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CRITIQUES DE CONCERTS 01 novembre 2024

Version de concert de la Damnation de Faust de Berlioz sous la direction de James Levine Ă  la salle Pleyel, Paris.

Une Damnation olympienne
© Mark Ostow

La Damnation de Faust n'a aucun secret pour le Boston Symphony qui, par le truchement inspiré de Munch ou Ozawa, a su en extraire jadis toute la dimension poétique et fantastique. Chef d'opéra incontesté, James Levine relève le gant dans une version de concert équilibrée où la savante alchimie vocale et symphonique l'emporte sur la démesure émotionnelle.
 

Salle Gaveau, Paris
Le 04/09/2007
Michel LE NAOUR
 



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  • Pour l'ouverture de sa saison, la salle Pleyel offrait une parure de gala au public nombreux venu entendre, en l'Orchestre Symphonique de Boston, l'une des phalanges lĂ©gendaires qui ne s'Ă©tait pas produite Ă  Paris depuis le dĂ©part de Seiji Ozawa et l'arrivĂ©e Ă  sa tĂŞte en 2004 de James Levine.

    La Damnation de Faust est un ouvrage hybride qui fait appel tout autant à l'introspection si chère au cyclothymique Berlioz qu'à l'expression passionnelle et dramatique où la sensibilité se mesure à l'absolu et le lyrisme à l'exaltation. Paradoxalement, bien que l'oeuvre n'ait pas été écrite en vue d'une représentation scénique, elle a, très tôt, pris une dimension théâtrale. D'une série de tableaux tissés avec génie, Berlioz s'approprie le Faust de Goethe tout en l'amodiant. Il y apporte, par le biais d'une orchestration variée et foisonnante, une justesse de climats susceptibles de se suffire à eux-mêmes.

    La version de concert que propose James Levine en apporte l'illustration. Véritable deus ex machina du dosage sonore, le chef américain, avec une maîtrise de tous les paramètres, dessine avec efficacité les pleins et les déliés d'une partition qui ne cesse d'étonner les compositeurs contemporains – Henri Dutilleux est de ceux-là – par sa richesse de contenu et son imagination fertile. Pourtant, un tel contrôle interdit parfois la fulmination, les excès, la fulgurance, au profit d'une homogénéité entretenue aussi bien entre l'orchestre idéal et les remarquables choeurs du Festival de Tanglewood qu'avec les solistes vocaux ou la Maîtrise d'enfants de Paris, d'une discipline sans fard.

    Dans une semblable perspective, le romantisme déchaîné des orages désirés fait place à un regard sensuel – la couleur de l'orchestre dans le Ballet des sylphes, le Menuet des follets, la course à l'abîme comme la qualité des pupitres y contribuent largement. Davantage tourné vers la quête d'une perfection impressionnante où Berlioz perd sa propension à la provocation et au dépassement de soi, Levine, avec une formation étonnamment claire et brillante, distille un alambic d'une suavité seulement troublée par les élans d'une Marche hongroise quelque peu démonstrative.

    Un Faust claironnant aux aigus mal contrôlés

    Sur le plan vocal, le Faust de Marcello Giordani pèche par sa tendance à claironner son rôle et par son manque de style – aigus mal contrôlés, projection approximative proche davantage du chant post-verdien que de la ligne berliozienne. En revanche, la Marguerite d'Yvonne Naef, à la diction parfaite, au chant pur et profond, à l'inflexion toujours en situation, sait mettre en scène toute la complexité du personnage et la tragédie qui en émane – l'air D'amour, l'ardente flamme est de conserve porté par la sonorité aérienne du sublime cor anglais de l'orchestre.

    José Van Dam reste, malgré le temps, ce Méphisto maléfique et d'une sobriété de grande classe qui sait compenser un appauvrissement du timbre par une présence et une intelligence de la voix ainsi que par un art de la diction dont beaucoup devraient s'inspirer. A ses côtés, le Brander de Patrick Carfizzi ne fait pas pâle figure.

    A l'Ă©coute d'un orchestre si gĂ©nĂ©reux, de choeurs si engagĂ©s et malgrĂ© quelques inĂ©galitĂ©s dans le rĂ´le-titre, l'esprit de Berlioz a soufflĂ© salle Pleyel sans pourtant « annoncer un tremblement de terre Â» comme l'avait ressenti un critique lors de la crĂ©ation de l'oeuvre sous la direction du compositeur. James Levine n'est pas du genre Ă  soulever les mĂŞmes montagnes que Charles Munch !




    Salle Gaveau, Paris
    Le 04/09/2007
    Michel LE NAOUR

    Version de concert de la Damnation de Faust de Berlioz sous la direction de James Levine Ă  la salle Pleyel, Paris.
    Hector Berlioz (1803-1869)
    La Damnation de Faust, op. 24

    Version de concert

    Marcello Giordani (Faust)
    Yvonne Naef (Marguerite)
    José Van Dam (Méphistophélès)
    Patrick Carfizzi (Brander)

    Maîtrise de Paris
    Choeurs du festival de Tanglewood
    Orchestre symphonique de Boston
    direction : James Levine

     


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