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CHRONIQUES
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26 avril 2024
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Le pianiste François-Frédéric Guy, le violoncelliste Marc Coppey et de nombreux interprètes français étaient ce week-end sur les bancs du public à écouter les leçons d’un maître de 79 ans. Lauréat du prix Marguerite Long en 1955, Dimitri Bashkirov a formé des générations de pianistes et dirige actuellement l’École de musique Reina Sofia à Madrid. Lundi, avant de faire écouter ses derniers élèves, il a ouvert son album de photos.
Du chef sir John Barbirolli au pianiste Sviatoslav Richter en passant par le violoniste Isaac Stern, toutes les gloires musicales du siècle l’ont côtoyé. Parmi cette multitude de photos, l’une est particulièrement attachante. On y voit dans son appartement de Moscou, alors qu’il n’était pas autorisé à quitter l’URSS, un piano et deux jeunes gens jouant à quatre mains : Daniel Barenboïm et Murray Perahia.
Bashkirov a, de près ou de loin, influencé les grands pianistes de notre époque. Il a formé nombre d’entre eux. La gloire montante du piano français, David Kadouch, passe, en dehors de l’enseignement qu’il reçoit au Conservatoire de la Villette, une semaine par mois auprès de Bashkirov à Madrid.
Pourquoi Bashkirov, en quittant la Russie, s’est-il installé à Madrid ? Il répond par une pirouette ! Visage émacié et petite barbe, il montre une reproduction d’un portrait du Greco : « On m’a dit que je lui ressemblais », raconte-t-il tout en confiant qu’il est amoureux des musiques françaises, espagnoles et allemandes, l’école russe ne venant qu’après.
Parmi les quelques conseils qu’il donne à ses élèves, il insiste sur une exécution vivante et spontanée. « La musique est le miroir du monde et le monde est vivant, excessivement varié en couleurs et en humeurs ». Que pensent ses élèves de leur professeur ? « Il est connu pour sa franchise souvent brutale. Il n’enrobe pas ses remarques de circonlocutions diplomatiques » soupire l’un d’eux. « Un élève accompli est un élève qui n’a plus besoin de lui. Mais je l’appelle toujours avant et après mes concerts », dit David Kadouch (25 ans).
Outre le jeune Français, Bashkirov a fait entendre plusieurs de ces élèves, notamment le russe Stanislav Ioudenitch (29 ans) au jeu qualifié d’électrique par Daniel Barenboïm. Autre révélation, le Madrilène de 33 ans, Luis Fernando Pérez qui a donné une flamboyante interprétation d’Asturias d’Albéniz. Ces deux pianistes ne sont pas totalement inconnus en France. Ils ont joué à la Roque d’Anthéron et à la Folle journée de Nantes. Ils prennent aujourd’hui leur envol.
Maestros and Friends, Théâtre des Bouffes du Nord, Paris .
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