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CRITIQUES DE CONCERTS |
01 novembre 2024 |
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Nouvelle production d'Otello de Verdi à l'Opéra de Nantes
Otello sauvé
à la force du gosier
Année Verdi oblige, quel théâtre cette saison n'a pas honoré le compositeur italien ? Mais ce ne sont pas toujours les plus nantis qui ont le mieux réussi leur hommage ; en témoigne cet Otello nantais à la mise en scène " abracadabrantesque " mais aux voix bien affûtées.
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Décors inexistants, mélangeant les époques sans aucune signification compréhensible : meubles arts déco, pantalons, chemises, bottines " Rangers " sorties des surplus américains ou bien ensemble de cosmonautes venant tout droit d'un catalogue de vente par correspondance, lumières ordinaires, quelques voiles censés suggérer une grande salle de réception; bref, c'est tout un bric-à -brac qui tenait lieu de mise en scène pour cette nouvelle production nantaise. Le public ne s'est pas privé de la tancer lors du salut final.
Heureusement le plateau vocal a largement sauvé la représentation. Prise de rôle pour Michaël Hayes, le ténor américain qui se produit pour la première fois en France donne à son Otello une allure inquiétante qui souligne son irrépressible folie meurtrière. La voix est puissante, timbrée, sans faille : son esultate a été décoché avec une vaillance qui n'était pas sans évoquer l'un de ses illustres prédécesseurs, John Vickers.
Desdémone, était aussi une prise de rôle pour la jeune Alexia Cousin. À 22 ans ce soprano en pleine ascension a convaincu par sa voix pleine, soutenue et projetée mais capable de nuances (l'air du saule). Son interprétation du personnage n'est pas effacée et soumise comme à l'accoutumée, mais véhémente et fière comme la fille d'un noble vénitien. Lorsque son mari va trop loin, elle commence par lui tenir tête puis, par amour, cède à l'humiliation et finit par se mettre genoux à terre comme il l'exige.
Baryton-basse chantant avec autant d'aisance qu'il joue la comédie, Louis Otey sait allier la perfidie au sourire mielleux sans jamais trahir
Iago. De son côté, le ténor mexicain Rogelio Marin campe un Cassio d'une grande sincérité. Enfin l'orchestre de Nantes emmené par Hans Drewanz a donné de la partition de Verdi une lecture toute de grandeur et passion selon le souhait du compositeur. Au final, cette distribution avait largement de quoi faire oublier un autre Otello chanté en traitre, au Châtelet en mars dernier.
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Opéra Graslin, Nantes Le 10/06/2001 Élie-Gérard SOUQUET |
| Nouvelle production d'Otello de Verdi à l'Opéra de Nantes | Orchestre National des Pays de Loire
Choeurs de l'Opéra de Nantes
Direction : Hans Drewanz
Mise En Scène : Katja Drewanz
Décors&nbps;: Anne Neuser
Costumes : Danielle Laurent
Lumières : Herbert Cybulska
Avec Michaël Hayes (Otello), Alexia Cousin (Desdemona), Louis Otey (Iago), Rogelio Marin (Cassio), Catherine Zimmer (Emilia), Jacques Laingui (Lodovico), Michel Eumont (Rodrigo), Guy-Etienne Giot (Montano) et Daniel Chasseau (Un Héraut)
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