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CRITIQUES DE CONCERTS |
01 novembre 2024 |
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Concert de l'Orchestre Philharmonique de Radio France sous la direction de Neeme Järvi, avec la participation du violoncelliste Jian Wang au Théâtre des Champs-Élysées, Paris.
Concerto pour orchestre costaud
Neeme Järvi
Remplaçant presque au pied levé Myung-Whun Chung, Neeme Järvi, chef prolifique s'il en est, renforce la charpente sonore de l'Orchestre Philharmonique de Radio France, pour accompagner efficacement et sans concession un Concerto d'Elgar perfectible au violoncelle et donner ensuite un Concerto pour orchestre de Bartók percutant et costaud.
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Jouer le Concerto pour violoncelle d'Elgar dans l'acoustique un peu sèche et impitoyable du Théâtre des Champs-Élysées peut s'avérer extrêmement inconfortable pour un soliste, surtout dans l'optique d'un lyrisme généreux issu d'un post-romantisme plombé par la tragédie de la Première Guerre mondiale.
Techniquement, Jian Wang ne convainc qu'à demi : grésillements, cordes métalliques vrillées dans les accords pizzicato particulièrement épineux du deuxième mouvement, justesse par toujours irréprochable dans les traits techniques ; autant d'incidents qu'une acoustique plus étoffée aurait pu masquer davantage. C'est ce soir le prix à payer pour la musicalité généreuse du violoncelliste, pourtant fort à propos et dont le geste saisit d'emblée par sa largesse.
Au pupitre, Neeme Järvi soutient le Coréen d'une main ferme et inflexible, conduisant un Orchestre Philharmonique de Radio France bien préparé. Le chef finlandais accorde une attention marquée aux attaques et à l'impact de l'ensemble, loin d'une routine molle. Dans le même esprit, la lecture qu'il livre du Concerto pour orchestre de Béla Bartók se caractérise par un Philhar' costaud, aux cuivres appuyés et puissants – presque trop parfois – aux bois très présents, aux cordes bien charnues, toujours soucieuses d'accorder au timbre la densité appropriée au discours du compositeur hongrois.
Si la formation française est irréprochable dans sa mise en place, cette vision quelque peu épaisse, assez lente, demeure un rien pataude tout en évitant de tomber dans la balourdise ; une telle conception peut incommoder mais elle reste néanmoins pertinente par son impact. Viennent d'ailleurs se distinguer quelques heureuses surprises, en particulier dans l'Intermezzo interrotto à l'ironie rauque, presque rocailleuse, personnalisée par les glissandi graveleux du trombone solo. Le Finale est quant à lui pris à la racine, débutant dans un tempo inhabituellement lent mais soupesé par les épaules du chef.
Si le gros effet semble quelquefois l'emporter sur la subtilité, on trouvera les limites de cette conception davantage dans la sonorité quelque peu mastoc et impersonnelle de l'ensemble que dans le parti pris en soi, qui fonctionne plutôt bien. Le Philharmonique aurait effectivement gagné à chamarrer davantage ses couleurs, à sonner de manière moins brut de décoffrage. Mais dans une époque au symphonisme quelquefois aseptisé, on préférera ce genre de conception à une esthétisation désincarnée. Car si un brin d'étoffe n'aurait pas nui à l'ensemble, ce concerto pour orchestre costaud n'en conserve pas moins sa poigne.
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Théâtre des Champs-Élysées, Paris Le 27/01/2006 Benjamin GRENARD |
| Concert de l'Orchestre Philharmonique de Radio France sous la direction de Neeme Järvi, avec la participation du violoncelliste Jian Wang au Théâtre des Champs-Élysées, Paris. | Edward Elgar (1857-1935)
Concerto pour violoncelle et orchestre en mi mineur op. 85 (1919)
Jian Wang, violoncelle
Béla Bartók (1881-1945)
Concerto pour orchestre (1943-44)
Orchestre Philharmonique de Radio France
direction : Neeme Järvi | |
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