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CHRONIQUES
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20 avril 2024
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Cette année, René Martin, l’initiateur du projet, a choisi comme thème la musique germanique postromantique. Sous le nom les Titans, il s’agit d’écouter les œuvres des grands symphonistes Brahms, Liszt, Mahler, Schoenberg et Strauss. Voici un parcours d’une journée à Cholet, samedi dernier : entre 14 h et 19 h 30, cinq concerts, soit un marathon titanesque.
14h – Un requiem allemand à l’Église Saint-Pierre
Les cinquante chanteurs de l’Ensemble choral espagnol Le Coral Carmina se jettent avec ferveur dans cette œuvre humaniste dont le livret a été écrit par Brahms lui-même à partir de textes de la Bible luthérienne. Pas d’orchestre, c’est la version pour piano à quatre mains qui a été choisie. Et le souffle poétique de cette œuvre grandiose n’en ressort que mieux, surtout à travers la voix émouvante de la soprano Martha Matheu, lauréate du concours de chant Montserrat Caballé.
Cette œuvre est longue. À peine la dernière note entendue, une partie du public qui regarde depuis longtemps ses montres se lève et fonce. « Pas le temps d’applaudir et je vais zapper la Chapelle Saint-Louis », commente une dame. Là en effet a commencé à 15 h un concert de la Maîtrise du Conservatoire de Cholet. Ce Conservatoire a pris un large essor depuis la création de la Folle Journée et justifie à lui seul la manifestation.
15 h 30 – Mahler et Schoenberg avec l’Orchestre d’Auvergne
La salle Interlude où se déroule le concert a la charmante silhouette d’un hangar en zone industrielle. Elle remplace le théâtre de Cholet en travaux de rénovation. Peu importe une acoustique détestable, l’Orchestre d’Auvergne, sous la direction précise de son chef Arie van Beek, arrive à communiquer sa passion à travers deux œuvres intenses, l’Adagietto de la Cinquième Symphonie de Mahler et la Nuit transfigurée de Schoenberg.
Le public fait une ovation aux musiciens, d’autant plus longue qu’il n’a pas à courir à l’autre bout de la ville. Le concert suivant est dans la même salle. Il lui faut seulement sortir quelques instants et faire à nouveau la queue. Dans la file, les spectateurs échangent des conseils et des pronostics sur les manifestations du lendemain où celles d’autres villes de la région.
17 h – Dalberto remplace Iddo Bar Shai
Le pianiste israélien annoncé est remplacé par l’une des vedettes françaises du clavier, Michel Dalberto. Il est attendu par le Quatuor Ysaye pour le Quintette pour piano et cordes de Brahms : déchaînement des spectateurs.
18 h – Le trio Wanderer à la Chapelle Saint-Louis
Magnifiquement restaurée, cette ancienne église possède une acoustique rayonnante qui convient à merveille au Trio Wanderer. Pour une fois, nos trois randonneurs – puisque tel est leur nom – doivent patienter et attendre que les spectateurs, également randonneurs, reviennent de la salle Interlude. L’église est trop petite et le public se pose où il peut pour entendre cette formation qui, depuis la disparition du prestigieux Beaux-Arts Trio voilà deux ans, est désormais la meilleure. Les Trios n° 2 et n° 3 de Brahms sont ciselés avec magnificence.
Cinq concerts en cinq heures, il est temps de souffler. Ce marathon du public, courant de concert en concert est le propre de la Folle Journée. « Une telle masse de public donne du baume au cœur », commente Vincent Coq, le pianiste du Trio Wanderer. « Le thème est important. Cette année, le choix des Titans est une idée fédératrice. Mais le plus important à la Folle Journée, c’est que les spectateurs viennent en famille. Ils sont enthousiastes et sans a priori. L’accueil est convivial et, pour les musiciens, la Folle Journée, que se soit à Nantes ou en région, nous donne l’occasion de rencontrer d’autres musiciens que l’on n’a pas vus depuis longtemps. C’est une fête. »
Cette fête, René Martin l’exporte en Espagne, à Bilbao, à Tokyo où c’est le plus important événement musical de l’année. Et dans ses perspectives s’inscrivent le Canada et la Chine.
La Folle Journée en région des Pays de la Loire du 28 au 30 janvier et à Nantes du 2 au 6 février
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