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CRITIQUES DE CONCERTS |
01 novembre 2024 |
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Récital du pianiste Boris Berezovsky à l’Auditorium du Louvre, Paris.
Berezovsky tel qu’en lui-même
Très présent à Paris cette saison, le pianiste Boris Berezovsky est naturellement un fleuron de l’année France-Russie. La Première Sonate de Rachmaninov, une sélection de ses préludes ainsi que de ceux du plus rare Liadov étaient au programme de ce récital de l’Auditorium du Louvre. Du grand piano au plus haut niveau.
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Il y a une générosité inépuisable chez ce jeune quadragénaire au sourire toujours aussi timide que l’on a la chance de pouvoir applaudir souvent. Avec les années qui passent, ce lauréat du concours Tchaïkovski de Moscou – en 1990, déjà vingt ans ! – qui se proclamait virtuose avant tout a bien élargi ses domaines d’activité. Une abondante pratique de la musique de chambre l’a aidé, tout comme une maturité venue forcément avec le temps alors d’abord un hyper technicien, à devenir un musicien complet.
Le jeu est certes resté d’une grande puissance et d’une époustouflante virtuosité, mais avec une capacité émotionnelle réelle, allant bien au-delà du bruit et de la fureur des enchaînements rutilants de Rachmaninov dont il reste l’un des interprètes les plus convaincants du moment.
Dans les Sept Préludes op. 23 qui débutent le concert, toutes les possibilités de l’instrument sont mises en œuvre pour traduire le ruissellement d’impressions fortes de ce postromantisme exacerbé. Bien sûr, le Prélude n° 2 en sib majeur nous embarque d’emblée dans un bouillonnement irrésistible, avec ses raccords agressifs qui scandent le lyrisme flamboyant de la thématique.
Mais d’autres préludes sont plus intérieurs, d’une poésie plus intimiste et Berezovsky les traduit avec autant de délicatesse et de subtilité qu’il met d’élan et de splendeur sonore dans d’autres. On y retrouve les échos de certaines grandes pièces liturgiques avec sons de cloches ou les confessions sobres et même pudiques de certaines mélodies.
Quasiment contemporain de Rachmaninov, Anatoly Liadov n’atteint pas à la même qualité expressive ni à la même richesse d’écriture. Les sept préludes joués par Berezovsky sont pourtant une intéressante expression d’états d’âme à la russe, avec une saveur plus populaire, moins sophistiquée. Plus connu pour ses œuvres orchestrales, Liadov fut quand même professeur au Conservatoire de Saint-Pétersbourg où il eut Prokofiev pour élève, et l’on raconte aussi que, assez paresseux, il tarda tant à écrire la partition de l’Oiseau de feu que lui avait commandée Diaghilev que celle-ci finit par échoir à Stravinski !
Toujours est-il que dans le climat bien plus intimiste de ces préludes et de la Barcarolle op. 44 qui les suit, Berezovsky développe un rapport au clavier très différent de celui qu’il avait eu pour les pages de Rachmaninov et que l’on retrouvera d’ailleurs dans la tempétueuse Sonate en ré mineur op. 28 de ce dernier, en deuxième partie du récital.
Cette sonate, comme on le sait, traite du mythe de Faust. Le premier mouvement étant Faust même, le second Marguerite, le troisième Méphisto. La forme de l’œuvre a souvent été jugée déroutante car elle est d’une grande liberté. Berezovsky sait instaurer le bon climat de chaque partie, avec notamment une grande concentration intérieure et un sens mélodique ample dans le second mouvement.
Pour le troisième mouvement, aux avalanches de notes et d’accords sur fond de Dies irae récurrent, il maintient une grande clarté de structures tout en laissant parler la fougue de son tempérament et l’impressionnante vélocité de ses doigts. Deux pages de Chopin, en bis, pour en revenir à un romantisme plus sage. C’était un bon choix.
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Auditorium du Louvre, Paris Le 26/05/2010 GĂ©rard MANNONI |
| Récital du pianiste Boris Berezovsky à l’Auditorium du Louvre, Paris. | Sergei Rachmaninov (1873-1943)
Préludes op. 23 n° 2, 3, 4, 5, 6, 7 et 10
Anatoly Lyadov (1855-1914)
Préludes op. 57 n° 1, op. 27 n° 1, op. 40 n° 4, op. 46 n°4, op. 36 n° 3
Sergei Rachmaninov (1873-1943)
Sonate pour piano n° 1 en ré mineur op. 28
Boris Berezovsky, piano | |
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