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CRITIQUES DE CONCERTS 01 novembre 2024

Nouvelle production de Trois valses d'Oscar Straus dans la mise en scène de Jean-Louis Grinda et sous la direction de Didier Benetti à l'Opéra-Comique.

Valses au goût d'inachevé
© Jacky Croisier

Laurence Janot et Jean-Baptiste Marcenac.

La vogue de l'opérette serait-elle en train de renaître ? Le genre se voit en tout cas depuis peu singulièrement remis à neuf. À l'heure où Paris se couvre d'affiches de Pierre & Gilles vantant un Châtelet carrément old style, et tandis que se poursuit la tournée de Ta Bouche, l'Opéra-Comique présente un opus du même librettiste, Albert Willemetz.
 

Opéra Comique - Salle Favart, Paris
Le 17/03/2006
Anne-Béatrice MULLER
 



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  • Qui a oublié l'air Je ne suis pas ce que l'on pense, je ne suis pas ce que l'on croit, morceau de bravoure d'une Yvonne Printemps au faîte de sa séduction ? Mais alors, qui se rappellera qu'il est extrait, précisément, de ces Trois Valses qu'Oscar Straus composa en 1935 (remaniées en 1937 pour Paris), sur un livret du spirituel et prolifique directeur des Bouffes-Parisiens, Albert Willemetz ?

    Vaste pot-pourri de valses et de polkas empruntées sans aucune forme de gêne au catalogue viennois des deux Johann (Strauss aussi, bien sûr), l'oeuvre a tout de l'opérette parisienne deuxième époque, celle qui fleurit dans l'entre-deux-guerres : une intrigue joyeuse, légère et compliquée à la fois, répartie sur trois périodes (1867, 1900 et 1937), contant les amours contrariées des artistes Grandpré et des aristocrates Chalencey, un dialogue truffé de mots d'esprit et de private jokes – sans compter la descendance offenbachienne des scènes burlesques, mais aussi la poésie qui, par instants, affleure au bord de la musique.

    © CE Bidard

    La musique, parlons-en : c'est, de façon évidente, ce qu'offre de plus abouti et de plus réussi le spectacle de l'Opéra-Comique. Avec, dans la fosse, des forces qui n'ont rien de faramineux, mais rien de misérable non plus – en l'espèce, un orchestre de dix-sept musiciens –, le chef Didier Benetti réussit le pari de donner vie, chaleur et élégance à des morceaux qui pourraient vite tourner au vulgaire – la Marche de Radetzky. Rien de cela : usant de tempi vifs et précis, évitant toute dégoulinade chaloupée, il fait honneur aux partitions viennoises.

    Sur scène, malheureusement, le constat est plus mitigé. Le spectacle est mené tambour battant par Laurence Janot, ancienne danseuse du corps de ballet de l'Opéra : la technique de la danse est là, et reste impressionnante. Mais il serait surhumain (ou américain, peut-être), d'y ajouter une voix exceptionnelle et des dons d'actrice hors du commun. Ou alors y fallait-il une vraie star, comme justement, en son temps, Yvonne Printemps. Si bien que Laurence Janot reste soit trop en retrait dans les passages de théâtre, soit excessivement concentrée sur la danse, soit en fait
    un brin cabotine au moment de chanter. Il faut dire que son partenaire, Jean-Baptiste Marcenac (un habitué de la télévision), n'a pas vraiment la stature d'un Pierre Fresnay, pour qui furent créés les trois rôles masculins des Chalencey.

    Mise en scène brouillonne mais ballet désopilant

    Le reste de la distribution se balade sans véritable rythme ni raison, au gré de la mise en scène brouillonne de Jean-Louis Grinda. Des idées qui auraient pu être excellentes – le metteur en scène allemand, décalque d'Erich von Stroheim, au troisième acte – tombent ainsi plus ou moins à plat, faute d'être vraiment abouties. Mais ce qu'il ne faut surtout pas manquer, c'est la parodie de ballet romantique du premier acte, quelque part en Écosse, entre Giselle et la Sylphide, qui, en plus d'être plutôt correctement dansée, est proprement désopilante.

    On regrette donc que le maître de maison, Jérôme Savary, n'ait pas assaisonné au sel de sa coutumière folie scénique une production qui, par son manque d'allant, laisse un goût d'inachevé. Mais en dépit de ces réserves, on passe une très bonne et charmeuse soirée : que demander de plus à une salle Favart dont c'est la véritable vocation. Et à quand Die Lustigen Nibelungen (imparable parodie wagnérienne signée Oscar Straus) au nouveau Châtelet ?




    Opéra-Comique, jusqu'au 9 avril.




    Opéra Comique - Salle Favart, Paris
    Le 17/03/2006
    Anne-Béatrice MULLER

    Nouvelle production de Trois valses d'Oscar Straus dans la mise en scène de Jean-Louis Grinda et sous la direction de Didier Benetti à l'Opéra-Comique.
    Oscar Straus (1870-1954)
    Trois valses, opérette en 3 actes (1935)
    Livret de Léopold Marchand et Albert Willemetz d'après Knepler et Robinson
    Version parisienne de 1937

    Choeur et Orchestre
    direction : Didier Benetti
    mise en scène : Jean-Louis Grinda
    décors : Dominique Pichou
    costumes : Danièle Barraud
    éclairages : Jacques Chatelet
    chorégraphie : Eric Belaud

    Avec :
    Laurence Janot (Fanny Grandpré / Yvette Grandpré / Irène Grandpré), Jean-Baptiste Marcenac (Octave de Chalencey / Philippe de Chalencey / Gérard de Chalencey), Carole Clin (Céleste / Mademoiselle Castelli / Miss Raphaëlson / Madame Beltramini), Jeanne-Marie Levy (La douairière de Chalencey / Madame Jules), Jacques Duparc (Brunner père (Acte I) / Brunner Fils (Acte II & III)), Fabrice Todaro (Brunner fils (Acte I) / le journaliste / le photographe), Philippe Ermelier (Saint-Prix / Dulaurier / l'assistant), Jean-Marie Sevolker (Cyprien de Chalencey / le pompier / le machiniste), Patrick Vilet (Le Colonel de Chalencey / l'amant / le barman), André Jobin (Le Maréchal de Chalencey / le directeur / le producteur), Antoine Normand (Sosthène de Chalencey / le compositeur / l'acteur), Jean-Philippe Corre (Le Président / l'auteur / le metteur en scène), et les danseurs : Laetitia Antonin, Elisabeth Boronat, Emmanuelle Cambon, Anna Helena, Flavia Mangani, Jennifer Musso, José Valls.

     


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