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CRITIQUES DE CONCERTS |
01 novembre 2024 |
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Otello de Giuseppe Verdi au théâtre du Capitole de Toulouse.
Un Otello Ă rendre jaloux
Vladimir Galouzine est Otello. (© Patrice Nin)
Si cette année Verdi a beaucoup mobilisé l'enthousiasme des théâtres lyriques, le Capitole de Toulouse n'a cependant pas fait preuve d'excès de zèle. C'est pourquoi cet Otello d'automne apparaît comme un hommage qui vient à point, avec une distribution de haut vol et une mise en scène qui ne fait pas écran au drame.
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Enfin une Desdémone qui n'est pas une oie blanche, totalement passive, victime innocente et à la limite de la débilité mentale! Selon le vœu de Nicolas Joël et conformément à la personnalité de Cristina Gallardo-Domas, décidément l'une des vraies divas de l'heure.
Dans cette production toulousaine, l'héroïne de Shakespeare et de Verdi apparaît réellement comme une femme forte, passionnée et sensuelle, qui n'accepte pas son destin sans réaction, même si elle ne comprend rien aux réactions de son mari.
D'abord, elle n'est pas blonde, ce qui change déjà . Ensuite, la nature même de sa voix, parfaite quant à l'émission, superbe quant au timbre, est celle d'une femme ardente, d'une battante. Elle lutte pour son amour, elle résiste autant que faire se peut, même physiquement. A la scène de l'ambassadeur vénitien, Otello doit employer toute sa force pour la mettre à genoux, car elle s'arqueboute et ne veut pas céder.
C'est nouveau et c'est très beau, jusqu'au bout, jusqu'à la si difficile scène finale où l'air du saule et l'Ave Maria sont habités d'une tension et d'une angoisse palpables, sans résignation. Vladimir Galouzine a totalement la voix d'Otello. On aimerait qu'il la retienne de temps à autre pour donner plus de variété à son personnage, mais quel organe !
Jean-Philippe Lafont débutait dans le rôle de Iago. Même si les gentils lui conviennent généralement mieux que les méchants, sa stature, la noirceur de sa voix, son intelligente approche musicale et théâtrale du traître intégral, ont ici un impact étonnant, ce qui achève de constituer un trio vocal d'une qualité rarement entendue ces dernières années.
Et puis il y a la direction d'Alain Lombard. Le chef français redonne à la partition des couleurs, une nervosité, des frémissements, des contrastes que très peu de ses collègues savent éveiller. Il déniche en outre tout ce qui rapproche cette écriture de celle de Falstaff qui vient immédiatement après et qui est ici à l'évidence en gestation.
Dans de très classiques et fonctionnels décors de Frigerio, des costumes très raffinés de Franca Squarciapino, Nicolas Joël raconte l'histoire sans chercher à la psychanalyser au vingtième degré ni à en révéler un hypothétique et mystérieux sens caché.
Il fait confiance aux auteurs, et réalise un excellent travail de théâtre, juste assez personnel, juste assez respectueux pour que l'auditeur puisse profiter pleinement de la musique et ressentir intacte la force du drame triangulaire shakespearien. De quoi rendre jaloux ceux qui n'ont entendu cette année que l'Otello du Châtelet.
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Théâtre du Capitole, Toulouse Le 11/10/2001 Gérard MANNONI |
| Otello de Giuseppe Verdi au théâtre du Capitole de Toulouse. | Orchestre du Capitole de Toulouse
Direction : Alain Lombard
Mise en scène : Nicolas Joël
Décors : Ezio Frigerio
Costumes : Franca Squarciapino
Avec Vladimir Galouzine (Otello)- Cristina Gallardo-Domas (Desdémone)- Jean-Philippe Lafont (Iago)- Elena Cassian (Emilia)- Tomasz Krzysica (Cassio)- Claude Minich (Roderigo)- Luigi Roni (Lodovico)- Philippe Fourcade (Montano)- Thierry Vincent (Un araldo). | |
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