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CRITIQUES DE CONCERTS |
09 mai 2025 |
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Reprise de Tosca à l'Opéra Bastille
Tosca un peu perdue
Ouverture de saison à l'Opéra Bastille avec un spectacle maintenant bien connu, car la production de Werner Schroeter en est à sa énième reprise. La mise en scène n'a jamais fait l'unanimité, et dépend en grande partie des chanteurs impliqués. C'est pourquoi on attendait de pied ferme les débuts à l'Opéra de Paris de Fiorenza Cedolins en cantatrice jalouse.

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Opéra Bastille, Paris
Le 15/09/2003
Yutha Tep
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Le disque l'a prouvé : Cedolins possède, a priori, tout ce qu'il faut pour être une grande Tosca. C'est elle qui fait l'intérêt du récent coffret Deutsche Grammophon, face au Caravadossi problématique d'Andrea Bocelli, ou même du Scarpia de Carlo Guelfi. A l'Opéra Bastille, l'ampleur des moyens est évidente, avec une arrogance impressionnante dans la projection du medium. Belle, longue, bien menée, la voix est somptueuse. Un peu plus de rayonnement dans l'aigu, et l'on tiendrait là une quasi-référence moderne. Mais la mise en scène de Werner Schroeter n'est pas sans poser des difficultés redoutables à ses artistes. Exploitant de manière assez simple le grand plateau de Bastille, elle joue sur la simplicité : celle des décors en premier lieu, atelier de peinture au premier acte, antre de Scarpia au deuxième, et Saint-Ange au dernier (avec toujours cet immense ange suspendu qui surplombe la scène, et dont on cherche encore la signification précise). Et c'est là que le bât blesse.
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Jetés dans ce dépouillement, sans pour autant bénéficier d'une direction d'acteur véritable, les chanteurs semblent se débrouiller avec ce qu'ils ont de répères théâtraux individuels. C'est Fiorenza Cedolins qui en souffre le plus, multipliant les poses entendues et les gestes superflus : il est vrai que ses devancières, Nelli Miricioiu en tête, ne s'en sortaient guère mieux. A l'opposé, son Caravadossi – Marcello Giordani – est un comédien honorable, et une réelle présence scénique compense les approximations d'un instrument bien éprouvé par des rôles très lourds : si les paroxysmes ne l'effraient pas, le ténor rencontre certaines difficultés à alléger sa voix et ses efforts louables dans E lucevan le stelle ne trouvent pas une récompense à la hauteur des intentions. Fort attendu également, Falk Stuckmann s'avère tout aussi bon acteur, et si son identité vocale n'est pas totalement celui de Scarpia, son personnage revêt une apparence inquiétante, avec une noirceur glaciale.
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Glacial n'est certes pas le qualificatif qu'on utiliserait pour décrire la direction de Marcello Viotti. Le chef italien est un vieux routier des scènes lyriques, et dès les premières mesures, on comprend que son maître-mot est l'efficacité dramatique. Mais est-il besoin d'étirer si déraisonnablement les tempi des « tubes » dans le souci évident de laisser les chanteurs donner leur pleine mesure ? Chef théâtral, Viotti oublie un peu trop vite les jeux de timbres qu'un grand technicien de l'orchestre pourrait magnifier : l'Orchestre de l'Opéra a montré, l'an passé, un superbe éventail de couleurs pour peu qu'on sache le solliciter.
Au total, cette reprise laisse un peu sur sa faim, mais ne boudons pas notre plaisir : le beau chant a bel et bien prévalu, et l'opéra, n'est-ce pas cela avant tout ?
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Opéra Bastille, Paris Le 15/09/2003 Yutha Tep |
 | Reprise de Tosca à l'Opéra Bastille | Tosca
Opéra de Giacomo Puccini
Direction musicale : Marcello Viotti
Mise en scène : Werner Schroeter
Décors & costumes : Alberte Barsacq
Lumières : André Diot
Choeurs & orchestre de l'Opéra de Paris
Avec Fiorenza Cedolins (Flora Tosca), Marcello Giordani (Mario Caravadossi), Falk Struckmann (Scarpia), Michael Druiett (Angelotti), Christian Jean (Spoletta), Michel Trempont (le sacristain).
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