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CRITIQUES DE CONCERTS |
01 novembre 2024 |
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Giacomo Puccini n'a pas eu la main heureuse en choisissant le librettiste d'Edgar. Fernando Fontana a produit trois actes sans grande cohérence dramatique rendant les actions des personnages incompréhensibles et le tout assaisonné de vers boursouflés : “
Orgie, chimère à l'œil vitreux
dans le glauque mystère silencieux” (sic !). Il faudra attendre la rencontre avec Giacosa et Illica pour permettre au compositeur de Torre del Lago l'épanouissement de son talent dramatique.
Le livret rappelle à la fois Carmen et Tannhaüser: même le meilleur des généticiens ne pourrait concevoir une telle chimère ! Le coeur d'Edgar est partagé entre la pure Fidelia et la démoniaque Tigrana. L'américain Carl Tanner se tire très honorablement du rôle-titre avec une voix de ténor très saine et expressive.
Mary Ann McCormick a la tâche difficile de faire vivre Tigrana qui oscille entre les chansons tziganes et le Vénusberg de fantaisie du deuxième acte. Malheureusement elle reste en deçà du mordant requis pour cette “vile courtisane”, mais la voix est ronde et parfaitement projetée.
Le baryton slovaque Dalibor Jenis montre son talent dramatique dans l'air de Frank du premier acte. Voilà un chanteur qui a tout pour faire une grande carrière : un contrôle vocal parfait, une grande palette de couleurs, des aigus splendides et une présence !
Julia Varady a fait accourir tous les mélomanes parisiens (et même européens) tant ses apparitions se font rares depuis quelques années. Elle arrive, toujours souveraine, habillée d'une robe turquoise qui tranche avec sa tenue si peu seyante, l'an dernier, au Théâtre des Champs-Élysées.
On la sent plutôt tendue, ayant besoin fréquemment de se désaltérer. Fidelia est un rôle de soprano lyrique sans difficultés particulières dont Julia Varady maîtrise aisément la tessiture. On remarque quelques problèmes d'appui, mais la projection reste superbe après quarante ans d'une carrière sans s'économiser le moins du monde.
On est captivé par sa concentration durant tout le concert. Ses jeunes partenaires peuvent, à juste titre, la regarder comme un exemple. Il ne fallait pas manquer ce qui sera peut-être son dernier concert à Paris. Pour ceux qui n'ont pu se rendre à ce concert, la séance de rattrapage est le 4 janvier sur France Musiques.
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Salle Olivier Messiaen - Maison de la Radio, Paris Le 07/12/2002 Christine LETEUX |
| Edgar de Giacomo Puccini en version de concert. | Carl Tanner : Edgar
Julia Varady : Fidelia
Mary Ann McCormick : Tigrana
Dalibor Jenis : Franck
Carlo Cigni : Gualtiero
Maîtrise et Choeur de Radio France
Orchestre National de France
Yoel Levi direction | |
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