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CHRONIQUES
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25 avril 2024
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Entouré de Philippe Jordan et de Benjamin Millepied, Stéphane Lissner a donc présenté à la Rotonde du glacier du Palais Garnier sa prochaine saison, qui est aussi la dernière signée en danse par Millepied. Phénomène nouveau pour ceux qui assistent depuis des années à cet annuel rassemblement, aucune question n’a été posée par les nombreux journalistes présents à l’issue des différents discours de présentation. La presse avait sans doute épuisé ses désirs de curiosité lors de la précédente réunion la semaine dernière au même endroit pour l’annonce de la démission du directeur de la danse. À moins que cette programmation, très consensuelle, ne suscite finalement aucune interrogation majeure.
Stéphane Lissner a rappelé son souci d’ouvrir l’Opéra à un nouveau public aussi large que possible, et pas seulement aux jeunes. Les vieux lui en seront reconnaissants. Des places à cinquante euros et quelques autres mesures résultant d’une refonte de la jauge ont permis des avancées en ce domaine. La troisième scène (sur Internet) va également dans ce sens et connaît, a-t-il révélé, un très gros succès. La programmation lyrique est équilibrée et devrait attirer par cela même beaucoup de monde, car il y en a pour tous les goûts.
La saison ouvrira avec une nouvelle production de l’Eliogabale de Cavalli, Ĺ“uvre Ă dĂ©couvrir, mise en scène part Thomas Jolly et dirigĂ©e par Leonardo GarcĂa AlarcĂłn. Suivra une reprise de Tosca dans la production de Pierre Audi, avec Bryn Terfel, Marcelo Alvarez et en alternance Anja Harteros et Liudmyla Monastyrska. Philippe Jordan dirigera ensuite une nouvelle production de Samson et Dalila, mise en scène par Damiano Micheletto, avec Anita Rachelischvili et Aleksandrs Antonenko. Reprise de la production Serban de Lucia di Lammermoor, reprise aussi des Contes d’Hoffmann dans la production Carsen, avec Philippe Jordan et une des grandes distributions de la saison : Jonas Kaufmann, Sabine Devieilhe, Roberto Tagliavini et StĂ©phanie d’Oustrac notamment.
Cavalleria Rusticana sera couplé avec la Sancta Susanna d’Hindemith, idée originale, avec Elina Garanca en Santuzza et Anna Caterina Antonacci en Susanna. Mise en scène Mario Martone. Retour en décembre de l’Iphigénie en Tauride de Gluck dans la production Warlikowski qui avait fait couler en son temps tellement d’encre puis, pour commencer l’année 2017, Lohengrin avec en alternance Jonas Kaufmann et Stuart Skelton, René Pape et Rafal Siwek en roi Henri. Claus Guth signe la mise en scène et Jordan dirige. La Flûte enchantée dans la mise en scène de Carsen, toujours avec Jordan et Così fan tutte mis en scène par Anna Teresa de Keersmaker honoreront Mozart de manière assez opposée. Retour de Roberto Aalagna pour Carmen mis en scène par Calixto Bieito, Bryan Himel alternant en Don José, et quatre Carmen également en alternance.
La saison continuera avec la création mondiale de Trompe-la-mort de Luca Grancesconi, d’après Balzac, début d’un cycle de création littéraire française qui se poursuivra les années suivantes avec Bérénice et le Soulier de satin. Beatrice et Bénédict de Berlioz sera donné en version de concert sous la baguette de Philippe Jordan. Un des grands moments de la programmation sera ensuite la Fille des neiges de Rimski-Korsakov, magnifique opéra hors répertoire courant chez nous et que mettra en scène l’imprévisible Tcherniakov. Wozzeck dans la production de Marthaler, Eugène Onéguine dans celle de Willy Decker avec Anna Netrebko/Sonya Yontcheva et Peter Mattei, Rigoletto mis en scène par Claus Guth avec Vittorio Grigolo en Duc de Mantoue et une nouvelle Cenerentola de Rossini mise en scène par Guillaume Gallienne mettront fin à cette abondante saison où figurent aussi deux programmes de l’Académie Lyrique, Owen Wingrave de Britten et les Fêtes d’Hébé de Rameau.
De Cavalli à Francesconi, ce sont bien trois cent cinquante ans d’art lyrique à l’affiche de l’opéra la saison prochaine, comme s’est plu à le souligner Stéphane Lissner. Des concerts de musique de chambre, des Midis et des Week-ends musicaux, de grands concerts orchestraux complètent le tout, ainsi qu’une série de récitals à Garnier proches de ceux des Grandes Voix : Joyce DiDonato, Rolland Villazón, Ludovic Tézier, Juan Diego Flórez et Anja Harteros.
La saison chorégraphique sera marquée par deux grandes compagnies invitées, l’American Ballet Theatre avec la Belle au bois dormant d’après Petipa, qui trouvera un écho avec Impressing the czar de William Forsythe, inspiré aussi par le même ballet et dansé par le Semperoper Ballett Dresden. À l’honneur aussi, George Balanchine avec son Songe d’une nuit d’été qui entre au répertoire et une soirée comprenant Mozartiana, Violin Concerto et Brahms-Schœnberg Quartet. Soirée Ravel avec En sol de Robbins, la Valse de Balanchine et Boléro de Cherkaoui-Jalet. Une création de Wayne McGregor, des programmes Sehgal /Peck /Pite, Forsythe, Tudor/Millepied, Chamblas/Charmatz, Cunningham/Forsythe, Bertaud/Bouché/Paul/Valsatro et Millepied/Parreno affirmeront le caractère moderne de cette programmation où figurent quand même la reprise du Lac des cygnes de Noureev et de la Sylphide de Lacotte. Aurélie Dupont a affirmé sa volonté de maintenir haute la barre du classique. Elle a du travail devant elle.
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