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CHRONIQUES
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27 avril 2024
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Debussy n’aura passé qu’un seul été sur la Côte Basque, à Saint-Jean-de-Luz en 1917, à la toute fin de sa vie. Mais il était lié avec de nombreuses personnalités qui y séjournaient régulièrement ou en étaient originaires tels Ravel, Chausson, Durand son éditeur, Marguerite Long.
Il y donna cependant ses deux derniers concerts à Saint-Jean-de-Luz et à Biarritz. Tout cela justifiait entièrement ce choix et la très ambitieuse programmation consacrée à Debussy, aux musiciens de son temps et aux nombreuses correspondances entre le chef de file de la musique française de cette époque avec eux et même des compositeurs plus tardifs tels Szymanowski et le Père Donostia.
Si les pianistes ont largement rendu hommage aux deux livres de Préludes et les chambristes à l’ensemble de sa production instrumentale, le concert au programme le plus original réunissait le flûtiste Philippe Bernold, le jeune harpiste Emmanuel Ceysson, premier soliste de l’Orchestre de l’Opéra de Paris, la pianiste Ariane Jacob, l’altiste roumain Vladimir Mendelssohn et la comédienne Irène Jacob pour une Soirée chez Debussy.
Au programme bien sûr, le monument de la production chambriste de Debussy qu’est la Sonate pour flûte, alto et harpe mais aussi la transcription que fit Jean-Michel Damase pour la même formation de la Suite bergamasque. Deux grands moments de complicité musicale comme ne peuvent en donner que la connivence et le travail.
Peu flattée par l’acoustique du Théâtre du Casino, Ariane Jacob a joué trois des Préludes, exercice obligé certes, mais petite pause dans l’originalité d’un programme qui réservait comme surprise la version pour flûte et piano du Prélude à l’après-midi d’un faune (réalisée par Samazeuilh) magnifiquement interprétée par Philippe Bernold.
Encore plus rare, la présence de l’excellente Irène Jacob qui, à l’intelligence du texte, ajoutait une participation physique très prenante, pour la rarissimement donnée version pour flûte et récitante du Syrinx et une transcription par Lensky des trois Chansons de Bilitis pour récitante, flûte et piano.
Le lendemain, c’est un programme plus classique mais formidablement équilibré que le pianiste Jean-Yves Thibaudet donnait quasiment chez Ravel, en l’église de Ciboure. Magnifique monument de spécificité basque, elle réservait tout de même quelques pièges acoustiques privant les auditeurs de quelques couleurs et absorbant en partie la très belle sonorité caractéristique du jeu de ce pianiste.
Particulièrement dans le Livre II des Préludes dont les traits virtuoses de Feux d’artifice, les effets sonores raffinés de Brouillards, les subtilités de Tierces alternées disparaissaient un peu dans les hauteurs de la nef. La seconde partie qui, hormis l’Isle Joyeuse, offrait de belles surprises dans les coloris et l’équilibre des plans sonores de la Suite bergamasque et surtout des trois Estampes dont La soirée dans Grenade fut un grand moment.
À égalité avec la Pavane pour une infante défunte car Jean-Yves Thibaudet n’avait pas voulu terminer ce superbe récital (exercice dans lequel il est assez rare en France) sans rendre hommage à Maurice Ravel dont la maison natale était à quelques mètres de l’église.
05 septembre, Casino de Biarritz :
Soirée chez Debussy
Claude Debussy (1862-1918)
Suite bergamasque pour flûte, alto et harpe
(Transcription de Jean-Michel Damase)
Prélude à l’après-midi d’un faune
(Version pour flûte et piano de Gustave Samazeuilh)
Syrinx pour flûte et récitante
Trois Chansons de Bilitis pour flûte, piano et récitante
(Transcription de K. Lensky)
Préludes pour piano :
… Danseuses de Delphes
… Les Collines d’Anacapri
… Ondine
Sonate pour flûte, alto et harpe
Philippe Bernold, flûte
Vladimir Mendelssohn, alto
Ariane Jacob, piano
Emmanuel Ceysson, harpe
Irène Jacob, récitante
06 septembre, Église de Ciboure
Claude Debussy (1862-1918)
Préludes, livre II
Suite Bergamasque
Estampes
L’Isle Joyeuse
Jean-Yves Thibaudet, piano
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