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CHRONIQUES
25 avril 2024

Montpellier Danse 2011 :
L’été des chorégraphes israéliens

© Christoffer Askman

Animal Lost

Le Festival Montpellier danse 2011, dédié au président de région récemment disparu George Frêche, s’est ouvert avec un panorama de jeunes compagnies de danse israéliennes – pas moins de huit sont à l’affiche – et se poursuit avec une nouvelle thématique : le cirque. Début de manifestation agité par une manifestation et programmation passionnante.
 

Le 04/07/2011
Olivier BRUNEL
 



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  • Le dĂ©but de cette 31e Ă©dition, dĂ©diĂ©e Ă  Georges FrĂŞche rĂ©cemment disparu, aura cependant Ă©tĂ© chaud, car les militants des mouvements pro-palestiniens de Montpellier se sont mobilisĂ©s contre le choix de Jean-Paul Montanari et ont perturbĂ© l’entrĂ©e du premier spectacle de cette sĂ©rie par le chorĂ©graphe israĂ©lien Ohad Naharin et sa compagnie Batsheva Dance.

    Le spectacle même a été chahuté avec l’intrusion sur scène de deux manifestants venus par les toits. Si Naharin, qui est largement joué sur toutes les scènes de danse contemporaine européennes, fait figure d’institution, il n’en est pas de même des plus jeunes chorégraphes dont nous avons pu voir le travail les jours suivants.

    Niv Sheinfeld et Oren Laor, tous deux de Tel Aviv, ont présenté deux premières françaises. Big Mouth est une variation pour trois danseurs, eux deux et Keren Levi, sur une série de pas de défilé militaire avec une femme qui semble avoir du mal à rentrer dans le rang. Au comble de l’exaltation sur une marche militaire, elle se fige et ouvre grand la bouche en un cri (d’où le titre) qui laisse place à des pas beaucoup plus assouplis et l’apparition d’une vraie détente.

    Covariance est un duo amoureux à la chorégraphie plus gymnique et moins originale sur des valses de Chopin. Chez ces chorégraphes, on sent la pression d’une société dans un pays toujours en guerre depuis sa création où la chorégraphie est une échappatoire à la pression ambiante et pour ces artistes un moyen de s’exprimer dans l’urgence.

    Présenté comme première française aussi au beau Théâtre de Grammont à la périphérie de Montpellier, Animal Lost est un beau divertissement pour six danseurs signé Yossi Berg et Oded Graf qui sont lancés autant en Israël que sur les scènes mondiales. Débutant bien, avec un striptease dans un esprit potache avec des personnages habillés de tête d’animaux, il ne tient cependant pas la distance sur la longueur avec des scènes longuettes de danse à la Jérôme Bel, et de petits gags qui font long feu.

    Très attendue, la création française d’Emanuel Gat, Brilliant Corners, au Théâtre de l’Agora, donnée quelques jours après sa création mondial à la Biennale de Venise en juin. Bien que sa démarche artistique ne soit pas la même que celle des jeunes chorégraphes israéliens, Gat né en 1969 en Israël et basé à la Maison de la danse intercommunale d’Istres en Provence, fait figure d’invité d’honneur dans ce festival où il revient après le succès de sa pièce Silent Ballet en 2008 et auréolé de son récent travail avec le Ballet de Genève sur le Clavier bien tempéré de Bach.

    Brilliant Corners se réfère à la musique de Thelonius Monk qu’elle n’illustre cependant pas, la partie musicale étant un collage réalisé par le chorégraphe lui-même et une grande partie, la plus impressionnante, se déroulant dans le silence. Il est difficile dans cette abstraction totale qui se déroule et dont la forme est ponctuée de solos, duos, trios où les danseurs, issus de divers horizons chorégraphiques montrent au mieux qu’ils peuvent leur savoir faire personnel, d’y retrouver les affirmations du chorégraphe, à savoir que sa pièce pose la question de comment un processus engendre un environnement et quelles sont les forces qui génèrent la structure.

    Éternelle dualité entre le discours d’un créateur et le résultat observé… Beau travail d’ensemble et individuel de la part de chaque soliste, Brilliant Corners laisse cependant une impression d’inabouti et de froideur derrière tout ce que l’on a pu y admirer. Ce spectacle sera présenté à Paris Quartiers d’été en août, à Berlin, Londres, Stockholm, Anvers avant de revenir en France au Pavillon noir d’Aix-en-Provence en février 2012.

    Pas plus de message lisible dans le très questionnant spectacle de Phia (ex Philippe) Ménard, qui s’inscrit dans la partie consacrée cette année aux arts du cirque par Montpellier Danse, pas le cirque traditionnel, certes, mais des formes marginales comme l’acrobatie représentée par cette artiste avec P.P.P. (Position Parallèle au Plancher) un spectacle venu du froid.

    Sur une petite scène entièrement frigorifiée et entourée de blocs, pics, boules de glace et de trois armoires réfrigérées de taille géante, l’acrobate à peine emmitouflée (au contraire des spectateurs protégés par des couvertures) jongle avec tous les aspects de la glace, solide, pilée, fondue et même parfois au péril de sa vie avec des boules de glace suspendues au plafond qui s’écrasent à intervalles irréguliers sur la scène.

    L’énergie développée par cette artiste pour transformes, déplacer, recycler toutes cette glace est stupéfiante et passionne les yeux pendant une grande heure. Métaphore souhaitée entre la transformation de l’identité sexuelle du jongleur et celle vécue par le corps, la glace est dans le regard des autres un substitut du corps en ce qu’il provoque d’attirance et répulsion dans cette situation donnée.

    Là aussi le message n’apparaît pas de façon lumineuse mais le spectacle est assez fascinant pour qu’on en ressorte convaincu au moins de la valeur de l’enjeu et du défi. Une belle réussite !




    Festival Montpellier danse 2011
    1er, 2 et 3 juillet, Montpellier, Agora et Théâtre de Grammont




    Le 04/07/2011
    Olivier BRUNEL



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