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CRITIQUES DE CONCERTS |
01 novembre 2024 |
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Concert en trio avec piano de Maxim Vengerov, Alisa Weilerstein et Lilya Silberstein à la salle Pleyel, Paris.
L'acoustique en question
Tout avait bien commencé pour la nouvelle salle Pleyel. Les premiers concerts avec orchestre avaient souligné la nette amélioration de l'acoustique d'antan. Tel n'est malheureusement pas le cas pour les cordes solistes. Le violoniste Maxim Vengerov, la violoncelliste Alisa Weilerstein et la pianiste Lilya Zilberstein en ont fait les frais.
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Maxim Vengerov lui-même avait souhaité de la musique de chambre pour son premier concert dans la salle Pleyel rénovée. Un test, une épreuve et de la magie : voici ce qui ressort de ce concert plein d'ambiguïtés donné dans une salle pas tout à fait pleine. Lors de l'inauguration de Pleyel, au milieu des louanges unanimes, nous avions souligné, sur un support papier paraissant le dimanche, à quel point le moindre bruit de scène prenait de l'ampleur dans la salle entière. Ce minime défaut doit être corrigé par les acousticiens qui pendant un an surveillent Pleyel. Vengerov et ses deux acolytes ont poussé l'expérimentation un peu plus loin, avec deux oeuvres de musique de chambre difficiles sur le plan acoustique : le 2e trio avec piano de Chostakovitch, et le Trio avec piano en la mineur de Tchaïkovski.
Vengerov n'a plus rien à prouver. Star jadis tumultueuse d'un violon parfois exhibitionniste mais aussi rigoureux que sentimental, le voici transformé. Assagi par les ans, c'est un violoniste nouveau qui est apparu, plus maître de lui-même et à l'écoute de ses partenaires. Dans le sombre trio chostakovien, plein d'affliction et de désarroi, il ne cherche pas la séduction mais une interrogation aussi rugueuse qu'ironique et déchirante, dans une interprétation habitée, bien que le piano de sa compatriote, la Russe Lilya Zilberstein, occupe souvent tout l'espace sonore. Du premier balcon, le violon épanoui de Vengerov passe encore, contrairement au violoncelle de l'Américaine Alisa Weilerstein. La magie inquiétante de l'oeuvre, finalement plus importante que le reste, est sauvegardée ; c'est là le principal.
L'émouvant et fort long Trio en la mineur de Tchaïkovski pose davantage de problèmes. Le compositeur lui-même a souvent parlé de son aversion pour la combinaison du piano, du violon et du violoncelle. Dans cette pièce, il a relevé un défi kilométrique, puisqu'il s'agit de l'une des oeuvres les plus longues du répertoire de musique de chambre. Élégiaque autant que pessimiste, elle nous dit tout sur la vie et la mort.
Dans cette manifestation de poids un peu obsolète intervient un léger incident : Weilerstein casse une corde et doit quitter momentanément la scène avec son violoncelle. Bizarrement, cela change tout, car le Finale prend une dimension nouvelle et vibre plaintivement et magnifiquement. La magie de Vengerov et de ses deux dames séduisent en plein, sinon que se pose à nouveau la question essentielle de l'acoustique de la salle pour les cordes, à laquelle on attend que les acousticiens apportent rapidement une réponse.
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Salle Pleyel, Paris Le 20/11/2006 Nicole DUAULT |
| Concert en trio avec piano de Maxim Vengerov, Alisa Weilerstein et Lilya Silberstein à la salle Pleyel, Paris. | Dmitri Chostakovitch (1906-1975)
Trio pour violon, violoncelle et piano n° 2 en mi mineur op. 67
Piotr Ilitch Tchaïkovski (1840-1893)
Trio pour violon, violoncelle et piano en la mineur op. 50
Maxim Vengerov, violon
Alisa Weilerstein, violoncelle
Lilya Zilberstein, piano | |
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