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CRITIQUES DE CONCERTS |
01 novembre 2024 |
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Nouvelle production de Madame de au Grand-Théâtre de Genève.
Au grand chic lyrique
Avant de tirer sa révérence au public du Grand- Théâtre de Genève, dont elle aura été l'âme plusieurs années durant, Renée Auphan a programmé Madame de, une comédie lyrique oubliée et jamais enregistrée qu'elle a elle-même chantée en 1970. Composée par Jean-Michel Damase, l'oeuvre oscille entre marivaudage et drame de salon : des futilités aussi désuètes que délicieuses.
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Ce n'est peut-être pas par hasard si Madame de, revue lyriquement par Jean-Michel Damase et Jean Anouilh, n'a pas connu le succès fracassant de la nouvelle de Louise de Vilmorin à sa sortie en 1951. Faire d'un pareil sujet, un opéra, est à la base un projet risqué. Les tribulations sentimentales d'une bourgeoise à l'élégance très Paris- d'après-guerre constituent déjà en soi un mince argument.
Pimenter ce dernier d'une succession de ventes de boucles d'oreilles en diamants pour conserver les apparences n'aide pas. Et finir sur la mort de la maîtresse de maison, déçue par les malentendus et les quiproquos qui se jouent entre mari et amant, frise le ridicule.
Le compositeur bordelais s'est entendu avec son librettiste favori pour tirer parti de cette histoire complètement improbable qui ne manque pourtant ni de spiritualité, ni de charme. Les deux complices se sont donc retrouvés en 1970 sur ce terrain de jeu. Un espace qui ne suffit évidemment pas à accueillir les résonances de l'esprit et les profondeurs de l'âme. Il faut savoir se contenter de la légèreté d'une oeuvre qui oscille entre ironie salonnarde et drame mélo.
Jean-Michel Damase a été éduqué tout petit dans le monde des Fauré, Roussel, Ibert, Debussy et Ravel grâce à sa mère harpiste. Il a fait un tour du côté de Poulenc, Cortot, Long, notamment, et s'est formé auprès de Büsser. Tout cela laisse des marques. Traces que l'on sent nettement lorsque le musicien lâche son véritable savoir-faire orchestral dans les passages de doute ou de détresse.
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Pour le reste, et on n'en manque pas, c'est dans la langueur et l'insouciance des soirées de bal que se dessinent des mélodies tirées au cordeau, aussi vite entendues, aussi vite retenues, qui n'ont d'autre prétention que de faire passer d'un moment de tristesse à un autre.
Le principe du commentaire pour mettre en place l'action est désuet. Ce théâtre plus boulevardier que distancié n'offre que ce qu'il possède : de la nonchalance et un certain vide. Le metteur en scène Vincent Vittoz ne s'est pas attardé sur les possibles projections du sujet. Il a simplement transformé, sur les conseils de Renée Auphan, le rôle du récitant en lectrice plus Vilmorin que nature.
Panneaux coulissant d'une extrême simplicité, élégant et sobre décor années trente de Christine Marest qui signe aussi de belles lumières : l'écrin chic suggère des séductions froides. Et sur ce dispositif clair, l'action se déroule comme en pointillé, façon de ne pas trop y toucher, sur des interventions très " vieille France " de la récitante Béatrice Agenin.
On s'ennuie un peu de si peu. Mais on succombe au charme de la Madame de très touchante que compose Alexandra Çoku dans son désir d'amour frustré, et au Monsieur de arrogant de François Le Roux. Le bijoutier tordant de Frank Leguérinel, l'Argentine pulpeuse de Stéphanie d'Oustrac et l'ambassadeur rigide de Nicolas Rivenq forment une distribution au français impeccable et d'une grande homogénéité, sur un Orchestre de la Suisse Romande que Guillaume Tourniaire mène grand train sans succomber à la tentation du cliché. Sans Madame de, on aurait presque oublié que l'opéra peut-être aussi un genre délicieusement " chic ".
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Grand Théâtre, Genève Le 06/05/2001 Sylvie BONIER |
| Nouvelle production de Madame de au Grand-Théâtre de Genève. | Madame de de Jean-Michel Damase
Orchestre de la Suisse Romande
Direction musicale : Guillaume Tourniaire.
Mise en scène : Vincent Vittoz.
Décors et costumes : Christine Marest.
Avec Alexandra Çoku (Madame de), Stéphanie d'Oustrac (une Argentine), Béatrice Agenin (la récitante), François Le Roux (Monsieur de), Nicolas Rivenq (l'Ambassadeur), Frank Leguérinel (le bijoutier), Harry Draganov (le Cavalier de Madame de).
Jusqu'au 23 mai 2001.
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