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CRITIQUES DE CONCERTS |
01 novembre 2024 |
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Récital du violoncelliste Gautier Capuçon et de la pianiste Gabriela Montero dans la série les Grands Solistes au Théâtre des Champs-Élysées, Paris.
Violoncelle envoûtant
Du violoncelle pur, sincère et réellement beau, telle est l’impression générale de ce concert des Grands Solistes au TCE où Gautier Capuçon retrouvait comme au disque la pianiste vénézuélienne Gabriela Montero dans un programme éclectique entre Prokofiev, Mendelssohn et Rachmaninov. Une brillante soirée instrumentale.
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On ne sait qui est le plus médiatisé des deux. Gautier Capuçon bénéficie seul ou avec son frère d’une large couverture tous azimuts fort bien orchestrée par Virgin Classics. Gabriela Montero a l’aura de l’estime enviable de Martha Argerich qui l’a invitée à Lugano où elle a rencontré Gautier, et elle fut aux côtés de Perlman et de Yo-Yo Ma pour le concert d’investiture du président Obama. Qui dit mieux ?
Ensemble, ils font de l’excellente musique, même si l’on est en droit de trouver que l’art de Gautier est plus accompli actuellement que celui de Gabriela, personnalité incontestable mais sans doute plus éparpillée. Non qu’il faille lui reprocher de s’être bâti une solide réputation dans le domaine de l’improvisation. Ce serait plutôt la preuve d’un instinct musical très vivant.
Mais, si sa présence aux côtés de Gautier Capuçon dans les pages de Prokofiev, Mendelssohn et Rachmaninov n’est nullement décalée, son rapport au piano n’a pas la même densité, la même intensité, le même engagement absolu que celui du violoncelliste à son violoncelle. Du joli piano très musical, mais sans la personnalité affichée par son partenaire.
Car, à 28 ans, Gautier Capuçon est parvenu à un magnifique degré d’épanouissement en tous domaines. Qu’il s’agisse de la qualité absolument parfaite, charnue, lumineuse, chaleureuse du son, de l’impeccable tenue d’archet, de la justesse, du contrôle du vibrato, tout est maîtrisé par une technique et une sensibilité hors normes.
Les pièges de tous ordres qui jalonnent la redoutable Sonate en ut majeur op. 119 de Prokofiev sont non seulement déjoués mais exploités de manière à se charger de signification. À la fois si classique et si moderne, l’œuvre fut écrite dans l’éclairage des nouvelles possibilités du violoncelle telles que le jeune Rostropovitch les mettaient au grand jour à la fin des années 1940 et créée par Rostropovitch et Richter en 1950.
Quant au climat aussi romantique que possible de la 2e sonate en ré majeur op. 58 de Mendelssohn pleine d’esprit, de vivacité, il séduit et touche facilement au long des quatre mouvements de l‘œuvre qui porte aussi bien la marque de la Symphonie Italienne que du Songe d’une nuit d’été composé lui aussi en 1843.
Et puis, avec la Sonate en sol mineur op. 19 de Rachmaninov, les qualités de générosité sonore et de tempérament de Gautier Capuçon peuvent s’épanouir encore plus largement tant l’œuvre, composée en 1901, est significative de ce tournant du siècle où l’on était si romantique encore et si tourné quand même vers l’avenir, avec cette dialectique très particulière donnant l’avantage tantôt à un instrument tantôt à l’autre. Du très beau violoncelle, décidément, et du piano dont la spontanéité, le charme et l’imagination ont aussi de quoi séduire.
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Théâtre des Champs-Élysées, Paris Le 28/05/2009 Gérard MANNONI |
| Récital du violoncelliste Gautier Capuçon et de la pianiste Gabriela Montero dans la série les Grands Solistes au Théâtre des Champs-Élysées, Paris. | Sergei Prokofiev (1890-1953)
Sonate pour violoncelle et piano en ut majeur op.119
Felix Mendelssohn-Bartholdy (1809-1847)
Sonate pour violoncelle et piano n° 2 en ré majeur op. 58
Sergei Rachmaninov (1873-1943)
Sonate pour violoncelle et piano en sol mineur op. 19
Gautier Capuçon, violoncelle
Gabriela Montero, piano | |
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