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CRITIQUES DE CONCERTS |
01 novembre 2024 |
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Début du Cycle Brahms de l'Orchestre national de France sous la direction de Kurt Masur au Théâtre des Champs-Élysées, Paris.
Maîtrise du souffle romantique
Après Beethoven et Mendelssohn, Kurt Masur engage l'Orchestre National de France dans un cycle Brahms dont le coup d'envoi était donné le jeudi 25 mars au Théâtre des Champs-Élysées. Pour commencer, un Concerto pour violon avec Anne-Sophie Mutter un rien distancié et une 1e symphonie au souffle romantique admirablement maîtrisé.
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Le public qui se pressait mercredi au Théâtre des Champs-Élysées suffit à prouver la montée en puissance accomplie par l'Orchestre National de France depuis la reprise en main de son nouveau patron Kurt Masur. Le cycle Brahms inauguré ce soir-là accentue encore une volonté affichée : élargir et fixer le grand répertoire, en permettant à l'orchestre de se maintenir au niveau des majeures formations internationales. Un projet ambitieux qui devrait marquer sa bonne santé, en corrigeant quelques faiblesses, comme celles rencontrées dans l'Ouverture tragique, une oeuvre qui demande un chant large et profond, et non raideur et brutalité dans les attaques et la continuité du discours mélodique.
L'entrée d'Anne-Sophie Mutter électrise la salle : Brahms est son univers, on le sait, et elle semble créditer d'avance de l'adhésion du public. Souveraine, elle survole les difficultés d'une partition si populaire qu'elle expose l'artiste à tous les dangers et à une mise sous tension de tous les instants. Mais quel dommage qu'elle ait privilégié l'éclat, et trop souvent le passage en force au lyrisme d'une musique dont l'élan reste toujours contenu. Par bonheur, dans l'Adagio, elle calme le jeu et établit avec les bois un climat d'une poésie captivante. L'orchestre lui fait totalement allégeance, trop peut-être, en adoptant un profil proche de la musique de chambre. Rappels sans fin que récompense une parfaite Chaconne de Bach.
Dans un entretien accordé à Christian Vasselin et reproduit dans le programme, Kurt Masur déclare : « Si j'avais été compositeur, et si j'avais vécu au XIXe siècle, c'est la musique de Brahms que j'aurais aimé écrire
Mais il suffit qu'un orchestre français la joue pour qu'on mesure combien son caractère compact et massif est le fait de mauvais orchestre ». On le croit sur parole.
Message reçu : l'exécution de la 1e symphonie est un modèle d'équilibre, où passent les souffrances secrètes de l'âme romantique, sans qu'à aucun moment le son n'appuie ou ne s'attarde. L'Adagio est d'une gravité et d'une douceur infinie, tandis que l'Allegretto annonce déjà la lumière et la libération du Finale, dirigé par Kurt Masur avec une passion toute en retenue, comme il se doit.
Beau fixe entre l'orchestre et son chef, qui avoue : « avec le travail sur Brahms, j'ai redécouvert cet orchestre. Tous les musiciens se sont impliqués. Aujourd'hui, on se comprend totalement et immédiatement ». Un accord qui vaut son pesant d'or, venant d'un homme, ennemi des effets d'annonce, qui n'a pas la réputation de mâcher ses mots.
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Théâtre des Champs-Élysées, Paris Le 25/03/2004 Françoise MALETTRA |
| Début du Cycle Brahms de l'Orchestre national de France sous la direction de Kurt Masur au Théâtre des Champs-Élysées, Paris. | Cycle Brahms de l'ONF
Johannes Brahms (1833-1897)
Ouverture tragique, op. 81
Concerto pour violon et orchestre en ré majeur, op. 77
Anne-Sophie Mutter, violon
Symphonie n°1 en ut mineur, op. 68
Orchestre national de France
direction : Kurt Masur | |
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