












|
 |
CRITIQUES DE CONCERTS |
16 septembre 2025 |
 |
Depuis bientôt dix ans, Jean-Yves Ossonce offre au Grand Théâtre de Tours une programmation qui mérite véritablement le détour. En 2000 déjà , il avait proposé ce même Pelléas et Mélisande dans la mise en scène très intériorisée de Gilles Bouillon qui n'a pas pris une ride, entre panneaux coulissants, évocation minimaliste des lieux et des objets seulement effleurés, éclairages toujours en accord avec la scénographie.
Certes, la distribution a changé, bien que Jean-Sébastien Bou continue de briller dans le rôle de Pelléas, mais les intentions d'ensemble demeurent les mêmes. Karen Vourc'h, en Mélisande très caractérisée, incarne un personnage plus volontariste et décidé que de coutume, mais son apparence physique ainsi qu'une voix assurée à la diction parfaite emportent l'adhésion. Son partenaire a l'étoffe, le registre de baryton-martin, la dimension vocale des meilleurs Pelléas, rôle dont il s'est fait une spécialité à travers le monde. François Harismendy, par la robustesse, voire la sauvagerie qu'il exprime, est un Golaud que l'on n'aimerait pas rencontrer au coin de la forêt tant il campe, avec la carrure qui sied, la brutalité et l'incompréhension qui sont attachées à son personnage.
Les autres emplois possèdent peu ou prou la même évidence. Svetlana Lifar est une Geneviève qui sait, dans la scène de la lettre, donner du sens à sa déclamation comme d'ailleurs Emmanuelle de Negri, Yniold crédible et au chant très pur. Frédéric Bourreau est un Arkel un peu tendre pour s'affirmer en tant que grand-père noble, mais les années sauront y pallier. D'ailleurs, dans la scène finale, il parvient à susciter un profond sentiment d'humanité face à la mort bouleversante de Mélisande dont le lit de souffrance était déjà installé sur scène au lever de rideau pour créer cette impression d'unité qui prévaut tout au long de la représentation.
La direction orchestrale alterne avec bonheur grands moments de poésie – les interludes – et emportements dramatiques les plus violents – scène des souterrains, affrontement entre Mélisande et Golaud. Sans demander à l'Orchestre Symphonique Région Centre-Tours ce qu'il obtiendrait de phalanges plus réputées, en chef expérimenté habitué des scènes d'opéras, Jean-Yves Ossonce réussit à marier les couleurs diaphanes, la subtilité, l'intensité qui font la spécificité de la musique française et parvient à imprimer le sens des atmosphères, des émotions et des situations les plus contrastées.
En avril, toujours à Tours, il officiera dans la Flûte enchantée mise en scène par Robert Fortune, puis s'envolera pour San Francisco où il dirigera Lucia de Lammermoor avec la participation de Natalie Dessay.
|  | |
Depuis bientôt dix ans, Jean-Yves Ossonce offre au Grand Théâtre de Tours une programmation qui mérite véritablement le détour. En 2000 déjà , il avait proposé ce même Pelléas et Mélisande dans la mise en scène très intériorisée de Gilles Bouillon qui n'a pas pris une ride, entre panneaux coulissants, évocation minimaliste des lieux et des objets seulement effleurés, éclairages toujours en accord avec la scénographie.
Certes, la distribution a changé, bien que Jean-Sébastien Bou continue de briller dans le rôle de Pelléas, mais les intentions d'ensemble demeurent les mêmes. Karen Vourc'h, en Mélisande très caractérisée, incarne un personnage plus volontariste et décidé que de coutume, mais son apparence physique ainsi qu'une voix assurée à la diction parfaite emportent l'adhésion. Son partenaire a l'étoffe, le registre de baryton-martin, la dimension vocale des meilleurs Pelléas, rôle dont il s'est fait une spécialité à travers le monde. François Harismendy, par la robustesse, voire la sauvagerie qu'il exprime, est un Golaud que l'on n'aimerait pas rencontrer au coin de la forêt tant il campe, avec la carrure qui sied, la brutalité et l'incompréhension qui sont attachées à son personnage.
Les autres emplois possèdent peu ou prou la même évidence. Svetlana Lifar est une Geneviève qui sait, dans la scène de la lettre, donner du sens à sa déclamation comme d'ailleurs Emmanuelle de Negri, Yniold crédible et au chant très pur. Frédéric Bourreau est un Arkel un peu tendre pour s'affirmer en tant que grand-père noble, mais les années sauront y pallier. D'ailleurs, dans la scène finale, il parvient à susciter un profond sentiment d'humanité face à la mort bouleversante de Mélisande dont le lit de souffrance était déjà installé sur scène au lever de rideau pour créer cette impression d'unité qui prévaut tout au long de la représentation.
La direction orchestrale alterne avec bonheur grands moments de poésie – les interludes – et emportements dramatiques les plus violents – scène des souterrains, affrontement entre Mélisande et Golaud. Sans demander à l'Orchestre Symphonique Région Centre-Tours ce qu'il obtiendrait de phalanges plus réputées, en chef expérimenté habitué des scènes d'opéras, Jean-Yves Ossonce réussit à marier les couleurs diaphanes, la subtilité, l'intensité qui font la spécificité de la musique française et parvient à imprimer le sens des atmosphères, des émotions et des situations les plus contrastées.
En avril, toujours à Tours, il officiera dans la Flûte enchantée mise en scène par Robert Fortune, puis s'envolera pour San Francisco où il dirigera Lucia de Lammermoor avec la participation de Natalie Dessay.
|  | |
|  |  |
|