Angel Blue, soprano
Dimitrios Flemonotos, ténor
Marco Caria, baryton
Sarah Tysman, piano
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