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CRITIQUES DE CONCERTS |
01 novembre 2024 |
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Nouvelle production de Siegfried de Ricahrd Wagner à l'Opéra de Genève
Quand Siegfried ne se prend pas pour Vulcain
Une forge, une caverne, un dragon, Siegfried est probablement l'épisode du Ring qui prête le plus à faire de Wagner un auteur de péplum mythologiques. À tort évidemment, et la nouvelle production genevoise emmenée par la baguette subtile d'Armin Jordan et une lecture scénique respectueuse lui rend cette justice.
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Un décor n'est pas rien. Il peut verrouiller une oeuvre. Mais il peut aussi aider à entrer dans un univers. Et le monde de Siegfried n'est pas rien non plus. Patrice Caurier et Moshe Leiser ont tout naturellement choisi de ne rien trahir sans en rajouter, de rester humble devant le monument sans se laisser engloutir par sa puissance. C'est donc dans un décor suffisamment suggestif tout en restant fidèle au livret, qu'ils ont voulu planter leurs personnages.
Le décorateur Christian Fenouillat ne s'est ainsi pas embarrassé de machinerie monstrueuse, comme il a préféré ne pas dénuder la scène : une forge, une forêt, un rocher, un dragon, de l'or, rien ne manque. La caverne est juste transformée en grand studio envahi de livres où bat le coeur de la forge, et la montagne se réduit à un espace clos et aride où la prédiction ne peut que se refermer sur elle-même.
Ce principe de sobriété ne peut fonctionner sans une forte et subtile description des personnages. Le jeu de scène, remarquable, est centré sur les rapports humains comme sur les questionnements intimes. C'est que le tandem de metteurs en scène voit dans ce conte initiatique la parfaite représentation du cheminement personnel. Et avec le formidable sens scénique de Stig Andersen, Papageno impatient transporté dans une autre histoire, Siegfried endosse à la perfection ce rôle entre deux états, à la fois volontaire et démuni, fragile et invincible. La voix est à l'identique : peu projetée mais d'une droiture absolue, sensible dans la caresse, dure dans l'affrontement.
Le niveau de la distribution se situe aux mêmes hauteurs. Splendide Brünnhilde, Susan Anthony offre une rondeur et une puissance vocale à couper le souffle, alors que le Voyageur d'Albert Dohmen libère un timbre toujours plus éclatant et une musicalité de haut vol. Le Mime de feu de Thomas Harper, acteur merveilleux, l'Alberich exemplaire de Franz-Josepf Kapellmann, l'oiseau limpide de Brigitte Fournier et l'Erda déchue de Jadwiga Rappé composent un ensemble d'une homogénéité imposante, tout en s'avérant aussi remarquables individuellement.
Et Armin Jordan se révèle wagnérien au fond de l'âme, puisque, comme quelques rares chefs, il sait que c'est de finesse, de transparence et de tissu orchestral que le compositeur se préoccupait avant tout. Dans cet esprit de contre-puissance, le chef suisse fait tout simplement ce qu'on peut souhaiter de plus juste.
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Grand Théâtre, Genève Le 29/04/2001 Sylvie BONIER |
| Nouvelle production de Siegfried de Ricahrd Wagner à l'Opéra de Genève | Siegfried de Richard Wagner
Orchestre de la Suisse Romande
Choeurs du Grand Théâtre de Genève
Direction musicale : Armin Jordan.
Mise en scène : Patrice Caurier et Moshe Leiser.
Décors : Christian Fenouillat
Costumes : Agostino Cavalca
Lumières : Christophe Forey
Avec Susan Anthony (Brünnhilde), Jadwiga Rappé (Erda), Brigitte Fournier (Waldvogel), Stig Andersen (Siegfried), Thomas Harper (Mime), Albert Dohmen (Der Wanderer), Franz-Josef Kapellmann (Alberich), Alfred Reiter (Fafner).
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