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CRITIQUES DE CONCERTS |
01 novembre 2024 |
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Reprise de Madame Butterfly de Puccini dans la mise en scène de Robert Wilson et sous la direction de Marco Balderi à l'Opéra de Paris.
L'inconsolable papillon
Il n'est pas indifférent, à l'heure où Bob Wilson est attendu de pied ferme au Châtelet pour la suite d'un Ring wagnérien entamé cet automne, de revoir à la Bastille une de ses réalisations les plus abouties, cette Madame Butterfly de 1993 au parti-pris visuel confondant de force et de beauté.
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On a dit, on dit encore beaucoup de mal et de bien des mises en scènes de Robert Wilson. On a encensé la nouveauté d'une esthétique poussée jusqu'à l'extrême, jusqu'à l'épure ; on a pu lui reprocher un certain systématisme, une répétition inlassable des mêmes options scéniques – l'épure du décor, la lumière pour unique accessoire, le hiératisme de la direction d'acteurs –, voire des mêmes ficelles théâtrales, depuis ses réalisations emblématiques des années 1970.
Ce qui est certain, c'est que ce qui peut sembler parfois artificiel, appliqué à des oeuvres ou à des lieux plus ou moins rétifs, fonctionne avec une cohérence admirable dans le cas de l'opéra japonisant de Puccini, et dans le cadre dépouillé de l'Opéra Bastille. Débarrassée de son exotisme de pacotille, l'oeuvre écarte tout mélodrame sentimental et pleurnichard pour atteindre à la puissance de la tragédie antique, où fonctionne une catharsis qui laisse la salle aussi inconsolable que la geisha délaissée.
La distribution de cette reprise, en revanche, n'apporte pas de surprise excessive. Ce qui étonne dans la voix de la jeune Chinoise Liping Zhang, qui aborde ici le rôle de Cio-Cio San, c'est qu'elle n'a strictement rien d'exotique. C'est au contraire une voix taillée pour les grands rôles verdiens ou véristes du répertoire, aux graves profonds de toute beauté, aux aigus efficaces. Tout juste lui reprochera-t-on une certaine irrégularité du souffle, qui semble par moments accuser la fatigue d'un rôle énorme. Que ce soit le duo du premier acte, le fameux Un bel di vedremo, mais surtout l'adieu de Butterfly à l'enfant et à la vie, la soprano tient le fil du rôle-titre avec une émotion constante.
Suzuki reçoit d'Ekaterina Gubanova une interprétation en finesse et en santé vocale, tandis que Marco Berti donne au rôle cynique et cruel de Pinkerton un chant de qualité. Mention particulière au Consul de Dwayne Croft, baryton élégant et sensible. Dans la fosse, l'orchestre de l'Opéra déploie les couleurs somptueuses et les plus subtiles nuances de la partition puccinienne, même si Marco Balderi, qui fait ses débuts à l'Opéra, semble par moments peiner à le retenir de couvrir certaines voix.
Mais quoi qu'il en soit, l'ensemble reste merveilleusement cohérent avant tout en raison de la cohésion scénique, et donne toute sa grandeur à l'inconsolable papillon.
Opéra Bastille, jusqu'au 28 février.
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Opéra Bastille, Paris Le 21/01/2006 Anne-Béatrice MULLER |
| Reprise de Madame Butterfly de Puccini dans la mise en scène de Robert Wilson et sous la direction de Marco Balderi à l'Opéra de Paris. | Giacomo Puccini (1858-1924)
Madama Butterfly, tragédie japonaise en trois actes (1904)
Livret de Luigi Illica et Giuseppe Giacosa d'après la pièce de David Belasco, adaptée d'une nouvelle de John Luther Long
Choeurs et Orchestre de l'Opéra national de Paris
direction : Marco Balderi
mise en scène et décors : Robert Wilson
costumes : Frida Parmeggiani
Ă©clairages : Heinrich Brunke et Robert Wilson
chorégraphie : Suzushi Hanayagi
préparation des choeurs : Peter Burian
Avec :
Liping Zhang (Cio-Cio San), Ekaterina Gubanova (Suzuki), Marco Berti (B. F. Pinkerton), Dwayne Croft (Sharpless), Burkhard Ulrich (Goro), Yuri Kissin (Il Commissario Imperiale), Myriam Piguet (la zia), Letitia Singleton (Kate Pinkerton), Sylvie Delaunay (la madre di Cio-Cio San), Jian Zhao (la cugina), Yves Cochois (l'ufficiale del registro), Bartolomiej Misiuda (il Principe Yamadori), Hyung-Jong Roh, Yakuside, Stanislav Shvets (le zio Bonzo). | |
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