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CRITIQUES DE CONCERTS |
01 novembre 2024 |
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Nouvelle production de Juliette ou la clé des songes, un opéra de Bohuslav Martinu.
Des songes enfin tangibles
© Eric Mahoudeau
Non, l'opéra ne ressasse pas éternellement les mêmes inusables monuments de Verdi, Bizet et quelques autres. Avec  Juliette ou la clé de songes  de Brohuslav Martinu, on tient une oeuvre rare et foncièrement originale à tous points de vue ; l'une des bonnes surprises de ce début de saison à l'Opéra de Paris.
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Passons sur les particularités de cette version qui n'est pas vraiment intégrale (acte I et III tronqués) et qui est retraduite du texte tchèque en français (à partir de la pièce française de Georges Neveux). De toute façon, on est en plein surréalisme, alors faut-il réellement s'acharner sur ces précisions ? L'intérêt de cette entrée au répertoire de l'Opéra de Paris d'une partition comme celle-ci est ailleurs.
Il y a d'abord l'argument, un voyage poétique et farfelu comme en rencontre très peu dans l'opéra traditionnel. Du délire ? Peut-être, ou plutôt une autre approche moins triviale, plus contournée de la réalité. Image idéalisée de la femme, Juliette échappe à toutes les définitions, comme elle échappe au malheureux Michel à l'instant où il croit enfin la saisir.
Il ne l'en oublie pas pour autant et, comme nous tous, s'accroche désespérément à son rêve, aussi absurde et perturbant qu'il soit. Un premier acte bref et pas toujours très bien écrit, à la musique inégale, à la structure dramatique chaotique. Un deuxième acte plus structuré, infiniment plus attachant, et un troisième acte déjanté et dramatique à la fois, car le rêve ne mène plus qu'à des pistes sans issues.
Juliette n'est peut-être pas un chef-d'oeuvre absolu, sans doute inférieur aux opéras de Janacek par exemple, mais il y a une riche et foisonnante partition orchestrale et, une fois encore, beaucoup d'originalité.
En fait, si l'on passe une belle soirée, c'est surtout en raison de la production et de la distribution. Richard Jones qui a déjà signé au Palais Garnier la soirée Der Zwerg – L'enfant et les sortilèges , a réalisé un travail d'acteurs qui confère une cohérence théâtrale à l'ensemble de l'anecdote.
Amusantes et esthétiques variantes sur le thème de l'accordéon, les décors sont très astucieusement agencés et mis en valeur par les éclairages inventifs de Matthew Richardson. Bref une scène rêvée.
Il en va presque de même pour la distribution. Dans le rôle titre, Alexia Cousin se révèle d'une aisance indéniable. Elle est pratiquement à la hauteur de sa jeune réputation et de sa grande voix (qui excède parfois son contrôle). Son partenaire William Burden est lui totalement crédible dans le rôle difficile de Michel.
Tous les autres sont sans reproche, mais on peut quand même se demander si Michèle Lagrange n'est pas sous-employée dans un rôle parlé comme celui de la chiromancienne.
Enfin, pour ses débuts à l'Opéra de Paris, Marc Albrecht se taille un succès appréciable et mérité. Précise et habile, sa direction ferait presque oublier les faiblesses de la partition. Alors, même si Juliette n'est pas une oeuvre de « grand répertoire », il faut saluer l'initiative de l'Opéra de Paris qui a su redonner aux songes de Martinu un peu de réalité scénique.
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Palais Garnier, Paris Le 25/11/2002 GĂ©rard MANNONI |
| Nouvelle production de Juliette ou la clé des songes, un opéra de Bohuslav Martinu. | Orchestre de l'Opéra de Paris
Direction : Marc Albrecht
Mise en scène : Richard Jones
DĂ©cors et costumes : Antony McDonald
Avec Alexia Cousin (Juliette)- William Burden (Michel)- Ivan Matiakh (le commissaire, Le facteur, L'employé)- Laurent Naouri (L'homme au casque, Le marchand de souvenirs, Le Bagnard)- Alain Vernhes (L'homme à la fenêtre, Le petit vieux, Le mendiant)- Karin Deshayes (le petit arabe, Premier monsieur, Le chasseur)- Christian Tréguier (Le vieil arabe, le veux matelot)- Michèle Lagrange (La marchande d'oiseaux, La chiromancienne)- Martine Mahé (La marchande de poissons, La petite vieille, La vieille dame)- Gaële Le Roi (Deuxième monsieur)- Marie-Thérèse Keller (Troisième monsieur)- Yves Bisson (le père La jeunesse)- Marcos Pujol (Le jeune matelot). | |
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