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CRITIQUES DE CONCERTS |
01 novembre 2024 |
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Nouvelle production du Prince Igor de Borodine.
Le Prince Igor détrôné
© Alain Kaiser
Immense fresque épique dans la grande tradition de l'opéra russe, le très rare Prince Igor de Borodine a été repris à l'opéra du Rhin. Si l'exécution musicale a manifestement conquis le public, la mise en scène à la transposition hasardeuse a été gratifiée de copieuses bordées de sifflets et de huées.
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Complicité artistique
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Strasbourg est habitué aux restitutions « modernisées" d'oeuvres historiquement datées. Ici, la lecture du metteur en scène Alfred Kirchner déplace l'action de la Russie des Tsars vers la période soviétique, celle de Béria, et de Brejnev. On devine même quelques accents eltsiniens, et les images de guerre en tramé semblent devoir rappeler une fois de plus que la Russie est aussi reine des conflits et des misères.
Mais pour cet opéra dont l'argument relève de la légende populaire, qu'apporte la transposition à l'époque du pacte de non-agression germano-soviétique ? Ici, le symbolisme parfois outrancier et appuyé, laisse peu de chance de retrouver la cohérence déjà tourmentée d'une oeuvre empreinte du sens épique et de la démesure propres à l'opéra russe. Une fresque plus naïve et moins chargée eût sans doute beaucoup mieux servi l'oeuvre.
À l'opéra comme au théâtre ces temps derniers, la nudité intégrale est à la mode. Mais ici, deux femmes complètement dévêtues au moment des danses pvolostiennes ne pouvaient à elles seules sauver l'entreprise du mécontentement d'un public aussi fidèle que difficile, et qui ne manqua pas de le manifester.
Heureusement, le plateau vocal à dominante russe se révéla exemplaire ; pas moins que l'orchestre dirigé par le jeune et brillant Christian Arming. Ensemble, ils ont largement su faire oublier les faiblesses de la conception scénique, d'autant le choeur de Sofia renforçait à bon escient la couleur orientale de la perspective musicale. Et comme souvent, ne suffit-il pas de fermer les yeux pour être transporté par les voix de l'Orient ?
Strasbourg, Opéra 15 heures
Mulhouse, La Filature
17 mai à 20 heures, 19 mai à 15 heures
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Opéra du Rhin, Strasbourg Le 28/04/2002 Pierre BREINER |
| Nouvelle production du Prince Igor de Borodine. | Direction musicale : Christian Arming
Mise en scène : Alfred Kirchner
Décors et costumes : Maria-Elena Amos
Chorégraphie : Johann Kresnik
Dramaturgie : Vera Sturm
Avec Igor Swatoslawitsch : Eduard Tumagian, Jaroslawna : Elena Evseeva
Wladimir Igorewitsch : Andrej Dounaev
Wladimir Jaroslawitsch : Konstantin Gorny
Kontschak : Feodor Kuznetsov
Kontschakowna : Elena Rabiner
Skula : René Schirrer
Jeroschka : Ivan Matiakh
Choeurs de l'Opéra national du Rhin
Direction Michel Capperon
Choeur Orphée de Sofia
Direction Krum Maximov
Orchestre Philharmonique de Strasbourg | |
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