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CRITIQUES DE CONCERTS 01 novembre 2024

Récital de Dmitri Hvorostovsky au Théâtre de La Monnaie

Tirez sur le pianiste !

Dmitri Hvorostovsky possède une des plus belles voix de baryton slave qui soit, en parfaite adéquation avec son physique de séducteur à la Pouchkine ! Le disque l'a projeté sur le devant de la scène lyrique et ses apparitions sur les scènes de Nice, Genève, Salzbourg, Monte-Carlo ont toujours prouvé qu'il s'agissait d'une réelle nature. Mais...
 

Théâtre royal de la Monnaie, Bruxelles
Le 20/02/2000
Antoine Livio (1931-2001)
 



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  • Un récital est un autoportrait. L'artiste se présente tel qu'il souhaite qu'on le voit et donc tel qu'il se voit lui-même. L'exercice est périlleux, d'autant plus qu'il se fait à deux. On rêve que ce soit un duo, mais le plus souvent le pianiste n'est qu'on Monsieur Loyal, dont le seul but est de mettre en valeur le chanteur. Reconnaissons d'emblée que Mikhail Arkadiev n'a pas rempli son emploi, sauf lors des saluts ! En effet, ce n'est pas parce que la première partie du récital aurait dû être accompagnée par un clavecin d'abord, puis par un pianoforte, qu'il fallait transformer le piano en un instrument de percussion. Et M. Arkadiev ayant du muscle à revendre, Caccini, Haendel, Gluck et Mozart en pâtirent.
    En effet quelle curieuse idée que de débuter ce récital avec des pages de Caccini et de Cesti qui exigent une agilité que peu de voix russes possèdent, et surtout pas le ténébreux Hvorostovsky qui est fait pour incarner Onéguine. Or Tchaikovski brillait par absence dans son récital. Certes, ces dernières saisons, il a souvent interprété le rôle-titre de Don Giovanni. Il y est plausible, surtout accompagné par un orchestre, car ses qualités dramatiques sont indéniables ; mais, ici, le piano faisait piètre figure et ne lui facilitait guère la tâche. Ce fut pire dans les pages de Gluck, où les transcriptions pour piano ont été faites en dépit du bon sens... et de la musicalité, particulièrement pour le grand air d'Orphée, " Che faro senza Euridice ? "
    Heureusement, la seconde partie était consacrée à un compositeur russe, fort peu connu, Georgy Sviridov (1915-1998). Ce n'est pas un bouleversant réformateur du langage musical, tel qu'on le souhaiterait à la fin du XXe siècle, Mais Sviridov a conçu en 1995 ce cycle " St.- Petersburg ", sur des poèmes d'Aleksandr Blok, qu'il a dédié à Dmitri Hvorostovsky. Tout le cycle baigne dans la même atmosphère grise et douloureuse d'un St.- Petersbourg automnal et Hvorostovsky s'y promène, en disséquant les poèmes. C'est du beau chant plus que du récit. Mais le chanteur y est à l'aise et nous donne une élégante interprétation des mélodies, avec un rien de distanciation qui sied à l'oeuvre.
    Le succès remporté fut tel que Hvorostovsky se lança dans quelques bis, dont un superbe extrait de " Rigoletto ", où tout à coup le beau baryton devint un bouffon de haut style, passionné et pathétique. On en oubliait toutes les réserves que l'on aurait pu faire précédemment.




    Théâtre royal de la Monnaie, Bruxelles
    Le 20/02/2000
    Antoine Livio (1931-2001)

    Récital de Dmitri Hvorostovsky au Théâtre de La Monnaie
    Dmitri Hvorostovsky, baryton
    Mikhail Arkadiev, piano
    Oeuvres de Caccini, Cesti, Mozart et Sviridov.

     


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