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CHRONIQUES
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28 mars 2024
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Pour assister tranquille à Preparatio Mortis, pièce pour une danseuse crée en 2010 à Avignon, mieux vaut ne pas être allergique aux pollens ! Jan Favre a placé sur scène une tombe recouverte de fleurs fraîchement coupées, très colorées, qui jonchent aussi le sol de la scène par centaines, peut être un millier.
Dans le noir s’élève une musique d’orgue assez funèbre, dans le grand style du XIXe siècle. Suivent d’autres pièces de factures très diverses. Le projet musical est de Bernard Foccroulle avec qui tout à démarré en 2005 à Avignon avec la danseuse Annabelle Chambon dansant sur une seule pièce de quinze minutes avec le compositeur à l’orgue, puis s’est étoffé ensuite jusqu’à donner l’équivalent d’un grand récital d’orgue d’une petite heure dont la teneur semble changer selon les circonstances mais dont malheureusement le programme ne signale ni les œuvres, ni par qui elles sont jouées…
Dans cette atmosphère solennelle, on voit le couvercle de la tombe frémir et en sortir d’abord la main puis le corps entier de la danseuse qui exécute au sol une danse féline, énergique, hésitant entre sensualité et morbidité. Elle brasse allégrement les fleurs, les jette, puis rentre dans cette tombe de verre où elle repose parmi quelques papillons, dessine sur les parois de verre, bouge encore avant de gésir tout à fait.
C’est certainement la pièce la plus calme et spirituelle du trublion anversois si décrié pour ses spectacles qui font régulièrement scandale convoquant le sang, l’urine, les crachats et autres provocations. Un très beau moment de danse et de musique superbement interprété par Lisa May.
Créée à Taïwan et présentée en France au dernier festival de Montpellier, Yo Gee Ti, la dernière pièce de Mourad Merzouki, un des meilleurs ambassadeurs de la danse contemporaine française issue du hip-hop, est une pièce virtuose et ludique à la fois. Une réserve pour le choix musical très hétéroclite et pas toujours de bon goût.
Merzouki avait eu la main plus heureuse avec Agwa, son spectacle brésilien, sans parler de Debussy pour le spectacle Boxe, boxe. En revanche, grâce à la collaboration avec le styliste taïwanais Johan Ku, l’œil est à la fête. La laine est à l’honneur pour les costumes, tous magnifiques et dans leur complexité un véritable défi pour les danseurs. Des rideaux de fils de cordes tressées servent aux interprètes à faire des lignes, à s’enrouler, à se diviser.
Les dix danseurs sont un mélange entre des éléments de sa compagnie Käfig et ceux du Chiang Kai Shek Cultural Center de Taipei. Le directeur du Centre chorégraphique national de Créteil, après avoir cosigné avec Dominique Hervieu la direction artistique du Défilé, a tressé une superbe chorégraphie qui mêle habilement l’acrobatie à une danse contemporaine où le hip-hop s’est désormais parfaitement intégré comme un élément de son vocabulaire.
La virtuosité est extrême, on ne s’ennuie à aucun moment tant la variété des tableaux contraste et stimule l’œil par d’incessantes surprises. Les raffinements de la scénographie et des éclairages font le reste.
14 septembre, Maison de la Danse
Yo Gee Ti, pièce pour 10 danseurs (création 2012)
Par les danseurs de la Compagnie Käfig (CNN de Créteil et du Val-de-Marne) et du Chiang Kai Shek Cultural Center de Taipei
direction chorégraphique et artistique : Mourad Merzouki
musique originale : AS’N
musiques additionnelles : Ludovico Einaudi, Marc Mellits, le Trio Joubran
Ă©clairages : Yoann Tivoli, Nicolas Faucheux
scénographie : Benjamin Lebreton, Mourad Merzouki
costumes : Johan Ku
15 septembre, Théâtre du Point du jour
Preparatio Mortis, pièce pour une danseuse (création 2010)
direction artistique & Ă©clairages : Jan Favre
chorégraphie : Jan Favre & Annabelle Chambon
musique : jouée par Bernard Foccroulle, orgue (musique enregistrée)
Avec Lisa May
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