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	| CRITIQUES DE CONCERTS | 31 octobre 2025 |  
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	| Concert de l'Orchestre National de France sous la direction de Kurt Masur, avec la participation du pianiste Jean-Yves Thibaudet au Théâtre des Champs-Élysées, Paris.
 
 L'ONF au naturel
 
 Kurt Masur dirigeant Debussy, Ravel et Franck : affiche prometteuse, mais presque déroutante pour un Orchestre National de France ne pratiquant guère son répertoire de prédestination avec son directeur musical. Malgré la présence de Jean-Yves Thibaudet dans le Concerto en sol de Maurice Ravel, le chef allemand s'est arrogé la vedette dans ce programme 100% français. 
 
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| Théâtre des Champs-Élysées, Paris Le 10/02/2005
 Mehdi MAHDAVI
 
 
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	| Public dissipé que celui du Théâtre des Champs-Élysées : Kurt Masur tarde à donner le départ, fixé par Philippe Pierlot, flûtiste-faune d'un soir. Une fois que la machine est lancée, aucun répit. Ce Debussy-là ne s'attarde guère dans les chaleurs de l'après-midi. Carré, compact, le Prélude peine à épanouir ses couleurs. Le directeur musical du National n'est pas vraiment l'homme de la situation : c'est impeccable, implacable, mais jamais sensuel, étrange, libre en somme.
 Un style de direction que le chef allemand rĂ©itère dans la Fantaisie pour piano et orchestre en sol majeur, oeuvre dĂ©savouĂ©e par Debussy, qui ne trouve que rarement le chemin de la scène. Jean-Yves Thibaudet suit consciencieusement la partition. Est-ce pour cette raison qu'il semble toujours en retrait, en retard mĂŞme, sur le discours cursif de Kurt Masur, qui dĂ©ploie un Orchestre National de France aux couleurs retrouvĂ©es, affirmĂ©es, enivrantes ? La lutte est inĂ©gale, et souvent ce piano dĂ©licat, ductile, disparaĂ®t sous les assauts virevoltants du chef allemand. Explication de l'auteur : « J'ai changĂ© d'avis sur la façon d'employer le piano avec l'orchestre. Il faut aussi Ă©crire l'orchestre diffĂ©remment, sans quoi on assiste Ă  une lutte un peu ridicule entre les deux personnages Â».
 
 Mais le Concerto en sol de Ravel n'infléchit pas cette tendance à la retenue. Si Jean-Yves Thibaudet fait une entrée passionnante, de souple ironie et folklore, il se retrouve rapidement en-deçà des exigences de la partition, qu'il semble souvent effleurer, subtil jusqu'à l'effacement, ne s'autorisant jamais à dépasser le mezzo-forte. Le dialogue avec les bois, solistes éblouissants, donne vie à un Adagio assai jusqu'alors compassé, entouré de deux mouvements piaffants, auxquels Kurt Masur insuffle un sarcasme irrésistible, une vie intense, une jeunesse ébouriffante.
 
 Une Symphonie de Franck d'un bloc
 
 La Symphonie en ré mineur de César Franck amplifie encore cette démonstration de force et de persuasion. En garant des meilleures traditions, le chef allemand se place à la croisée des influences et dresse un monument d'un bloc. Il impose un arc tendu, accusant çà et là quelques baisses de régime, mais sans jamais rompre le fil, brassant la matière sonore grisante des cordes graves avec un appétit de titan. Les thèmes se succèdent, s'enchevêtrent avec un stupéfiant sens du tragique.
 
 La vision sans cesse relancée, jamais épanchée, de Kurt Masur n'en finit pas d'impressionner par son unité, jusqu'à une certaine uniformisation des mouvements. Et l'Orchestre National de France exhibe une forme superlative, d'un pupitre de violoncelles engagés dans une fulgurante course à l'abîme, et de premiers violons acérés aux frontières de la violence, noyaux implacables d'un authentique son Masur, qui s'identifie, orgue somptueux, à la densité franckienne.
 
 Jusqu'alors attaché à défendre son héritage de Kapellmeister en imposant à l'Orchestre National d'indispensables bases germaniques, Kurt Masur a apporté la plus magistrale réponse à ceux qui lui reprochent de renier le passé glorieux d'une phalange qui, dans son répertoire naturel, se révèle à nouveau éblouissante.
 
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 |  | Théâtre des Champs-Élysées, Paris Le 10/02/2005
 Mehdi MAHDAVI
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 |  |  | Concert de l'Orchestre National de France sous la direction de Kurt Masur, avec la participation du pianiste Jean-Yves Thibaudet au Théâtre des Champs-Élysées, Paris. |  | Claude Debussy (1862-1918) Prélude à l'après-midi d'un faune
 Fantaisie pour piano et orchestre en sol majeur
 Jean-Yves Thibaudet, piano
 
 Maurice Ravel (1875-1937)
 Concerto pour piano et orchestre en sol majeur
 Jean-Yves Thibaudet, piano
 
 César Franck (1822-1890)
 Symphonie en ré mineur
 
 Orchestre National de France
 direction : Kurt Masur
 
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