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CRITIQUES DE CONCERTS |
01 novembre 2024 |
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Soirée hongroise au festival de Radio-France et de Montpellier, avec l'orchestre du festival de Budapest, dirigé par Ivan Fischer.
L'irrésistible fleuve
mélodique hongrois
S'il existe un purgatoire pour les partitions, beaucoup d'entre elles doivent déjà à René Koering (directeur du festival de Montpellier) d'avoir retrouvé un asile sur scène, une audience radiophonique, et pour certaines
un destin. Avec le concours du chef Ivan Fischer, ce sont les pages d'Ernö Dohnanyi qui en bénéficiaient, mardi 17 juillet dernier.
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Festival de Radio France et Montpellier, Opéra Berlioz Le Corum,
Le 17/07/2001
Françoise MALETTRA
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Complicité artistique
Sombre Volga
Hommage au réalisme poétique
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Pour le premier concert montpelliérain du hongrois Ivan Fischer avec ses musiciens du Budapest Festival Orchestra, c'est son compatriote Ernö Dohnanyi (1867-1960) qui était à l'honneur. Beaucoup plus connu en sa qualité de pianiste, de chef et de pédagogue que comme compositeur, cet héritier de Franz Liszt et ami d'enfance de Bela Bartok, traite l'orchestre avec une jubilation, une virtuosité et une maîtrise technique d'une séduction immédiate.
Ses Minutes symphoniques le prouvent qui ne prétendent à rien d'autre qu'à mettre l'orchestre en beauté : cinq pièces courtes en forme de miniatures aux couleurs raffinées et aux rythmes endiablés, alternant avec de langoureuses mélodies tout en charme slave.
Quant à ses Variations pour piano et orchestre sur " Ah, vous dirai-je Maman ", elles devaient être le morceau de résistance du programme, et elles le furent. Imaginez un enfant-pianiste qui doit lutter comme un fou pour faire entendre sa petite chanson, s'amuser à la varier, à la jouer à l'endroit et à l'envers, à l'orner de toutes sortes de facéties, en évitant les pièges tendus par un orchestre qui ne l'entend pas de cette oreille là et veut lui dicter sa loi.
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Cuivres et tambours sont immédiatement convoqués pour le tancer à grand renfort de grondements et martèlements, les cordes s'en mêlent pour lui faire savoir qu'elles aussi savent chanter et ont tous les moyens de le réduire au silence.
Mais l'enfant, visiblement surdoué, insiste et les prend de court en improvisant une jolie et savante petite fugue finale. Gagné. Formidable Jenö Jando, qui du bout des doigts, mais à la force du poignet, a cosigné le retour en grâce (durable, qui sait ?) de Dohnanyi.
Enfin, l'idée était curieuse, mais très habile de la part d'Ivan Fischer, qui consistait à prendre trois extraits symphoniques de Ma Patrie de Smetana, et à les " encadrer " avec quelques chants moraves de Dvorak. Franchement, qui résiste à La Moldau, en toute bonne foi ?
Ou encore à ces mélodies, qui ont les mêmes racines populaires, que l'on n'entend jamais, et qui en plus étaient délicieusement chantées par Klaudia Dernerova et Jolana Fogasova ? Personne ? Non décidément, impossible de nager à contre courant d'un tel fleuve mélodique.
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Festival de Radio France et Montpellier, Opéra Berlioz Le Corum, Le 17/07/2001 Françoise MALETTRA |
| Soirée hongroise au festival de Radio-France et de Montpellier, avec l'orchestre du festival de Budapest, dirigé par Ivan Fischer.
| Ernö Donanyi : Minutes symphoniques, Op.36, Variations sur une chanson enfantine pour piano et orchestre, Op.25
Bedrich Smetana : Ma Patrie ( trois extraits symphoniques : La Moldau, Sarka, Par les prés et les bois de Bohême)
Anton Dvorak : Chants de Moravie, Opus 38 (Vaines espérances, La-haut sur notre toit, La Couronne, La Douleur)
Budapest Festival Orchestra
Direction : Ivan Fischer
Jenö Jando, piano
Klaudia Dernerova, soprano
Jolana Fogasova, mezzo | |
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