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CHRONIQUES
05 octobre 2024

Galina Vichnevskaïa, derniers feux d’une époque révolue

Elle était quasiment l’ultime survivante de cette très glorieuse génération d’après-guerre qui a atteint son zénith dans les années 1960-1970. Galina Vichnevskaïa, qui forma avec son époux Msistlav Rostropovitch l’un des couples de musiciens les plus célèbres et les plus médiatisés du XXe siècle, vient de s’éteindre à l’âge de 86 ans.
 

Le 11/12/2012
GĂ©rard MANNONI
 



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  • Elle avait tout, la beautĂ©, la voix, le talent, l’intelligence et un caractère bien trempĂ©. NĂ©e Ă  Saint-PĂ©tersbourg en 1926, Galina VichnevskaĂŻa, garda toujours le patronyme du marin avec lequel elle fut brièvement mariĂ©e au lendemain de la guerre avant d’épouser le violoniste Mark Rubin, puis, en 1955, Msistlav Rostropovitch avec qui elle eut deux filles.

    Après des débuts dans l’opérette, la qualité de sa voix d’une exceptionnelle pureté et d’un timbre aisément reconnaissable lui ouvrit en 1953 les portes du Bolchoï avec déjà un répertoire d’une largeur étonnante, ses premiers rôles allant de Tatiana d’Eugène Onéguine à Léonore de Fidelio. Le Met, la Scala, l’Opéra de Paris, Covent Garden, toutes les grandes scènes lyriques du monde allaient ensuite l’accueillir dans une bonne trentaine de rôles du répertoire russe mais aussi italien. Elle fut notamment une magnifique Aïda, une Tosca splendide.

    Grand tempérament de tragédienne, elle avait ce physique de star aux cheveux noirs et aux yeux brillants qui passait la rampe avec autant d’efficacité que sa voix. Avec Rostropovitch, elle fut très proche de Chostakovitch qui orchestra pour elle les Chants et danses de la mort de Moussorgski et composa pour elle la partie de soprano de sa Symphonie n° 14.

    Elle enregistra d’ailleurs pour EMI Lady Macbeth de Mzensk et tourna le film Katerina Ismailova disponible aujourd’hui en DVD. Benjamin Britten composa pour elle la partie de soprano de son War Requiem et un cycle de mélodie sur des poèmes de Pouchkine, Marcel Landowski l’opéra Galina.

    Accusés d’avoir hébergés dans leur datcha l’écrivain dissident Soljenitsine, les Rostropovitch quittèrent l’URSS en 1974. Ils s’installèrent à Paris, dans un grand appartement de l’avenue Georges Mandel, muni de l’indispensable sauna et de la non moins indispensable iconostase. Ils y rassemblèrent tout ce qu’ils pouvaient acheter de souvenir de la Russie tsariste. C’était leur passion et leur fierté.

    Je me rappelle avec quelle satisfaction Rostropovitch me montra un jour une superbe table en malachite, disant : « Ă‡a, c’est mon contrat avec Washington Â». Une autre fois, ils venaient d’acheter des voilages brodĂ©s de l’aigle impĂ©rial et provenant d’un des palais du Tsar.

    Comme je quittais leur appartement la nuit tombĂ©e, ils me dirent : « Quand vous serez devant, dans le jardin, retournez-vous et regardez nos fenĂŞtres. Nous allons allumer la lumière de la salle Ă  manger pour que puissiez voir les aigles par transparence Â». Je trouvai cette satisfaction si juvĂ©nile extrĂŞmement touchante de la part d’artistes de cette envergure qui auraient pu ĂŞtre blasĂ©s de tout.

    Galina était très belle, avec surtout un regard étonnant. Quand elle vous parlait, elle vous regardait droit dans les yeux, sans vous lâcher une seconde. On avait l’impression que plus rien d’autre ne comptait pour elle que le moment de cette conversation. Dans une certaine mesure, cette qualité de regard était une manière de prendre en main aussi son public.

    Elle se prĂ©tendait avec humour d’une maladresse extrĂŞme avec ses mains : « Dès que je touche quelque chose, ça se dĂ©traque, le four micro-ondes, la radio, la chaĂ®ne stĂ©rĂ©o ou la tĂ©lĂ©vision. C’est une malĂ©diction ! Â» Grande comĂ©dienne, elle connut un vrai succès en 2006 en jouant le rĂ´le principal du film Alexandra d’Alexandre Sokourov, mais c’est Ă©videmment comme membre de cette Ă©lite d’une petite cohorte de noms qui illumina la deuxième moitiĂ© du XXe siècle, qu’elle passe avant tout Ă  la postĂ©ritĂ©, aux cĂ´tĂ©s des Schwarzkopf, Callas, Tebaldi, Los Angeles, Crespin, Varnay, Price, Nilsson.

    C’est à l’Opéra de Paris qu’elle avait fait ses adieux à la scène en 1982 en interprétant le rôle de ses débuts au Bolchoï, Tatiana d’Eugène Onéguine.




    Le 11/12/2012
    GĂ©rard MANNONI



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