|
|
CHRONIQUES
|
26 avril 2024
|
|
Ni les treize degrés affichés par le thermomètre ni la pluie tombant en rafales continues depuis le matin n’ont découragé les amateurs de musique de venir de toute la région écouter le pianiste Wilhem Latchoumia. La très vaste grange du beau Manoir de Soisay, proche du village de La Perrière, était donc pleine pour ce programme très ensoleillé, lui, puisque consacré à des compositeurs d’Amérique du Sud. De quoi se réchauffer, au moins virtuellement.
Formé au Conservatoire national supérieur de Lyon, élève notamment d’Éric Heidsieck, Wilhem Latchoumia est de ces pianistes qui pratiquent avec le même enthousiasme tous les styles de musique, y compris la plus avancée, comme celle de John Cage par exemple.
Très belle technique généreusement structurée sur un rapport en profondeur avec le clavier et animée par une grande habileté digitale, sonorité riche et ample mise en valeur par la belle acoustique de cette grange aux étonnantes proportions, il manifeste un évident plaisir à commenter ce qu’il joue avant de s’y lancer avec enthousiasme.
Villa-Lobos, Jorge MartĂnez, compositeur uruguayen mort assassinĂ© en 2003, Alberto Ginastera, mais aussi des musiques plus anciennes, comme celles de Mateo AlbĂ©niz prĂŞtre et auteur de pièces pour clavecin et pianoforte mort en 1831 Ă ne pas confondre avec Isaac AlbĂ©niz et de Padre Soler, constituent un programme variĂ©, souvent Ă©tincelant de virtuositĂ©, toujours haut en couleurs, dĂ©bordant de vie et de rythmes.
Le beau tempérament de cet artiste s’exprime avec une verve et un engagement très appréciés, apportant, tout comme le concert de Sonia Wieder-Atherton, des instants d’une intéressante diversité dans la programmation du festival.
L’ultime concert de cette édition se déroulait dans la jolie église du village de La Mesnière où naquirent les Musicales il y a vingt-six ans. C’est un retour à quelques pages du grand répertoire plus traditionnel, Mozart, Beethoven et Schubert par l’excellent Quatuor Sine Nomine.
Les églises à nef unique fréquentes dans la région ont l’avantage d’avoir une acoustique qui ne tourne pas et ne se perd pas sous de trop hautes voûtes. La sonorité franche, aux couleurs bien frappées des quatre musiciens, leur parfaite cohésion et leur lecture stylistiquement inattaquable rend très claire cette évolution de la forme et de la sensibilité, du Quatuor K. 80 de Mozart à La jeune fille et la mort de Schubert, en passant par le Troisième Quatuor de Beethoven.
Beaucoup de rigueur et une lecture aussi sensible qu’intelligente de ces pages théoriquement proches par la forme mais tellement différentes par ce qu’elles expriment, un point final à la hauteur de cette inventive programmation 2011 des Musicales de Mortagne-au-Perche.
Manoir de Soisay, samedi 16 juillet
Musiques d’Amérique du sud
Mateo Albéniz (1755-1831)
Sonate en ré majeur
Padre Antonio Soler (1729-1783)
Sonate en ré majeur
Heitor Villa-Lobos (1887-1959)
Pièces pour piano
Jorge Lobito MartĂnez (1952-2003)
Juegos de niños
Alberto Ginastera (1916-1983)
Danza argentina n° 2
Wilhem Latchoumia, piano
Église de La Mesnière, dimanche 17 juillet
Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791)
Quatuor à cordes n° 1 en sol mineur K. 80
Ludwig van Beethoven (1770-1827)
Quatuor à cordes en ré majeur op. 18 n° 3
Franz Schubert (1797-1828)
Quatuor à cordes n° 14 en ré mineur D. 810
Quatuor Sine Nomine
|
|
|
|
|
|
|