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CHRONIQUES
26 avril 2024

Mortagne 2015 (2) :
Démonstration instrumentale

© Alvaro Yanez

Les concerts de ce deuxième week-end des Musicales de Mortagne-au-Perche ont permis d’apprécier la toujours formidable qualité de l’école de vents française tout comme celle du jeune Trio Karénine, lui aussi issu du Conservatoire National Supérieur de Musique de Paris. Et comme toujours ici, dans des œuvres sortant de l’ordinaire.
 

Le 05/07/2015
Gérard MANNONI
 



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  • C’est en l’église de Tourouvre, petite ville martyre victime des SS lors de la retraite des troupes allemandes en 1944 pendant la bataille de Normandie, que se tenait le troisième concert des Musicales de Mortagne-au-Perche. Affiche alléchante associant le pianiste Jean-Frédéric Neuburger et l’Ensemble Initium, octuor à vents à géométrie variable, créé en 2005 par des lauréats du Conservatoire national supérieur de musique de Paris.

    Excellente occasion d’entendre, dans un programme original, des instrumentistes dont le splendide niveau en tous domaines nous rappelle agréablement l’indéfectible qualité d’une école de vents française formée par des maîtres aussi éminents que Maurice Bourgue, Pascal Moraguès, André Cazalet, Michel Arrignon entre autres. Rappelons que nos instrumentistes de ces disciplines sont présents dans les plus grands orchestres du monde, d’Emmanuel Pahud, flûte solo du Philharmonique de Berlin, figure la plus emblématique, à Nicolas Baldeyrou, clarinette solo du Philharmonique de Radio France et soliste international.

    Ce soir à Tourouvre officient cinq membres d’Initium, Édouard Sabo, flûte, Guillaume Deshayes, hautbois, François Lemoine, clarinette, Julien Desplanque, cor et Baptiste Arcaix, basson. Ils bravent une chaleur accablante, étouffante, pour interpréter une astucieuse transcription du poème symphonique Till l’espiègle de Richard Strauss où justement la clarinette joue un rôle primordial pour incarner les facéties du héros.

    Rappelons que cette partition fut chorégraphiée en 1916 par Nijinski et créée lors de la tournée des Ballets russes de Diaghilev aux États-Unis, tournée à laquelle Diaghilev ne participait pas, à la fois en raison de crainte des voyages en mer et de sa rupture avec Nijinski qui venait de se marier. Jamais repris par les ballets russes, le ballet fut reconstitué par les chercheurs Millicent Hodson et Kenneth Archer à qui l’on doit aussi la reconstitution de la version originale du Sacre du printemps. L’Opéra de Paris l’a présenté en 1994, avec Patrick Dupond, Nicolas Le Riche et José Martinez notamment dans le rôle-titre.

    La transcription entendue ici rend parfaitement justice à l’esprit de la partition originale, à son caractère ludique malgré la fin tragique du héros et à l’ultime marche funèbre scandée par les accords du piano. Somptueuse interprétation instrumentale, d’une incroyable virtuosité au service d’une absolue musicalité, un régal pour l’esprit et pour l’oreille, et un vaste coup de chapeau à ces instrumentistes incroyables, qui interprètent ensuite avec autant de talent et une totale rigueur stylistique totale un Quintette de Mozart exigeant un véritable travail d’orfèvre des interprètes.

    En début de concert, Jean-Frédéric Neuburger jouait la Sonate Appassionata de Beethoven. Superbe technique de grand piano instrumental, déployée avec le plus bel effet en particulier dans le Presto final, le pianiste a sans doute tort d’opter pour une approche très brutale des rythmes souvent heurtés de la partition. Ces rythmes se suffisent à eux-mêmes, comme l’ont prouvé de grands beethovéniens tels Guilels, Richter, Kempff, Brendel ou Barenboïm. Ils n’ont nullement besoin d‘être aussi agressifs, la violence n’étant pas forcément la meilleure expression de la passion.

    Le dimanche soir, la jolie église de Bellavilliers est un cadre idéal pour le très raffiné concert du Trio Karénine. Fanny Robillard, violon, Louis Rodde, violoncelle, Paloma Kouider, piano, y célébrent Haydn, Beethoven et le trop rare Trio de Ravel qui allie violences et étranges lumières translucides, délicates, feutrées. Avec entente parfaite, complicité de chaque instant et enthousiasme fusionnel grisant, les trois musiciens donnent le plus exemple possible de la communion qu’exige la musique de chambre, une musique de chambre vibrante, vivante, gorgée d’expression, sans une note indifférente, telle que chacun de nous en rêve et tellement mieux à sa place ici que dans les grandes salles de concert modernes !




    Samedi 4 juillet – Église de Tourouvre
    Ludwig van Beethoven (1770-1827)
    Sonate pour piano n° 23 en fa mineur op. 57 « Appassionata Â»
    Richard Strauss (1864-1949)
    Till Eulenspiegel (transcription de David Carp)
    Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791)
    Quintette pour piano, hautbois, clarinette, cor et basson en mib majeur K.452
    Frédéric Neuburger, piano
    Ensemble Initium

    Dimanche 5 juillet – Église de Bellavilliers
    Joseph Haydn (1732-1809
    Trio pour piano, violon et violoncelle en mib majeur Hob XV.29
    Ludwig van Beethoven (1770-1827)
    Trio pour piano, violon et violoncelle op. 70 n° 1
    Maurice Ravel (1875-1937)
    Trio en la mineur
    Trio Karénine




    Le 05/07/2015
    Gérard MANNONI



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